Nico Spuntoni (La NBQ) ne fait aucune révélation par rapport à ce que nous disions hier dans ces pages (*) et il se réfère aux mêmes sources (Religion Digital et Il Sismografo), mais il apporte quelques précisions.
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Malgré les apparences, le sort de Mgr Gänswein n’appartient pas (ou pas seulement) à la rubrique « people » ou « potins vaticans »: s’agissant de l’homme qui a été le plus proche de Benoît XVI depuis 20 ans et l’a accompagné durant toute sa « retraite » à Mater Ecclesiae, il revêt une haute valeur symbolique, en plus d’être très révélateur de la personnalité de François: rancœur, manipulation, imprévisibilité, et surtout volonté de montrer que c’est LUI qui commande.

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Les rumeurs sur Gänswein nonce au Costa Rica s’intensifient

Nico Spuntoni
23 mars 2023
lanuovabq.it/it/crescono-le-voci-su-gaenswein-nunzio-in-costa-rica

Le destin du secrétaire de Benoît XVI pourrait connaître un tournant : selon le portail hispanophone Religión Digital, la nonciature du pays d’Amérique centrale serait prête à accueillir l’archevêque. Si elle est confirmée, cette éventuelle nomination exprimerait un traitement bien différent de la part du pape François par rapport à celui que Ratzinger a réservé au secrétaire de Wojtyla.

La telenovela concernant l’avenir de Mgr Georg Gänswein pourrait toucher à son terme Depuis deux jours, en effet, on ne parle plus que de cela au Vatican. Le pavé dans la mare a été jeté par le portail hispanophone Religión Digital avec un article de Jesús Bastante dans lequel la nomination du secrétaire spécial de Benoît XVI comme nouveau nonce apostolique au Costa Rica est considérée comme imminente, sauf surprise de dernière minute.

En quelques heures, l’indiscrétion a fait le tour du monde et a été reprise par Die Tagespost, un magazine allemand qui jouit notoirement d’une bonne pénétration dans les cercles ratzingeriens. Désormais considérée comme certaine, la nouvelle a été remise en question hier par Il Sismografo, qui a qualifié la destination centraméricaine d’ « improbable », expliquant que des sources consultées par ses soins considéraient cette hypothèse comme fausse car « il est rare que l’on entre au service diplomatique du Saint-Siège sans avoir reçu une formation spécifique et spécialisée ».

La source autorisée du démenti, en l’absence de communications officielles, exige de ne pas prendre pour argent comptant l’épilogue annoncé en exclusivité par Religión Digital.

Toutefois, il faut rappeler que parmi les « rares cas » mentionnés par la source d’Il Sismografo, il en est un qui mérite d’être pris en considération : c’est celui de Mgr Alfred Xuereb nommé nonce apostolique en Corée et en Mongolie en 2018 sans formation ni expérience diplomatique derrière lui. Le prélat maltais, en effet, nommé archevêque au lendemain de l’annonce de la nomination, a en commun avec Gänswein d’avoir servi aux côtés de Benoît XVI, dont il a été le second secrétaire privé jusqu’à sa démission, avant de devenir le secrétaire de François.

D’après ce que La NBQ a pu apprendre, l’indiscrétion concernant l’arrivée de l’actuel préfet de la Maison pontificale au Costa Rica a plus d’un fondement et est désormais considérée comme certaine par beaucoup.
Dimanche dernier, à l’occasion de l’inauguration de la plaque en l’honneur de Benoît XVI dans la paroisse romaine de Santa Maria Consolatrice, Mgr Gänswein a été sincère quand il a dit aux journalistes que le Pape n’avait pas encore décidé de la mission à lui confier. C’est d’ailleurs la même version que l’archevêque allemand a donnée à tous ceux qui l’interrogeaient sur son avenir au lendemain de l’audience au Palais apostolique début mars : François s’était réservé un temps de réflexion pour trouver la meilleure solution pour lui.

Lors de son passage à Munich à l’occasion de la sortie en Allemagne de son livre-polémique Nient’altro che la verità, Gänswein en avait également parlé avec le public allemand et avait plaisanté sur ceux qui suggéraient une destination éloignée de Rome, un peu comme dans la scène de The Young Pope où Pie XIII, interprété par Jude Law, envoie un cardinal indésirable en Alaska.

L’hypothèse d’une mission de nonce apostolique, donc, avait également été le scénario le plus populaire en Bavière au lendemain de la maladie et de la mort de Benoît XVI. Ensuite, la controverse autour du livre avait rendu toute prévision plus compliquée, laissant même ouverte la possibilité que la situation reste indéfinie, comme c’est le cas depuis 2020, après son départ des activités liées au poste de préfet de la Maison pontificale. Dans ce cas également, c’est un livre sur le sacerdoce signé par le cardinal Robert Sarah avec la contribution de Ratzinger qui lui a été fatal (cf. Des profondeurs de nos cœurs).

Après que ce qui reste de la famille papale de Benoît XVI [donc les memores] a quitté le monastère Mater Ecclesiae et trouvé l’hospitalité dans le nouvel appartement situé dans l’ancienne Casa Santa Marta [le fameux appartement de 300 mètres carrés dont les médias italiens ont fait des gorges chaudes?], l’espoir de rester à Rome ou au moins en Europe semble maintenant s’être évanoui avec l’indiscrétion publiée par Religión Digital. Cette nouvelle, qui a commencé à circuler il y a deux jours, semble avoir pris de court les proches de l’archevêque allemand qui ne peuvent donc pas être à l’origine de cette fuite.

Si ce scénario devait vraiment se concrétiser, comme beaucoup au Vatican semblent désormais le croire, n’attendant que l’annonce officielle dans les prochains jours, Gänswein prendrait la place de Mgr Bruno Musarò, 75 ans, tristement connu dans les chroniques pour avoir rudement forcé certains fidèles à ne pas communier à genoux et sur la langue, qui plus est, précisément à l’occasion d’une messe en suffrage de Benoît XVI.

Quelques mois après la mort de saint Jean-Paul II, Benoît XVI a nommé son secrétaire spécial de longue date Stanisław Dziwisz archevêque de Cracovie et l’a créé cardinal moins d’un an plus tard.

François, quelques mois après la mort de son prédécesseur, pourrait donner au successeur de Dziwisz un traitement bien différent, dans une nonciature de périphérie et certainement pas en tête de la liste des souhaits de Gänswein, qui aurait préféré rester à Rome.

Mais l’actuel pontificat n’est pas épargné par les rebondissements et, jusqu’à l’annonce officielle, il n’est pas exclu que l’hypothèse du Costa Rica ne reste qu’une indiscrétion parmi les nombreuses qui ont circulé au cours de ces trois mois.

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