Parmi les articles publiés sur le site Il Sismografo (nous en avons parlé hier: …c’est Badilla qui le dit), les plus intéressants, de très loin, sont ceux qui portent la mention « L.B., R.C. – a cura Redazione ‘Il sismografo’ «  – LB pour Luigi Badilla. Ils permettent mieux que tout autre de saisir la température qui règne derrière les « murailles sacrées ». Celui d’aujourd’hui, qui commente le dernier rescrit papal, ne fait pas exception (apparemment, il a fallu que quelqu’un prenne en photo une circulaire affichée sur les murs du Vatican pour que soit découvert le pot-au-rose).

Pape François : pas de logements gratuits ou subventionnés au Vatican.

Une bonne décision car il s’agit d’une petite mais vraie réforme. Quelques questions cependant …

(L.B., R.C. – a cura Redazione « Il sismografo »)

Le document du Pape (Rescriptum) signé le 13 février dernier mais découvert et publié mardi dernier en transcrivant le texte d’une photocopie qui s’était « échappée » des tiroirs curiaux, met en substance fin – y compris avec effet rétroactif – à « toute disposition qui prévoit la jouissance (usage gratuit ou avantageux) aux Cardinaux, chefs de dicastères, présidents, secrétaires, sous-secrétaires, exécutifs et leurs équivalents, y compris les auditeurs et leurs équivalents, du Tribunal de la Rote Romaine, des biens immobiliers appartenant aux institutions curiales et aux institutions qui se réfèrent au Saint-Siège inclus dans la liste jointe au Statut du Conseil pour l’Economie y compris la Domus« .

Cette décision spécifique du Pape François est plus que juste. Et il en sera toujours ainsi lorsqu’il décidera d’annuler les privilèges de la nomenklatura vaticane qui, bon gré mal gré, au cours de nombreuses décennies, a fini par construire une église basée sur le pouvoir (potere) et non sur la puissance (potenza), deux choses très différentes. C’est donc à juste titre que la presse internationale met en avant cette véritable réforme, même si elle est petite et principalement administrative.

Deux questions doivent cependant être posées pour mieux comprendre :

  1. Pourquoi le pape François n’a-t-il décidé de cette mesure que maintenant, après 10 ans depuis le début de son pontificat ? Comment expliquer ce retard ? Le cardinal George Pell, qui vivait dans un appartement du Vatican hors les murs par un traitement de faveur [donc qui ne bénéficiait pas de logement de fonction?], était de cette même idée lorsqu’il était secrétaire à l’économie. Mais à l’époque, personne n’a écouté sa proposition, que bien des années plus tard le Pape Bergoglio a relancée avec sa signature.
    Comment se fait-il que ce Rescrit (à afficher dans la cour de San Damaso), un instrument juridique très simple et bref, ait dû attendre si longtemps pour être lu ?
    .
  2. L’autre question est la suivante : existe-t-il une certitude absolue que, durant ces 10 années, aucun autre privilège et aucun autre privilégié, certains avec des salaires pour le moins exagérés, n’ont vu le jour ? À ce stade, une question se pose : combien sont ceux qui perdent aujourd’hui leurs privilèges et leurs faveurs, et combien sont ceux qui peuvent être considérés comme les « nouveaux privilégiés » de la papauté ? [ndt – question subsidiaire: où loge Badilla? Je suppose qu’il ne bénéficie d’aucune faveur…]

Par ailleurs, quel sera le traitement réservé aux appartements de Rome dont les locataires sont illustres : hommes politiques, journalistes, chefs d’État, ambassades et ambassadeurs, etc.

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