Après l’appel des autorités chrétiennes syriennes (cf. Tremblement de terre, n’oubliez pas la Syrie), c’est au tour des religieuses trappistes de demander la levée immédiate des sanctions, et de témoigner de la situation dramatique des populations, une situation qui ne date pas du 6 février, que le séisme a rendu encore plus terrible.

Ora pro Siria


Blog de Marco Tosatti

Le sel des sanctions sur les plaies du tremblement de terre. Maintenant, ça suffit!

Assez de paroles creuses, il est temps de lever les sanctions contre la Syrie…

Nous nous joignons à l’appel du Père Bahjat, curé d’Alep, de beaucoup d’autres, nous répétons les mots que nous avons nous aussi souvent prononcés et écrits sans que rien ne change :

IL EST TEMPS DE LEVER LES SANCTIONS SUR LA SYRIE ! MAINTENANT ! !! TOUT DE SUITE !

Les mots de réconfort de beaucoup d’entre vous qui êtes proches de notre peuple aujourd’hui, les gestes d’aide avec lesquels vous vous présentez, font du bien au cœur. Ils réchauffent, dans le froid qui règne au milieu des décombres. Et les gens sont reconnaissants pour votre aide. Merci, merci vraiment.

Mais les mots de condoléances de nombreuses institutions font réagir : où étiez-vous pendant ces années, vous qui auriez pu faire une grande différence, quand jour après jour notre peuple mourait littéralement de faim ?

Bien sûr, ce ne sont pas seulement les sanctions qui ont conduit à cela.

Mais AUSSI les sanctions, et lourdement.

Bien sûr, on meurt sous les décombres même si on va bien, même s’il y a de la nourriture à la maison…

Mais si les conditions générales de la population n’avaient pas été aussi désespérées, il y aurait aujourd’hui plus de moyens pour creuser dans les décombres, et sauver encore quelqu’un. Il y aurait des hôpitaux mieux équipés, des pharmacies approvisionnées en produits de première nécessité. Il y aurait plus de maisons capables d’accueillir des réfugiés, il y aurait aussi plus de personnes ayant un emploi et des ressources pour aider leurs frères et sœurs.

Sans oublier que, oui, le tremblement de terre est une énorme tragédie, qui frappe nos cœurs et nos esprits… Mais même dans les zones pas trop touchées, il y a beaucoup de gens dans le besoin, qui meurent de faim, aujourd’hui comme hier, parce que la faim, l’impossibilité de faire face à la maladie en raison du coût des médicaments, et tout le reste existaient déjà avant ce 6 février….

Fallait-il tout cela pour ouvrir les yeux sur la tragédie syrienne, dont personne ne parlait depuis un certain temps ? … Il y avait déjà un tremblement de terre, plus silencieux mais non moins dévastateur, qui secouait la vie et l’avenir de ces gens depuis des années.

Les morts sont morts, nous les confions à Dieu et à sa Miséricorde, qui éclaire aussi ce que nous ne comprenons pas. Mais les vivants ont besoin d’un espoir tangible et concret que la vie peut être reconstruite.

Ce qui est le plus frappant en ce moment, c’est le désarroi qui envahit les gens, la perplexité face à tout cela. Les amis d’Alep, de Lattakie, que nous entendons par téléphone, ont tous une note lourde dans la voix : ils ont des décombres non seulement devant les yeux, mais aussi dans le cœur. Il faut aussi les enlever, les soulever d’une manière ou d’une autre.

S’il vous plaît, élevez vos voix pour que les sanctions soient levées maintenant.

Qu’au moins la tragédie et la souffrance des nombreux morts qui sont encore sous les décombres servent à aider l’espoir des vivants.

Et puis, oui, il y a la prière, il y a la foi. Priez pour notre peuple, priez avec notre peuple.

Nous ne pourrions pas le dire, nous qui, en dehors de la grande peur, avons été épargnés par ce tremblement de terre ; mais un ami d’Alep, venu loger chez nous parce que sa maison est inhabitable, nous a dit hier : « que tout cela serve au moins à rapprocher les gens de Dieu ! Si la foi est faible, les gens s’éloigneront encore plus du vrai bien. Mais si au moins tout cela servait à nous ramener à Dieu ! « .

Revenons à Dieu, et peut-être que notre raison, et nos actions, seront aussi un peu éclairées….

Et merci à tous ceux, et ils sont nombreux, qui en ce moment prient et travaillent le cœur sur la main.

Sœur Marta et les sœurs trappistes d’Azer, en Syrie

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