Second volet de la passionnante enquête sur le « monde de demain » que nous concoctent les puissants de ce monde (en l’absence presque généralisée du monde politique, ce qui n’est pas si étonnant). C’est à mi chemin entre le film de science-fiction, et le film d’horreur. En partant du principe que le pire n’est jamais certain, on peut supposer que beaucoup de ces projections resteront dans les cartons, d’autres seront vite abandonnées après avoir échoué lamentablement, mais ce qui restera est glaçant. Et les choses vont tellement vite qu’on ne peut même pas se consoler en se disant que les transformations ne seront pas perceptibles à l’échéance d’une vie humaine: le covid l’a montré, demain c’est aujourd’hui.
Malgré tout, un caillou s’est déjà glissé dans cet engrenage bien huilé, il s’appelle Elon Musk.

(…) nous nous dirigeons vers un véritable socialisme vert, dans lequel la prétendue crise climatique est une occasion de mettre en œuvre un étatisme climatique.

Davos, les propositions pour l’avenir sont un cauchemar totalitaire

Maurizio Milano
lanuovabq.it/it/davos-le-proposte-per-il-futuro-sono-un-incubo-totalitario
2 février 2023

Suite du commentaire sur le Forum économique mondial de Davos. Les propositions du prestigieux forum mondial suivent toutes la même logique : moins de déplacements, moins d’émissions, végétarisme, abandon de l’argent liquide et de la propriété privée (au profit de l’économie du partage). Et beaucoup plus de contrôle social.

L’un des sujets au centre du Forum de Davos était, comme toujours, ce qu’on nomme transition énergétique, en vue de relever le défi posé par le prétendu « changement climatique anthropique ». Après avoir défini les critères ESG [Critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (1)] qui guideront les investissements publics et privés pour de nombreuses années, les derniers développements concernent la transition alimentaire (abandon de l’élevage intensif dans la perspective du végétarisme, introduction de viandes synthétiques et d’insectes dans l’alimentation humaine) et la conversion des logements dans la perspective d’une émission zéro de dioxyde de carbone, telle qu’elle est actuellement étudiée par la Commission européenne.

Les mesures individuelles doivent être lues comme les pièces d’une mosaïque, dont l’horizon de référence est celui d’un changement généralisé et profond des modes de vie, passant d’une économie basée sur la propriété privée des biens à une économie basée sur le partage des services, dite économie du partage.

L’une des frontières les plus inquiétantes concerne la redéfinition des villes dans la perspective des 15-Minute Cities [villes en 15 minutes] : L’idée vantée, séduisante, est celle de la smart city, [ville intelligente], où tous les services essentiels des grandes villes doivent être accessibles dans un rayon de 15 minutes autour du domicile, afin de réduire les déplacements ; en réalité, l’objectif est de contrôler les déplacements en insérant des contrôles automatiques au moyen de caméras réparties dans toute la ville, empiétant ainsi sur la vie privée et la liberté, au point de définir des amendes automatiques pour ceux qui s’éloignent trop de leur « quartier » de résidence: un sacrifice nécessaire sur l’autel de la durabilité.

En bref, nous nous dirigeons vers un véritable socialisme vert, dans lequel la prétendue crise climatique est une occasion de mettre en œuvre un étatisme climatique.

Dans un discours sur le sujet, l’envoyé spécial du président américain pour le climat, l’ancien secrétaire d’État John Kerry, a commencé par dire :

Comment changer la façon dont les gens pensent et parlent de ce sujet ? […] et pourquoi les adultes […] en théorie intelligents, ignorent-ils la science, les mathématiques et la physique et ne font-ils pas ce qui devrait être fait ? […] et c’est vraiment extraordinaire que nous, une petite sélection d’êtres humains […], soyons capables de nous asseoir dans une pièce, de nous réunir et de parler réellement de la façon de sauver la planète […] cela semble extra-terrestre… mais, en réalité, c’est ce que nous sommes.

En somme, presque le célèbre discours de Saint Crispin dans « Henry V » de William Shakespeare : We few, we happy few, we band of brothers …

À l’ « urgence climatique » s’ajoute l’urgence sanitaire, qui est devenue une constante dans nos vies. Nous nous souvenons tous que l’épidémie de Covid-19 a été signalée par Schwab comme une « grande opportunité pour repenser, réimaginer et réinitialiser notre monde », une opportunité à saisir, et à « saisir rapidement » : mais nous savons que les épidémies, malheureusement, ne durent pas plus de deux ou trois ans au maximum, et Bill Gates a donc attiré l’attention sur les épidémies à venir, comme s’il s’agissait de versions programmées et inévitables du système d’exploitation Windows. Cela alimente cet « état d’esprit » de « crise permanente » ou, pour reprendre les termes de Schwab, de « polycrise », une situation dans laquelle convergent de nombreux risques et crises différents : crises énergétique, alimentaire, sociale, géopolitique, climatique et technologique. Bref, un « état d’exception » caractérisé par une fragmentation croissante qui appelle une plus grande collaboration, et justifie ainsi la centralisation des ressources et des décisions à un niveau supérieur à celui des États souverains eux-mêmes, dans des cabines de contrôle gérées par une technocratie de personnes compétentes : rien de nouveau, en somme, le mantra de Davos est toujours le même, l’expression d’une hybris qui sent le gnosticisme à la sauce technocratique.

Parmi les thèmes omniprésents, citons les Central Bank Digital Currencies, [voir aussi sur la NBQ] en vue de supprimer l’argent liquide et d’évoluer vers une cashless society [société sans numéraire] : la combinaison de l’identité numérique permettrait un suivi complet de toutes les informations importantes, des transactions économiques aux déplacements, de la consommation au statut vaccinal.

Sur ce dernier point, l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair a évoqué la nécessité de construire une « infrastructure numérique mondiale » afin que les gouvernements puissent avoir accès aux données de santé de chacun, en temps réel, pour savoir quels vaccins et combien de vaccins chaque citoyen a reçu.

Schwab, pour sa part, a évoqué les évolutions technologiques qui permettront également de connaître les pensées, afin de rendre la communication toujours plus rapide et plus efficace.

La dérive transhumaniste reflète bien la pensée du fameux historien, philosophe, universitaire et essayiste israélien, Yuval Noah Harari (1976-), prophète d’une nouvelle techno-religion aux perspectives surhumanistes, grâce à la connexion au cloud et à l’utilisation des algorithmes avec, à l’horizon, le Metaverse, qui évoque presque une nouvelle création. En somme, l’intelligence artificielle ouvrira des horizons nouveaux et inimaginables.

Le « caillou » Elon Musk

Dans la grande narration technocratique de Davos, la seule note discordante, parmi les grands de ce monde, est celle du patron de Tesla, Space-X, Neuralink et, dernièrement, aussi du réseau social Twitter, Elon Musk.

Au sujet de la démographie, par exemple, dans l’un de ses tweets du 24 janvier, Musk a déclaré : « l’effondrement de la population est un risque sérieux pour l’avenir de la civilisation ». Et ce n’est pas la première fois que Musk se met en scène pour contredire la vulgate néo-malthusienne de l’ONU et du WEF.

Il n’est pas étonnant qu’il n’ait pas été invité à Davos : il est d’ailleurs l’un des rares grands de la planète à ne pas figurer parmi les partenaires du WEF.

La grande nouvelle de ces derniers mois a été l’achat du réseau social Twitter, avec l’accès à des informations qui ont confirmé les doutes de beaucoup, à savoir l’ingérence du pouvoir politique américain pour soutenir la candidature de Biden à la présidence, puis le récit unique sur le climat, puis sur la pandémie, avec la nécessité d’une gestion autoritaire par le verrouillage et le chantage à la vaccination.

Le monde liberal craint que « Mr Tweet », l’alias Twitter d’Elon Musk, ne brise le monopole de la pensée unique dominante. Et, de fait, on parle de la nécessité d’empêcher la propagation des fake news et hate speech [discours de haine], c’est-à-dire de toute opinion, même autorisée et documentée, qui pourrait induire une dissonance cognitive dans l’opinion publique. Il n’est pas surprenant qu’Elon Musk fasse l’objet de fortes attaques, et beaucoup d’autres seront attirées par lui à l’avenir.

Une autre note très positive, dès que les projecteurs sur la montagne magique de Davos se sont éteints, est venue le 25 janvier avec la démission soudaine de Jacinda Ardern (1980-), ancien membre des Young Global Leaders (YGL), l’école de leadership du WEF, en tant que premier ministre de la Nouvelle-Zélande. Ardern s’était distinguée par sa gestion autoritaire et répressive de la crise sanitaire, imposant un modèle chinois en Nouvelle-Zélande, mélange de non-liberté et d’idéologie woke. L’échec a été total.

Qui sait si le même sort ne s’abattra pas sur son homologue canadien, le Premier ministre Justin Trudeau (1971-), lui aussi protégé de Schwab et ancien YGL, qui s’est distingué par sa politique répressive à l’égard de la dissidence, allant jusqu’à bloquer les comptes bancaires des manifestants et des partisans du Convoi de la Liberté, la manifestation pacifique de protestation contre l’imposition de la vaccination obligatoire aux chauffeurs de camions traversant la frontière avec les États-Unis.

D’un autre côté, Vladimir Poutine avait lui aussi été un YGL… [et aussi Viktor Orban… comme quoi]

Davos : puissant oui, omnipotent non.

NDT

(1) L’acronyme ESG signifie Environnement, Social, Gouvernance et se rapporte aux trois principaux facteurs permettant d’évaluer le caractère durable d’un investissement. Il tire son origine du concept de « triple performance » également appelé « triple P », pour « Personnes, Planète, Profit » créé dans les années 1990.

En dehors du premier (E), les critères englobent « la qualité du dialogue social, l’emploi des personnes handicapées, la formation des salariés pour le pilier S, la transparence de la rémunération des dirigeants, la lutte contre la corruption, la féminisation des conseils d’administration pour le pilier G ».

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