Reportage d’Angela Ambrogetti qui était dans l’assistance, comme journaliste mais aussi sans doute à titre personnel. Dans son homélie, le secrétaire du Pape défunt a mis en relation la figure de Benoît XVI et celle de saint Joseph Benoît Labre, mort (donc né au ciel) un 16 avril, qui est justement le jour de naissance du Saint-Père.

Gänswein, Benoît XVI avait confiance seulement dans le « doux pouvoir de la vérité ».

L’archevêque Gänswein célèbre la messe dans la grotte du Vatican, un mois après la mort de Benoît XVI
Photo : Angela Ambrogetti

Angela Ambrogetti
www.acistampa.com
31 janvier 2023

L’un des plus grands et des plus influents théologiens de tous les temps sur la Chaire de Pierre s’est mis sous la protection d’un saint pour qui il n’existait pas de théologie, seulement l’adoration.

Ce sont les mots prononcés ce matin par l’archevêque Georg Gänswein dans son homélie lors de la messe pour le trigésime [/période de 30 jours] de Benoît XVI célébrée dans les grottes du Vatican à côté de la tombe du Pontife. Une cérémonie intime avec quelques fidèles, pour la plupart des personnes qui avaient travaillé avec le cardinal Ratzinger d’abord et le pape Benoît ensuite.

Qui est le saint auquel Gänswein fait référence ? Joseph Benoît Labre. Sa fête tombe le 16 avril, le jour de sa mort et le jour de la naissance de Joseph Ratzinger. Joseph, justement comme il a été baptisé et Benoît comme il a choisi de s’appeler Pape.

« Quelle surprise, quel mystère, quelle humilité, mais aussi quelle leçon », dit Gänswein. Et il poursuit :

Benoît XVI ne voyait pas l’Église et la vie de l’Église comme quelque chose à traiter selon l’opportunité politique ou ecclésiastique, et à cause de cette fermeté et de ce courage, il a souvent été l’objet de critiques âpres, et les mots insultants, les vraies insultes, n’ont pas manqué. Le doux et prudent prêtre ne s’est pas dérobé à son devoir de rappeler que lui-même, en tant que pape, n’a pas le pouvoir de changer la foi révélée confiée à l’Église pour qu’elle la proclame et en témoigne – opportun, importun.

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Les papes du Moyen Âge étaient toujours censés avoir une « oreille ouverte » aux requêtes ou aux souhaits des empereurs de l’époque. Le pape Benoît a vu sa mission et son engagement dans le fait de rappeler et, si nécessaire, même d’admonester les théologiens et les évêques de ne pas succomber à des courants théologiques dangereux mais de rester dans l’unité de l’Église universelle et fidèles au depositum fidei.

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Il savait qu’à cause de cette attitude, il y avait une certaine aversion contre son pontificat. Mais en même temps, il avait suscité une grande vague de conversion et de vocations au sacerdoce et à la vie contemplative. Même ses amis ne comprenaient parfois pas pourquoi il avait renoncé au pouvoir conféré au ministère pétrinien et n’avait pas voulu gouverner avec des ordres. Il n’avait confiance que dans le « doux pouvoir de la vérité ». Sans lequel toutes les réformes de l’Église sont construites sur du sable. Était-ce de l’idéalisme naïf et décalé ou le comportement approprié pour un prêtre, un évêque, un pape ? ».
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Les soupçons de sympathie pour un certain antijudaïsme ecclésiastique du passé font partie des déformations qui ont affecté sa personne et aussi le magistère de divers côtés. Loin de là : c’est Benoît XVI lui-même qui, déjà en tant que théologien et évêque, a fait de nombreux pas en avant dans la relation entre l’Église et le judaïsme. Il a combattu l’antisémitisme non seulement comme une tache sur l’Église, mais comme une attaque contre son fondement même. Il ne s’est pas lassé de montrer que le Nouveau Testament est lié à la tradition juive. L’Ancien et le Nouveau Testament étaient pour lui un seul et même livre. Nous savons qu’une grande partie de ses recherches théologiques et de ses méditations a été consacrée à la personne de Jésus-Christ. Et le plus beau témoignage théologique mais aussi personnel est le livre de  » Jésus de Nazareth « .

L’archevêque a ensuite parlé de la spiritualité de Benoît Joseph Labre, et de la façon dont elle trouve un écho dans la spiritualité du Pape Benoît.

Le secret de la vie surnaturelle de saint Joseph Benoît Labre était le suivant: « Il faut avoir trois cœurs unis en un seul : un cœur pour l’amour de Dieu, un cœur pour le zèle pour le prochain et un cœur qui témoigne de la beauté de la foi. » C’était aussi le secret de la vie spirituelle de Benoît XVI. Il n’y a qu’une seule différence entre le saint français – pour qui il n’y avait pas de théologie, seulement de l’adoration – et le pape bavarois pour qui la théologie existait et c’est précisément la théologie qui lui a ouvert la porte de l’adoration ».

La messe a été concélébrée par plusieurs prêtres, dont le Père Federico Lombardi, les Memores Domini qui ont assisté Benoît XVI pendant les années de son pontificat et plus tard au monastère Mater Ecclesiae, sa secrétaire Sœur Birgit Wansing.

A la fin, il y a eu un moment émouvant de prière sur sa tombe.

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