Encore un témoignage, plein d’espoir, d’un prêtre cette fois (un habitué du blog d’AM Valli, auquel il écrit cette lettre) qui était présent sur la Place pour assister aux obsèques du Saint-Père. Il a vu de nombreux prêtres, parmi eux beaucoup de jeunes, et qui portaient la soutane. C’est vraiment, la « génération Benoît », une sève vigoureuse, qui va balayer les cheveux gris de la triste génération Vatican II. Ces prêtres ont suivi la liturgie avec recueillement, ils n’ont pas témoigné leur enthousiasme, qui était réel mais qui est resté intérieur, car Benoît XVI n’aurait pas aimé les applaudissements pour lui. Et ils n’ont pas crié « Santo subito », car Benoît XVI n’a pas besoin de la sainteté décrété par cette église- ( en minuscules) là. Ce qui n’empêche pas notre prêtre de conclure sur une note d’humour – et là, sans doute que Benoît XVI aurait souri.

« Sur cette place Saint-Pierre pleine de prêtres, j’ai vu non pas le passé mais l’avenir de l’Église ».

www.aldomariavalli.it
Lundi 9 janvier 2023

Cher Aldo Maria,

Je t’écris pour partager avec toi quelques brèves réflexions que j’ai faites en repensant à la journée que j’ai vécue en personne lors des funérailles du pape Benoît.

Tout d’abord, j’ai été agréablement frappé par le grand nombre de prêtres, de religieux et de religieuses présents. Mais pas seulement : la majorité d’entre eux ont même osé porter leur habit, le plus grand signe de notre appartenance au Christ ! Je suis absolument convaincu que le début de la guérison spirituelle de notre Église bien-aimée ne peut commencer qu’en rendant visible à nous-mêmes et aux autres la Personne à laquelle nous appartenons. Ce qui m’a renforcé dans cette conviction, c’est la moyenne d’âge plutôt basse des frères présents, au point qu’un espoir fort et certain a surgi dans mon cœur que dans cette place se trouvait non pas tant le passé de l’Église que son avenir. Je reste convaincu que dans ce monde désespéré qui est le nôtre, l’Église pourrait redevenir une présence significative et salvatrice si elle décidait une fois pour toutes d’abandonner sa crainte du jugement des puissants et d’obéir au commandement de Jésus d’aller enseigner à toutes les nations l’observation de tout ce qu’il a ordonné. À cet égard, il m’a suffi d’observer le changement dans l’air en me promenant dans la ville, simplement à cause de toute cette présence sacerdotale capable de redonner, pour quelques heures, un peu d’éternité à notre capitale.

L’autre aspect que je voudrais souligner est la perception que cette place était vraiment fille de Benoît : je l’ai compris par le recueillement pendant la liturgie, favorisé par le chant grégorien, mais surtout par un élément que l’on pourrait juger bête, mais qui est au contraire très significatif, à savoir l’embarras final à terminer la célébration par des applaudissements. En fait, d’une part, nous voulions tous applaudir en signe de gratitude pour la personne que Benoît XVI était et le riche héritage qu’il nous a laissé, mais d’autre part, nous savions que le geste n’aurait peut-être pas été si bienvenu, car « là où des applaudissements éclatent pour des efforts humains dans la liturgie, c’est un signe certain que l’essence de la liturgie a été perdue et remplacée par une sorte de divertissement à motivation religieuse ».

Ainsi, outre les applaudissements, nous avons également gardé en nous ce cri que quelqu’un a quand même osé pousser : ce  » Santo subito  » qui a poussé l’Église, ces dernières années, à accélérer des processus de canonisation qui auraient peut-être dû suivre un cours plus correct et qui risquent de créer de nombreux embarras au fil du temps.

Cher Aldo Maria, pour ce que cela vaut, je suis personnellement convaincu que Benoît est un saint et dans mes prières je ne manquerai certainement pas de lui demander les grâces nécessaires à mon ministère, même si je pense malicieusement qu’il pourrait aussi faire un peu de purgatoire, car parmi les legs qu’il nous a laissés, outre les méditations, les homélies et les discours à encadrer, il y a aussi le plus lourd : Jorge Mario Bergoglio, dont l’homélie banale et impersonnelle a été la principale note discordante d’une journée que nous porterons néanmoins dans nos cœurs.

Mots Clés :
Share This