« On me dit que Wojtyla sortait parfois le soir avec deux Monseigneurs polonais et il n’allait certainement pas bénir les maisons… ». Et revoilà l’affaire Orlandi. J’avais traduit en janvier dernier un article très détaillé de Nico Spuntoni qui expliquait les circonstances de la disparition mystérieuse, en 1983, de la fille alors âgée de 15 ans d’un employé du Vatican, les ramifications politico-religieuses, et l’incroyable emballement populaire et médiatique qui avait suivi, (qu’on ne peut comparer en France qu’avec l’affaire Grégory, avec en plus le suc des « lourds secrets cachés derrière les murs léonins »), polluant le dossier au point qu’il est difficile d’imaginer que le cas sera un jour résolu. L’annonce, à peine 2 semaines après la mort de Benoît XVI, de la réouverture d’un dossier sur l’affaire Orlandi par le promoteur de justice (procureur général) de l’État de la Cité du Vatican conduisait à l’époque à se poser la question:

16 janvier 2023

Avant-hier, le frère d’Emmanuela Orlandi a rencontré le promoteur de justice pendant pas moins de huit heures, et les déclarations qu’il a faites dans différents médias en sortant du long face-à-face ont fait monter la tension chez les chasseurs de scoop de Rome et d’ailleurs.

Le titre de cet article de Libero (repris sur le site paravatican Il Sismografo) laisse penser que la prochaine cible sur la liste n’est autre que Jean Paul II, dont il faut à tout prix désormais remettre en cause la canonisation, d’où l’importance de constituer un dossier solide avec des arguments touchant plusieurs épisodes de sa vie; et comment ne pas faire le rapprochement avec la campagne de dénigrement venue de Pologne à propos de sa gestion des affaires d’abus.


« Le soir, il sortait et… »

La suite confirme les soupçons:

Le tournant est-il enfin arrivé ?

« Dans l’affaire Orlandi, le pape François et le secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin, souhaitent que la vérité émerge sans réserve« .

Cela a commencé par cette phrase livrée au Corriere della Sera par Alessandro Diddi, promoteur de justice de la Cité du Vatican, et s’est terminé par les mots d’espoir prononcés par Pietro Orlandi, le frère d’Emanuela, qui est sorti du Saint-Office [!!] après plus de huit heures de face-à-face avec le procureur pénal

(…).

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Qu’a demandé Pietro Orlandi à la justice du Vatican ? Il a demandé, – et l’a fait consigner -, d’entendre certaines personnes qui, selon lui, sont au courant de circonstances fondamentales pour reconstituer les étapes de l’affaire. Il s’agit des cardinaux Re et Sandri, de l’ancien commandant de la gendarmerie vaticane Giani, de son adjoint Alessandrini et des procureurs Capaldo et Pignatone.

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Mais dans cette affaire, ce sont les paroles de Pietro Orlandi qui ont marqué les esprits : « Je suis convaincu que Wojtyla, Ratzinger et le Pape François sont au courant ».

Au cours de l’émission, on entend un enregistrement que Pietro Orlandi aurait lui-même remis aux autorités vaticanes. Dans cet enregistrement, un homme proche du gang de la Magliana [la mafia romaine, effectivement impliquée. On voit la qualité des témoins!] déclare : « Le pape Jean-Paul II avait l’habitude d’amener ces personnes au Vatican, c’était une situation intenable. Le secrétaire d’État est donc intervenu à un moment donné et a décidé de les écarter. Et il s’est tourné vers des personnes du milieu carcéral ».

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Ce sont là des paroles qui, bien sûr, n’ont pas été entendues jusqu’à présent. Mais la phrase par laquelle Pietro Orlandi commente les propos de l’homme de la Magliana est assez troublante : « On me dit que Wojtyla sortait parfois le soir avec deux Monseigneurs polonais et il n’allait certainement pas bénir les maisons… ».

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