Nous avons souvent eu l’occasion de souligner à quel point ce Pape fervent défenseur de la synodalité, de la « délégation » et même de la démocratie, gouvernait en fait de manière autocratique, principalement à coup de Motu proprio. Le dernier en date a été publié le 23 février, seulement en italien (pas en latin, qui est pourtant la langue officielle du Vatican) et s’intitule « LETTERA APOSTOLICA IN FORMA DI «MOTU PROPRIO» DEL SOMMO PONTEFICE FRANCESCO – Il diritto nativo – Circa il patrimonio della Sede Apostolica ». C’est un article publié sur Il Sismografo qui m’a alertée:

Une page en tout. Articulée en quatre points.

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Mais à y regarder de plus près, elle constitue un véritable « point final » à toutes les nombreuses réformes en matière économique auxquelles le pape François a mis la main (c’était l’un des mandats des congrégations générales des cardinaux qui l’ont élu il y a dix ans). Et de la réforme de la Curie elle-même, inscrite dans « Predicatae Evangelium » [la constitution apostolique de mars 2022 réformant la Curie, en remplacement de « Pastor bonus » de Jean-Paul II].

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Une norme qui s’appliquera de l’APSA [Administration du patrimoine du St-Siège] à l’IOR, jusqu’aux riches dotations immobilières de la Congrégation pour les religieux.

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Encore récemment, il y a eu des cas où certains organismes ou congrégations se sont engagés dans une lutte acharnée avec d’autres organismes ou congrégations pour gérer « leurs » biens, même en dépit des décisions du Pape.

(…)
Or, le Motu Proprio publié le jeudi 23 février 2023 stipule :

« Tous les biens, meubles et immeubles, y compris les liquidités et les titres, qui ont été ou seront acquis, de quelque manière que ce soit, par les institutions curiales et par les institutions rattachées au Saint-Siège, sont des biens publics ecclésiastiques et, en tant que tels, appartiennent, en titre ou autre droit réel, au Saint-Siège dans son ensemble et font donc partie, indépendamment du pouvoir civil, de son patrimoine unitaire, indivisible et souverain ».

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Il existe un droit natif du Saint-Siège qui le rend propriétaire pour poursuivre ses buts, et il ne sera pas possible pour une entité de s’opposer à l’utilisation des biens qu’elle administre dans une vision unitaire.

https://ilsismografo.blogspot.com/2023/02/vaticano-motu-proprio-in-vaticano-la.html

Bien entendu, le Motu Proprio vise un spectre bien plus large des activités économiques du Saint-Siège, et des intérêts bien plus opaques que j’avoue avoir renoncé à suivre, mais je n’ai pas pu m’empêcher de faire le lien avec la récente convocation de Georg Gänswein, une semaine après la mort de Benoît XVI, et dont il semblerait que le sujet était non pas le livre de souvenirs du secrétaire (on a très vite oublié les polémiques qui l’entouraient) mais l’héritage matériel du Pape Benoît.

La raison de l’audience, en fait, n’était pas tant liée au livre écrit par Ganswein dans lequel des détails sur la relation entre François et le pape émérite ont été révélés, mais Padre Georg avait été convoqué pour l’héritage de Benoît XVI.

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Ceux qui connaissent les choses du Vatican, en effet, savent que tout ce que le pape reçoit en cadeau dans l’exercice de son ministère, des bijoux aux objets sacrés en passant par les tableaux, n’est pas sa propriété, mais appartient au Saint-Siège. Et doivent confluer dans le patrimoine de celui-ci au moment de sa mort, et cela vaut aussi pour Benoît XVI.
Il y a aussi l’immense bibliothèque de Ratzinger, qui n’est rien en comparaison des sommes gagnées au fil des ans grâce aux droits de ses nombreux livres, dont certains se sont vendus à des millions d’exemplaires.

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Le pape émérite s’en était occupé, créant la Fondation Ratzinger pour y canaliser tous les revenus et maintenir sa continuité culturelle. Le pape François, précise la source, aurait dit à Padre Georg que ce patrimoine appartient à l’Église et non à l’unique héritier désigné, à savoir Padre Georg lui-même; et à propos des révélations faites dans son livre concernant les événements qui se sont déroulés lors du conclave de 2013, il l’aurait averti du risque d’ « excommunication » pour avoir révélé des secrets d’Église [cela s’appelle du chantage! ndt].
À compter de ce moment, Padre Georg n’a plus jamais parlé.

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Le pape, don Georg et l’héritage (matériel) de Benoît XVI

Peu de temps après, The Wanderer (qui n’est, il est vrai, pas réputé pour sa bienveillance envers François) en rajoutait une dose, en évoquant un épisode remontant à l’époque où le cardinal Bergoglio était archevêque de Buenos Aires: cf. L’héritage de Benoît XVI: quand le cardinal Bergoglio voulait mettre la main sur l’argent des religieuses de Buenos Aires

Il semblerait bien que le pauvre don Georg ait été la première victime (avant même sa publication) du Motu proprio bergoglien.

Qui niera que François gouverne d’une main de fer et use de toute l’autorité que lui donne sa charge, y compris dans des domaines qui ont peu à voir avec la pastoralité si souvent invoquée?

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