Cet article du site Silere non possum prolonge celui que j’ai traduit hier (L’évêque de Rome et ses prêtres: le grand désamour), dans lequel il racontait à la première personne la réunion organisée en hâte à l’intention des prêtres de Rome (dont, rappelons-le, le Pape est l’évêque) officiellement pour leur expliquer (en réalité pour canaliser la grogne) la nouvelle constitution apostolique In Ecclesiarum Communione, « réorganisant la structure du diocèse de Rome, en le replaçant davantage sous le contrôle du pape » .
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Cette fois, les curés romains sont furieux parce que leur évêque qui, le 4ème dimanche de Pâques, procède traditionnellement aux ordinations sacerdotales de son diocèse… sera absent pour cause de voyage en Hongrie (une absence évidemment programmée, une manière d’échapper à une bronca, car contrairement à ce que voudraient faire croire les médias, il risquerait de recevoir autre chose que des pétales de rose).
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De quoi nuancer le portrait auto-glorificateur émergeant de « El Pastor », une biographie de complaisance dont la date de sortie (dixième anniversaire de l’élection) ne doit évidemment rien au hasard. Voir à ce sujet l’article signé « LB RC – a cura della redazione del Sismografo traduit sur Belgicatho.

François: Evêque de Rome, mais quand MOI je veux. Et il s’envole pour la Hongrie

Le pape ne présidera pas les ordinations sacerdotales. Bergoglio a choisi de se rendre en Hongrie.
Silere non possum

Le quatrième dimanche de Pâques, communément appelé « dimanche du Bon Pasteur » en raison de l’Évangile qui est proclamé ce jour-là, est consacré, dans le diocèse de Rome en particulier, aux Ordinations des prêtres. Une tradition qui a toujours vu le Pontife romain imposer les mains à « ses » prêtres. Oui, car au cas où quelqu’un l’aurait oublié, le pape est l’évêque de Rome.

En ces dix ans de pontificat, voilà la litanie qui a été propagée depuis le 13 mars 2013. « Et maintenant, a dit François, commençons ce voyage, évêque et peuple, ce voyage de l’Église de Rome, qui est celle qui préside dans la charité à toutes les églises ».

Les relations avec cette « communauté diocésaine » étaient toutefois déjà tendues avant même leur construction. Il ne s’agit pas, comme certains le pensent, d’une simple question de changements récents de règlements, mais le modus agendi de François a toujours été celui d’un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Les préjugés de François

Jorge Mario Bergoglio est clairement arrivé à Rome, y compris en mars 2013, avec son propre bagage personnel. Un bagage qui n’était pas seulement fait de vêtements et d’effets personnels, mais aussi d’expériences et de préjugés. Lorsque le jésuite Bergoglio a été nommé provincial en Argentine en 1973, la Compagnie de Jésus n’en a pas tiré grand profit. En 1979, ils ont dû l’envoyer en Allemagne car, dit le Néerlandais Peter Hans Kolvenbach, Bergoglio a terriblement divisé cette province. Il y avait des jésuites avec lui et d’autres contre lui.

Dans le livre-interview « El Jesuita » [biographie de complaisance parue en 2010, ndt], il a déclaré qu’en Allemagne, chaque fois qu’il voyait un avion dans le ciel, il pensait que ce pouvait être lui à bord et qu’il pouvait retourner en Argentine. Cet exil forcé par la Compagnie de Jésus a marqué François de façon indélébile et tous ses actes de gouvernement, ses nombreuses invectives contre les prêtres et les évêques, sont clairement la non-acceptation psychologique de ce qu’il a vécu.

Il y a de nombreux mensonges que François a proférés au fil des ans. Un cardinal qui a longtemps servi cet État et qui a été mis à la porte par François, a déclaré à plusieurs reprises : « Le pape m’a dit N mensonges, et un jour je les dirai un par un ».
Or, malheureusement, Bergoglio ne les a pas seulement racontés à lui, mais à plusieurs reprises.

Tout d’abord, concernant le cas de Marko Ivan Rupnik, François a déclaré à la journaliste Nicole Winfield qu’il ne savait rien de cette « affaire ». François a dit un mensonge car il en a parlé avec plusieurs presbytres avant que le scandale n’émerge et, lorsque nous l’avons publié en décembre, il a immédiatement convoqué un évêque (qui a également été envoyé hors de Rome) à qui il a dit en termes très clairs ce que « Rupnik faisait avec les religieuses ». L’évêque est sorti de cet entretien assez traumatisé et aucun témoignage n’était encore sorti dans la presse.

Récemment, dans le livre « El Pastor », François a raconté ce qu’il avait dit lors de la rencontre avec les jésuites en République démocratique du Congo. Le pape dit qu’on lui a demandé deux fois de devenir évêque et qu’il a refusé, mais qu’à la troisième demande, il a accepté parce qu’il y avait déjà l’avis positif du supérieur général de la Compagnie de Jésus. Cette affirmation est fausse. « Le père Kolvenbach est celui qui a rompu la relation entre Bergoglio et la Compagnie de Jésus. Il a écrit un avis, lorsqu’on lui a demandé s’il pouvait être nommé évêque auxiliaire de Buenos Aires, dans lequel il soulignait tous les problèmes qui avaient surgi pendant son mandat de provincial », rapporte un religieux de la Compagnie de Jésus de Borgo Santo Spirito [rue de Rome où se trouve le siège romain de la Compagnie]

Il n’y a donc eu ni autorisation ni placet. Au contraire, le dossier de Jorge Mario Bergoglio [le fameux Rapport Kolvenbach] a été conservé à Borgo Santo Spirito jusqu’au 14 mars 2013 [lendemain de l’élection]. Ce dossier, aujourd’hui, n’existe plus.

Ces propos ne sont pas surprenants, surtout après dix ans au cours desquels François s’est fait connaître, tant ici au Vatican qu’auprès du grand public. Même dans le gouvernement de l’Église universelle, en fait, le Pontife argentin a créé deux camps distincts : soit pour lui, soit contre lui. Par lui, nous entendons Bergoglio. Parce que, comme nous l’avons souligné à plusieurs reprises, le pape en tant que figure et institution est quelque chose qui est déjà dépassé aujourd’hui. Nous parlons de personnes, pas de ce qu’elles représentent.

Diocèse de Rome : une relation conflictuelle

Selon cette expérience et ce vécu, François s’est engagé avec son diocèse dans une voie qui est tout sauf bienveillante. Il prétend être évêque de Rome mais il ne rencontre pas les presbytres, il ne veut même pas voir les séminaristes de loin et s’il intervient, il le fait avec des hommes de main. Et même, lorsqu’il a reçu les séminaristes pour son anniversaire, il a dit qu’ils étaient trop nombreux et qu’ils n’étaient pas obligés de rester là mais pouvaient très bien se trouver une fille. L’époque est révolue où saint Jean-Paul II et Benoît XVI visitaient le séminaire et parlaient aux séminaristes, racontant même des souvenirs personnels de leur propre ministère.



Souvenir… et nostalgie
C’était la dernière apparition publique avant l’annonce du 11 février 2013

Aujourd’hui, François, chargé de son propre bagage de souffrance et de ressentiment, profite des rares rencontres avec les clercs et les évêques pour les réprimander. La plupart du temps, il ne connaît même pas les groupes qu’il reçoit, mais si quelqu’un dans son « cercle magique » lâche ne serait-ce qu’une simple boutade sur ce groupe, Bergoglio la prend et la réutilise dès qu’il rencontre ces personnes. Sans même se demander si ce mot ou cette boutade ne relève pas d’un manque de charité, d’un préjugé. L’exemple le plus clair est celui des « bonete » (rebaptisées « monete »/pièce de monnaie » par la salle de presse), des dentelles. François, en recevant les presbytres siciliens, leur a dit : « Mais, chers amis, encore la dentelle, les bonete…, mais où sommes-nous ? Soixante ans après le Concile [il faudrait] une mise à jour aussi dans l’art liturgique, dans la ‘mode’ liturgique ! »

Certains presbytres siciliens ont demandé : « Mais il est déjà venu ici ? ». Non, mais il n’est pas nécessaire que François connaisse ce milieu. Toutes ses activités et ses paroles sont basées sur le « ouï-dire ». S’adressant à la Curie romaine ou aux presbytres, toujours pour les réprimander, Bergoglio dit : « Le bavardage est une arme mortelle qui tue la fraternité », en même temps, cependant, il aime poser des questions à ses collaborateurs sur tout et sur tout le monde.

François ne demande pas si telle personne parle, elle aussi, par ouï-dire ou si elle a des préjugés, il prend et « enregistre ». Ensuite, il agit. C’est pourquoi on dit souvent qu’il agit « con la pancia » [/d’instinct]. Avec le diocèse de Rome, il a agi ainsi, à plusieurs reprises. Les évêques auxiliaires de Rome, et le Vicaire lui-même, ont toujours des micro-infarctus chaque fois que le Bulletin rapporte que François a reçu seul un membre du Conseil épiscopal. « Dans ces entretiens, en fait, le pape essaie de vous faire dire n’importe quoi qu’il pourra ensuite utiliser dans le futur. Il demande, il s’informe sur les confrères individuels et veut savoir en détail », rapporte un prélat.

La technique est claire : « Diviser pour régner », rien de nouveau.

Pas d’ordination : vol vers la Hongrie

Bien que les ordinations presbytérales soient prévues pour avril, François n’a rien communiqué à son diocèse, et le 27 février, la nouvelle est parvenue au vicariat et au séminaire que le pape serait en Hongrie le même jour. Le diocèse doit ordonner ses futurs presbytres et l’évêque part en Hongrie. La cohérence n’est pas de mise à Sainte Marthe. Si on parle de réformes économiques, Bergoglio est au premier rang, sur la pastorale il y a encore beaucoup à faire.

Est-il donc possible que personne n’ait pensé à informer le Vicariat et le Séminaire, mais qu’il ait fallu s’adresser au Bureau de presse ? Il y a quelques jours, François a envoyé son protégé Gianfranco Ghirlanda pour expliquer que « le pape est l’évêque de Rome, pas le vicaire » et il a tenu la scène pendant une heure avec cette « pantomime » et maintenant « l’évêque de Rome » n’ordonne pas ses prêtres mais va même en Hongrie ?

Le 29 avril 2023, premières vêpres du dimanche du Bon Pasteur, les prêtres seront donc ordonnés par le cardinal-vicaire dans la basilique de Saint-Jean-de-Latran.

La consternation est grande et les prêtres, comme nous l’avons également rapporté ici, sont très en colère. « Si François veut être l’évêque de Rome, qu’il le fasse sérieusement, en se salissant les mains avec ses prêtres, en entrant dans les problèmes de nos paroisses. Sinon, ce ne sont que des projecteurs et des agences de presse qui moulinent des paroles », a dit un prêtre de l’Urbe.

Nous oserions dire qu’il vaut mieux que le Pape fasse le Pape et qu’il laisse à son Vicaire le soin de résoudre les problèmes concrets du diocèse. Peut-être un Vicaire qui sait vraiment comment prendre des décisions et non pas quelqu’un qui ne fait que protéger ses pères ou fils spirituels.

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