Le site catholique américain « The Pillar » [*] (cité ici par la Bussola) souligne la contradiction entre le rescrit du 21 février du cardinal Roche et la constitution apostolique Praedicate Evangelium du 22 mars 2022 du Pape lui même qui parle d’une « saine décentralisation », laissant « à la compétence des pasteurs la faculté de résoudre dans l’exercice de « leur tâche propre d’enseignants » et de pasteurs les questions qu’ils connaissent bien ».

[*] Ce site est de plus en plus souvent cité comme source fiable, et je me suis demandé de qui il s’agissait. Apparemment, le NYT le classe comme « conservateur » (un jugement qui vaut ce qu’il vaut). Et wikipedia précise (je cite la partie purement factuelle, le reste est de la polémique): « The Pillar est un site d’information américain consacré à l’Église catholique. La mission déclarée du site est de « faire un journalisme sérieux, responsable et sobre sur l’Église, à partir de l’Église et pour l’Église ». Le site a été fondé en 2021 par deux journalistes avocats canonistes : J.D. Flynn, ancien rédacteur en chef de Catholic News Agency et Ed Condon, ancien rédacteur du bureau de Washington de Catholic News Agency ».

Centralisation: Roche oublie Vatican II

La NBQ,
« Borgo Pio »
25 février 2023

Les répercussions du Rescriptum ex audientia Sanctissimi du cardinal Arthur Roche au sujet du rite traditionnel et (surtout) de la possibilité pour les évêques d’en décider, semblent sans fin, et pas seulement liturgiques

The Pillar note un curieux décalage entre Vatican II et Roche, qui veut pourtant imposer à tout prix la seule liturgie réformée, précisément au nom de ce concile.

En effet, il est habituel de vanter la considération renouvelée du rôle des évêques et de condamner en même temps la précédente « centralisation » vaticane, qui aurait réduit les ordinaires locaux à de simples délégués de la curie romaine. Une situation qui n’est pas différente de celle entérinée par le rescrit.

En y regardant de plus près, il y a même un contraste avec Praedicate Evangelium du Pape François lui-même, qui parle d’une « saine décentralisation », laissant « à la compétence des pasteurs la faculté de résoudre dans l’exercice de « leur tâche propre d’enseignants » et de pasteurs les questions qu’ils connaissent bien » (II, 2). Et qui connaîtrait le mieux la situation des communautés locales d’ancien rite : leur évêque ou le dicastère du Vatican ?

The Pillar écrit:

« Les textes de Vatican II avaient été compris dans les pontificats précédents comme visant à décentraliser l’autorité du gouvernemente ecclésiastique – à la lumière de la théologie de l’Église sur l’épiscopat – après des siècles d’autorité concentrée à Rome – et comme un complément essentiel à l’accent mis sur la papauté exprimé dans Vatican I ».

La situation semble aujourd’hui inversée : aucun pouvoir de décision sur le rite, mais un laisser-faire à l’égard des « chemins synodaux » controversés. Décentralisation dans la doctrine et centralisation dans la gouvernance.

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