« Un séisme de magnitude 7,8 a ébranlé, lundi 6 février, le sud de la Turquie ET LA SYRIE, causant la mort de milliers de personnes dans les deux pays et des dégâts considérables ». Cette information a occupé, comme c’est naturel, la une de tous les journaux , toutes les émissions de télévisions depuis lundi.  Et pourtant, à lire et écouter les mêmes médias (au moins en France, où il est vrai que la diaspora turque est très importante), 3 jours après la catastrophe, c’est comme si les victimes syriennes n’existaient pas. Il n’est question que des turcs, du formidable élan de solidarité de la diaspora turque, des convois humanitaires affrétés depuis la France par la communauté, etc. C’est bien, et c’est normal. Mais apparemment, il y a des victimes de seconde zone, et ceux qui ont la mission de nous informer ont la larme sélective.
L’agence Fides, organe officiel des Œuvres Pontificales Missionnaires relaie l’appel des chefs religieux de la région réclamant l’arrêt immédiat des embargos « afin que les sanctions ne se transforment pas en un crime contre l’humanité« .


Le Monde, 6 février 2023 à 16h12

SYRIE – Patriarches et chefs des Eglises : après le tremblement de terre, stop aux sanctions et aux embargos contre le peuple syrien

www.fides.org/it

Damas (Agence Fides), 9 février

Après le tremblement de terre qui a frappé lundi 6 février de vastes zones du nord de la Syrie, les embargos économiques et les sanctions imposés par les pays et organismes occidentaux à l’encontre de la République arabe de Syrie doivent être immédiatement levés. La demande péremptoire émane des patriarches et des chefs d’églises et de communautés ecclésiales vivant en Syrie.


Le séisme a fait des milliers de victimes en Syrie, semant la destruction et multipliant les souffrances du peuple syrien, déjà accablé sous le poids de la guerre, de la pandémie, de l’inflation et du manque de ressources naturelles, médicaments et produits de première nécessité.

Face à une terre et une nation aussi dévastées, les patriarches et les chefs d’Églises et de communautés ecclésiales présents en Syrie lancent un appel à l’ONU, ainsi qu’un appel direct aux Nations qui imposent depuis des années des sanctions et des embargos économiques à la Syrie dirigée par Bachar al Assad, leur demandant de supprimer immédiatement ces mesures définies comme « iniques » et de lancer au contraire des initiatives humanitaires exceptionnelles et opportunes pour aider les populations syriennes accablées par des catastrophes insoutenables.

La demande des dirigeants chrétiens est présentée dans un communiqué, signé, entre autres, par Mar Ignatius Aphrem II, patriarche d’Antioche des syriens orthodoxes, Yohann X, patriarche d’Antioche des grecs orthodoxes, et Youssef I Absi, patriarche d’Antioche des grecs catholiques melkites.

« Nous lançons également un appel », lit-on dans le communiqué, qui porte la date du mardi 7 février, « aux personnes du monde entier ayant encore une conscience, afin qu’elles élèvent la voix pour demander la fin des souffrances du peuple syrien et qu’elles permettent aux citoyens syriens de vivre dans la dignité, conformément à ce qui est énoncé dans la Déclaration universelle des droits de l’homme ».

Le tremblement de terre, lit-on dans le communiqué des patriarches et chefs d’Églises en Syrie, a détruit des lieux de culte, des cliniques et des centres d’assistance sociale, ce qui a entraîné une nouvelle augmentation du nombre de sans-abri et de personnes déplacées à l’intérieur du pays, au moment où l’hiver est le plus rigoureux.

Dans leurs allocutions, les patriarches et chefs d’Églises assurent de leurs prières les victimes du tremblement de terre et leurs familles, prient pour la guérison des blessés et pour tous ceux qui participent à la machine de secours, demandant aux gouvernements, aux institutions internationales et aux organisations humanitaires d’intervenir pour aider le peuple syrien, indépendamment de toute considération et de tout calcul politique.

Les sanctions et les blocus économiques imposés depuis des années par les pays occidentaux contre le gouvernement de Damas, mis en place dès 2011, ne cessent d’être prolongés dans l’intention de produire l’effondrement du système dirigé par le président Bachar al Assad.

Au fil des ans, à d’innombrables occasions, les organismes ecclésiastiques et les patriarches et évêques ont durement critiqué ces dispositions, qui ont de graves conséquences sur la vie quotidienne de millions de Syriens, et ont demandé leur suspension ou leur abolition.

« Perpétuer les sanctions contre la Syrie « , déclarait à Fides en novembre 2021 Mgr Georges Abou Khazen, vicaire apostolique (désormais émérite) d’Alep pour les catholiques de rite latin, « signifie condamner à mort de nombreuses personnes ».

Après le tremblement de terre, le Conseil des Églises du Moyen-Orient (Middle East Council of Churches-MECC, un organe de liaison œcuménique des Églises et des communautés ecclésiales présentes dans les pays du Moyen-Orient et en Afrique du Nord) a également appelé à « la levée immédiate des sanctions contre la Syrie et à l’accès à toutes les ressources, afin que les sanctions ne se transforment pas en un crime contre l’humanité« .

(Agence Fides 9/2/2023)

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