Sous François, l’Eglise « synodale » et « démocratique » est gouvernée à coup de motu proprio, lettres apostoliques, rescrits, visites apostoliques, et autres inspections, créant une atmosphère permanente de soupçon, d’insécurité, de crainte d’une nouvelle chasse aux sorcières. Cette fois, c’est Mgr Rey, l’archevêque de Fréjus-Toulon, qui a sans doute le « malheur » de traiter les deux rites sur un pied d’égalité, qui est dans le collimateur. En ces temps d’attaque contre la tradition (avec l’approbation forcément tacite de Benoît XVI, dont la voix s’est éteinte ici-bas), dont le motu proprio Summorum Pontificum n’est peut-être pas le point culminant, ce n’est pas bon…
On peut aussi penser que la nomination d’un nouvel évêque clairement bergoglien à la tête du dicastère pour les évêques, en remplacement du cardinal Ouellet, poussé sans délai vers la sortie (cf. Le nouveau préfet des évêques), n’est pas étrangère à cette mesure.

Voici une analyse de l’extérieur, celle du vaticaniste allemand Giuseppe Nardi:

Le pape François envoie un visiteur dans le diocèse de Fréjus-Toulon

COUP DE TONNERRE ATTENDU CONTRE LA TRADITION

Giuseppe Nardi
katholisches.info/2023/02/07/papst-franziskus-schickt-einen-visitator-in-die-dioezese-frejus-toulon/
8 février 2023

Bischof Dominique Rey von Fréjus-Toulon gerät immer mehr in die traditionsfeindliche Schußlinie Roms. Das Bild zeigt ihn, als er für die internationale Wallfahrt Populus Summorum Pontificum ad Petri Sedem im Petersdom ein Pontifikalamt im überlieferten Ritus zelebrierte. Rechts im bild Abbé Claude Barth der geistliche Assistent der Wallfahrt.

Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, se retrouve de plus en plus dans la ligne de mire antitraditionnelle de Rome. La photo le montre célébrant une messe pontificale selon le rite traditionnel dans la basilique Saint-Pierre pour le pèlerinage international Populus Summorum Pontificum ad Petri Sedem. A droite, l’abbé Claude Barth, assistant spirituel du pèlerinage.

Les choses s’accélèrent. Le Saint-Siège, via le dicastère pour les évêques, a ordonné une visite apostolique du diocèse de Fréjus-Toulon. La raison est désignée par un adjectif : Mgr Dominique Rey est « attaché à la tradition ».

Sous la houlette de son évêque, le diocèse provençal est devenu un évêché d’exception. Par rapport à sa taille, il dépasse de loin depuis de nombreuses années tous les autres diocèses français. Bien qu’il ne compte que deux pour cent des catholiques de France, dix pour cent de tous les séminaristes se préparent au sacerdoce à Fréjus-Toulon.

La raison en est que Mgr Dominque Rey traite les deux formes du rite romain sur un pied d’égalité. Le rite traditionnel a une place fixe dans son diocèse. Les séminaristes sont formés dans les deux formes. Il encourage en outre l’établissement de communautés religieuses attachées à la tradition. Certaines d’entre elles ont même été constituées en droit canonique par lui dans son diocèse, notamment un monastère bénédictin alt ritualiste [conforme à l’ancien rite] et un ordre missionnaire birituel.


Le monastère bénédictin alt ritualiste que des moines ont fondé et édifié dans le diocèse de Fréjus-Toulon.

Ces faits sont une épine dans le pied de certains en France et à Rome. Nommé [évêque] dès l’année sainte par le pape Jean-Paul II, Mgr Rey, aujourd’hui âgé de 70 ans, a pu s’épanouir sous Benoît XVI, qui l’appréciait beaucoup et l’a nommé personnellement délégué synodal du synode des évêques sur la nouvelle évangélisation. Mais sous François, le vent a tourné. Pourtant, Mgr Rey a encore pris les devants en 2017 et a déclaré, seul évêque diocésain à le faire à l’époque, que les prêtres de la Fraternité Saint-Pie-X pouvaient célébrer des mariages dans toutes les églises de son diocèse.

Puis, à l’été 2021, le pape François a promulgué son funeste Motu proprio Traditionis custodes. En juin 2022, Rome a ensuite choqué en interdisant à l’évêque Rey d’administrer les ordinations diaconales et sacerdotales déjà fixées. Katholisches.info avait alors écrit à propos d’une image montrant un pape François souriant serrant la main de Mgr Rey : « Le sourire est trompeur ».

Les accusations portées contre Mgr Rey l’année dernière ressemblent aux clichés qui font partie du répertoire stéréotypé anticonservateur et anti-traditionaliste. Avec l’interdiction, il était clair que l’évêque, son diocèse et son séminaire florissant étaient dans le collimateur de Rome. Espérer le calme, c’est méconnaître la dynamique qui anime les forces hostiles à la tradition. On dit qu’elles ont besoin d’ennemis comme pain quotidien et que, si elles n’en avaient pas, elles devraient en inventer.

L’interdiction d’ordonner prononcée il y a huit mois est désormais suivie d’une visite apostolique. Une annonce qui effraie les connaisseurs en la matière. Sous le pape François, le déroulement dans d’autres cas signifie qu’après le visiteur, l’éméritat de Mgr Rey pourrait suivre.


Mgr Dominique Rey avec des chanoines de son chapitre cathédral.
Mgr Marc Aillet (pas sur la photo), évêque de Bayonne depuis 2008, favorable à la tradition, est chanoine honoraire de Fréjus-Toulon depuis 2003.

La visite doit commencer dès lundi prochain, le 13 février, et devrait durer « plusieurs semaines », comme l’a annoncé une radio française. Le nouvel archevêque de Dijon, Mgr Antoine Hérouard, a été nommé visiteur apostolique, assisté de Mgr Joël Mercier, ancien secrétaire de la Congrégation romaine pour le clergé.

Officiellement, le visiteur aura pour mission « d’approfondir et de poursuivre le travail accompli par le cardinal Jean-Marc Aveline lors de sa visite fraternelle effectuée en 2021 à la demande de Rome ». Dans son rapport à Rome, le cardinal Aveline, archevêque de Marseille, avait notamment placé le séminaire dans la ligne de mire. C’est sur la base des résultats de cette visite que Rome a ensuite justifié en juin 2022 l’interdiction d’ordonner six diacres et quatre prêtres. Des émérites ont ensuite été nommés sur la base de rapports de visiteurs, même si ces derniers n’avaient rien recommandé de tel. A Rome, on parle d’un « processus bien rodé » dont le résultat est déjà connu.

Mais il n’y a pas que le séminaire du diocèse de Fréjus-Toulon qui dérange, il y a aussi la création et l’accueil de nouvelles communautés religieuses, bref, tout ce qui a trait au cours particulier et respectueux de la tradition du diocèse. Bien entendu, cela n’est pas dit de cette manière.

Dans un communiqué publié ce midi, le diocèse de Fréjus-Toulon dit accueillir la nouvelle d’une visite « dans un climat de confiance » et invite « tous les fidèles et le clergé du diocèse à porter cette visite dans leurs prières, afin qu’elle puisse porter les fruits attendus pour le bien de notre diocèse ».

L’Eglise locale a mis à profit ces derniers mois, poursuit le texte, « pour réfléchir à la manière d’améliorer différents domaines de la gouvernance de l’Eglise ». On peut douter que cela puisse apaiser la colère des ennemis de la tradition. Le fait que Mgr Rey ait augmenté les visites pastorales dans son diocèse, qu’il ait « amélioré les modalités de suivi des différentes communautés accueillies dans le diocèse » et qu’il ait « reçu plus de 100 prêtres en tête-à-tête » depuis septembre ne devrait pas non plus impressionner.

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