Pour des gens qui ne le connaissent que superficiellement (disons à travers l’image qu’en donnent les médias), qui ne s’intéressent pas spécialement aux affaires de l’Eglise, ou qui sont résolument agnostiques, et surtout qui ne sont pas allergiques aux lieux communs politiquement corrects du moment, qu’il enfile comme un joailler enfile les perles d’un collier, François peut (à la limite! pourquoi pas?) passer pour un brave homme, un vieux sage dont on peut écouter les leçons. Mais à des années lumière de ce que l’on attend du successeur de Pierre, qui est de confirmer ses frères dans la foi. C’est tout le problème.

https://www.aldomariavalli.it/2023/02/18/jorge-ovvero-basta-la-parola/

Le 15 février dernier, l’agence ansa.it, dans sa rubrique « Culture », publiait un article sur la dernière œuvre littéraire de Jorge Bergoglio. J’étais sur le point de passer à autre chose lorsqu’une irrépressible (et mystérieuse ?) impulsion autodestructrice m’a poussé à lire cette petite page ; ce choix s’est révélé par la suite éclairant. Oui, car ce qui, à première vue, aurait pu apparaître comme un énième florilège apologétique dédié par des informations profanes au pape régnant, cachait une réalité déjà évidente pour nous. En effet, il offrait, bien qu’involontairement, la mesure exacte de la distance qui sépare le ministère pétrinien actuel de ce que nous, archéo-catholiques, pensons que quelque chose appelé l’Église pourrait ressembler.

Vous ne le croyez pas ? Alors jetez un coup d’œil à l’article en question, que je vous propose dans son intégralité. Il est assez court. Si à la première lecture vous ne trouvez rien de particulier, ayez la bonté de le parcourir une deuxième, voire une troisième fois. Je vous retrouve à la fin de l’article.

Un nouveau livre du Pape François, Cerca il tuo orizzonte. Rialzarsi e ripartire oggi, en dialogue avec Don Davide Banzato, publié par Piemme en collaboration avec la LEV [Librairie éditrice vaticane].

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« Chacun de nous doit se demander s’il y a des horizons dans sa vie. Y a-t-il des horizons ? Souvent, il arrive que les gens ne les voient pas. Et ils se sentent un peu mal parce qu’ils n’observent pas, ne savent pas comment regarder et chercher ces horizons. Observer les horizons de la vie, de cette façon, signifie regarder l’espérance », dit le Pontife en réponse aux questions de son interlocuteur.

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« Le pape François vous fait vraiment sentir comme une personne. Il est le Pape, certes. Il y a d’abord cette attente, la même attente que j’ai éprouvée, enfant, la première fois que j’ai rencontré un successeur de Pierre. Mais ensuite, sans que tu t’en rendes compte, il te fait sentir comme un égal, avec la compréhension, l’authenticité d’un homme qui t’aime tout simplement, pour ce que tu es, sans si et sans mais », explique don Davide Banzato, un prêtre qui s’occupe de jeunes en difficulté, et qui écrit pour différents journaux .

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« Si, à l’improviste, vous aviez la possibilité de poser n’importe quelle question au pape François – comme cela m’est arrivé – dans un dialogue spontané, quelles questions lui poseriez-vous ? ».

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C’est précisément l’expérience vécue par don Davide et racontée dans les pages de ce livre : au Vatican pour l’émission de Canale 5 « I viaggi del cuore » (Les voyages du cœur), don Davide n’aurait jamais pensé avoir l’occasion unique de discuter avec le Pontife et de lui poser les questions que lui, et peut-être beaucoup d’autres, portait en lui.
Le résultat a été un dialogue sincère et spontané, mais aussi une réflexion éclairante entre un prêtre à la vie souvent risquée, faite d’ombres et de lumières, et un Pape d’une grande sagesse et, surtout, d’une humanité sans limites.

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À l’occasion du dixième anniversaire du pontificat du pape François, ce sont précisément dix questions auxquelles le pontife répond ici, donnant lieu à un parcours qui aborde des thèmes existentiels et actuels : de la solitude à l’indifférence, de la crise de la foi à la paix du cœur, de la peur à la pauvreté. Tout cela est enrichi d’anecdotes personnelles et de réflexions sur l’époque dans laquelle nous vivons, sur les documents et les discours du Pape, sur des sujets brûlants comme les abus, la guerre et la crise économique, dans une étude approfondie qui parle à tous.
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Les paroles de François nous accompagnent ainsi dans un véritable « voyage du cœur » : un voyage intense, non dénué d’obstacles et de zones d’ombre, mais capable de nous montrer que, pour tous, il est toujours possible de jeter l’ancre de l’espérance au milieu de la tempête, d’ouvrir une fenêtre et d’entrevoir l’horizon d’un lendemain plus serein.

Alors, vous avez terminé cette lecture édifiante ? Rien de particulier à signaler ? Je suis sûr que la plupart des amis de Duc in altum ont déjà compris le problème. Notez bien que sur la page, il y a à la fois des phrases de Bergoglio et des commentaires du « dialoguiste » (lui aussi prêtre). Bref, en relisant l’article, j’ai vérifié combien de fois les mots suivants apparaissent : Dieu, Jésus-Christ, Esprit Saint, Notre-Dame, Église, prière, charité, péché, liturgie, Révélation, Incarnation, Résurrection, Écriture, Bible, Magistère, Eucharistie, chrétien, catholique, apôtres, Évangile et Sacrements. Nombre total de récurrences : zéro !

Ne parlons même pas du titre de l’ouvrage, qui ressemble plus à un manuel psychologique pour jeunes managers en quête de carrières faciles qu’à quelque chose qui ressemblerait à un accompagnement spirituel.

Pour une invitation à lire un livre écrit par le successeur de Pierre et chef de l’Église catholique, apostolique et romaine, ce n’est pas mal !

En revanche, le mot « foi » apparaît au moins une fois – mais uniquement pour indiquer la crise de la foi – et de toute façon plongé dans les clichés habituels de la marmelade pseudo-pastorale bergogliesque. Paroles

Des mots à la mode comme paix, cœur, horizon, guerre, crise, humanité, malaise, jeunesse, peur, pauvreté, personne, authenticité et communauté aveuglent les yeux du lecteur mieux (ou pire) qu’un traité de sociologie ou de solidarisme mondialiste publié pour les éditions ONU 2030.

Ma conclusion est un peu triviale, je l’admets, mais je ne trouve rien de mieux : questo passa il convento! [équivalent en français: « faute de merles, on mange des grives! »]

P.S. J’oubliais. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Don Davide Banzato est l’un des visages sacerdotaux les plus connus des chaînes de Berlusconi. Les dirigeants l’auront certainement choisi aussi pour ses caractéristiques esthétiques qui en feraient aujourd’hui le Père Ralph idéal dans un remake des Oiseaux se cachent pour mourir.
Jorge Bergoglio l’a nommé missionnaire de la miséricorde en 2016.

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