Lors des multiples interviews que la frénésie papale a accordée à des médias de différents pays (mais tous de la même tendance) pour marquer les dix ans de pontificat tout en gardant le narratif sous contrôle, François a été interrogé sur le célibat sacerdotal et a bricolé une réponse, sans doute pas en contradiction avec la doctrine (qui suis-je pour juger?), mais qui aurait gagné à être plus mûrie, surtout dans le contexte actuel, où la conférence épiscopale allemande fait pression pour abolir ce pilier de la tradition. Une religieuse italienne a en quelque sorte pris le pouls du peuple à travers des messages qu’elle a reçues, et elle écrit sur le sujet une lettre ouverte aux cardinaux et aux évêques. Très loin des hautes considérations théologiques que François a en horreur, c’est la voix du peuple, juste ce qu’il aime, en principe. Et on le sait: vox populi, vox dei.

En guise de préambule, je laisse la parole à AM Valli

À la suite des dernières déclarations de François dans plusieurs interviews, la question du célibat des prêtres catholiques est de nouveau d’actualité.

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« Je ne suis pas encore prêt à la revoir, mais il s’agit évidemment d’une question de discipline, qui existe aujourd’hui et n’existera peut-être plus demain, et qui n’a rien à voir avec le dogme », a dit le pape dans une interview accordée au site web argentin Perfil, également relancé par le portail Vatican News du Saint-Siège.

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François a ainsi précisé ce qu’il avait dit deux jours plus tôt dans un entretien avec un autre site argentin, Infobae : « C’est une prescription temporaire… Elle n’est pas éternelle comme l’ordination sacerdotale… Le célibat, en revanche, est une discipline. »

« Il pourrait donc être révisé ? », lui demande-t-on.

« Oui », répond le pape, qui précise que « dans l’Église catholique, il y a des prêtres mariés : tout le rite oriental est marié… Il n’y a pas de contradiction à ce qu’un prêtre se marie ».

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Comme c’est souvent le cas, les déclarations du pape (faites, entre autres, alors que le chemin dit du Synode allemand s’est prononcé majoritairement en faveur d’une révision des règles sur le célibat) ont alimenté la confusion.

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https://www.aldomariavalli.it/2023/03/18/celibato-opzionale-teologicamente-impossibile-parola-di-vescovo-missionario/

Stop à la remise en question du célibat des prêtres.

Sœur Rosalina Ravasio (Communauté Shalom)
lanuovabq.it/it/basta-mettere-in-discussione-il-celibato-dei-preti

Régulièrement, certains remettent en question le célibat des prêtres, ne créant que de la confusion parmi les fidèles. Il s’agit pourtant d’une question tout à fait claire, d’un point de vue biblique et pratique. Voici pourquoi…. Lettre ouverte aux cardinaux et aux évêques.

Chers cardinaux et évêques,

J’ai reçu de nombreux messages, entre « moquerie », « caricature » et « indignation » sur la figure du prêtre célibataire ou marié. Et j’ai été très surprise, car je n’étais pas au courant de cette question, qui a émergé ces derniers jours, après les propos du Pape sur une possible ouverture future en ce sens.

Je cite quelques exemples de messages qui me sont parvenus (et, bien sûr, « Vox populi, vox Dei ») :

  • Le prêtre marié ? Mais trois ou quatre paroisses ne lui suffisent pas… maintenant il a même le temps de chercher une femme ? »
  • Mais si le prêtre ne s’entend pas avec sa femme… le divorce s’applique-t-il aussi à lui ? L’entretien d’une femme séparée avec des enfants sera-t-il supporté par les fidèles de la paroisse ? »
  • « Après le mariage pour le prêtre… bien sûr il pourrait y avoir aussi la maîtresse… et pourquoi pas, vu l’adaptation de nos jours… »
  • « Mais la discussion sur le mariage s’applique-t-elle aussi aux religieuses ? Est-il prévu qu’elles se marient aussi ? »
  • « Les protestants se marient, mais ils ne confessent pas… Si mon curé se mariait…, on ne me verrait plus à l’Église ! Ce serait le même cinéma que l’on voit à l’extérieur ».

Tous du même ton. J’ai été étonnée, très surprise.
Je n’écris pas au Pape (peut-être Sainte Catherine [de Sienne] l’aurait-elle fait) car je pense qu’il est occupé par des choses bien plus sérieuses. Mais je vous écris à vous, « Princes de l’Église », pour vous faire part des doutes des gens et des effets secondaires de la confusion et de l’égarement qu’ils provoquent dans la foi des simples et des petits.

Je m’adresse à vous, comme une fille qui soumet à son père une angoisse, une pensée cachée ! Étant donné que, comme le disait un ecclésiastique et poète anglais, John Donne, « aucun homme n’est en lui-même une île entière », ce qui signifie reconnaître qu’aucun d’entre nous n’est capable de se tenir complètement seul, et d’un point de vue religieux, je pense que, dans ce sens, une indication claire et certaine est nécessaire.

Nous connaissons tous certains concepts sur lesquels se fondent les choix, les idéaux et les vies.

Permettez-moi d’exprimer deux ou trois concepts issus de l’inconscient collectif, qui sont également présents dans le bagage culturel d’une grande partie de notre population qui, malgré la facilité avec laquelle elle enfreint les lois, les normes et les traditions, ne s’est pas encore laissée absorber ou assimiler par les coutumes et les modes de vie actuels, parfois hostiles aux lois morales :

Premier point : je me réfère à l’une des nombreuses références bibliques auxquelles, bien qu’il ne soit plus à la mode aujourd’hui de lire la Bible, il est néanmoins intéressant et utile de prêter attention : Dieu nous fait le don de son Fils, né d’une femme vierge (Lc. 1:27). Vous saisissez? « Femme vierge! »
Dans l’Évangile, en effet, il est précisé que la virginité – masculine et féminine – n’est pas un Commandement du Seigneur, mais un « conseil évangélique » donné « seulement à ceux à qui il a été accordé » (Mt 19,10-12). Ce qui signifie simplement ne plus vivre pour soi-même mais, précisément, pour le Christ et « Son Royaume » (Gal. 2:20).
Il s’agit pratiquement d’un « célibat » choisi pour le Christ, à Son imitation.

Bien sûr – comme tout choix dans le monde – il implique un renoncement (appelons-le souffrance, la souffrance qu’un tel renoncement peut entraîner) : on choisit une femme et on renonce à une autre femme, on choisit un travail et on renonce à d’autres, cela ne me semble pas être une conséquence compréhensible seulement par les grands « génies ».

Certes, ce n’est pas facile à vivre… Un tel « renoncement » comporte en effet, sur le chemin, une « vigilance » continuelle, peut-être même un véritable « martyre » à certains moments : mais ce choix n’est-il pas fait précisément pour imiter le Christ ? Ne s’agit-il pas d’une tentative de suivre « l’Agneau immolé » ?
C’est aussi la conscience que, dans la dimension du renoncement et de la souffrance, Dieu n’est pas « enfermable » dans nos « étroites limites humaines », mais qu’il est quelque chose qui, enraciné ici-bas, s’épanouit là-haut, au plus haut des cieux.

Que voulez-vous : toutes les personnes consacrées ne pensent pas de la même manière.
Pas de souci, no problem, choisissez une autre voie, librement !

Il est écrit : « Ce n’est pas tout le monde qui peut le comprendre, mais seulement ceux à qui cela a été donné » (Mt 19,11). Vous êtes libre de choisir une autre voie, vous ne pouvez pas avoir « le beurre et l’argent du beurre ».
Si, comme le dit saint Jacques, « tout don parfait vient d’en haut » (Jn 1,17), à ceux à qui le Seigneur donnera un tel don, il donnera aussi la capacité de l’accueillir et de le vivre pleinement. Point.

Deuxième point, plus pratique : lorsque je suis allé au Mexique pour accompagner les jeunes (ils y sont restés environ trois mois), je ne sais plus exactement à quel endroit, il y a eu une  » tuerie  » (c’est ainsi qu’on appelle la guerre entre les bandes criminelles au Mexique) qui a fait de nombreuses victimes – entre 20 et 30 morts environ – et le seul qui restait pour aider les blessés, au milieu du sang qui coulait sur tout ce qui était sur l’asphalte, c’était un prêtre catholique. Tout le monde a fui, même ceux qui appartenaient à d’autres religions : certains s’inquiétaient pour leur famille, d’autres pour leurs enfants, etc. Le seul qui est resté, c’est lui et, à ceux qui le pressaient de fuir avant qu’ils ne le frappent, il a dit : « C’est ma famille… ce sont mes paroissiens ».

Je me souviens aussi avec émotion de ce jeune prêtre de Brescia, près de chez nous, qui, en terre de mission, avait choisi de « ne pas laisser ses jeunes seuls sur le radeau ». Bien qu’en fait il se trouvait avec un autre groupe de catéchistes déjà « en sécurité » sur un autre radeau, et plus à la merci des forts courants qui entraînaient le premier vers les chutes, il a spontanément quitté son radeau en sécurité pour rejoindre l’autre, où les jeunes criaient de désespoir, afin de ne pas les laisser mourir seuls : il les a tous embrassés et ensemble ils ont récité le Notre Père, avant d’être engloutis par le puissant courant dans le précipice des chutes.

Comprenez-vous l’importance du célibat ? Des héros inconnus… mais des saints, qui ont donné leur vie pour les autres.

Troisième point : OK. diront certains : « Ils n’abuseront plus d’enfants ».
La terre est pleine d’abuseurs d’enfants, mais, j’ajouterais, pas seulement de prêtres, car de nombreux mineurs qui sont passés par notre Communauté ont été abusés sexuellement dans la sphère parentale ou par des « amis de la famille ».

Ce problème a-t-il été résolu ? A l’évidence, non.

Malgré les effets délétères de la crise des valeurs et de la décadence de la spiritualité, « notre peuple » a besoin de vivre l’espérance, de regarder au-delà des apparences, il aspire au « réveil » et à la « joie ».
Oui, à la joie.
Des désirs inassouvis, que seul Dieu peut comprendre et combler.
Isaac, le Syrien, que j’ai déjà cité à plusieurs reprises, a dit : « les oiseaux volent, les poissons nagent et l’homme prie ». Exactement.

Les prêtres ? Qu’ils cessent de donner de bons conseils moraux et qu’ils montrent qu’ils sont « vivants » avec leur style et leur exemple de vie et non une simple « réfraction » du style du monde !

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