C’est en Pologne, forcément, que tout a commencé, et cela continue. Le 2 avril dernier, jour anniversaire de la mort de Jean Paul II, sa statue devant la cathédrale de Lodz a été vandalisée. Suivie par d’autres. Mais de nombreux polonais ont réagi en descendant massivement dans la rue pour défendre « leur » pape. Tout se passe comme si on essayait de le frapper dans les deux lieux principaux de son parcours terrestre, là où son influence a été la plus forte: sa patrie d’origine, et maintenant sa patrie d’adoption, l’Italie, où il a vécu durant les 27 ans de son pontificat.

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Les Polonais dans la rue pour défendre la vérité sur le pape Wojtyla

Wlodzimierz Redzioch
13 avril 2023
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La campagne médiatique visant à outrager Saint Jean-Paul II a été suivie d’actes de vandalisme contre des monuments à son effigie. Mais les citoyens ne se laissent pas faire et bravent les intempéries et les mensonges pour faire échec à une nouvelle atteinte à la mémoire du saint pontife.

Tout a été bien organisé et calculé : d’abord une attaque concentrée par une véritable coalition médiatique composée du quotidien Gazeta Wyborcza, de l’hebdomadaire Newsweek Poland, de la télévision TVN et du portail Onet pour salir la figure de Jean-Paul II et provoquer les réactions souvent organisées du peuple ; ensuite une campagne médiatique pour « médiatiser » la profanation des monuments du pape Wojtyla dans le monde entier. Depuis des années, certains milieux en Pologne, mais aussi dans le monde (voir Bruxelles et Berlin) travaillent à « normaliser » la Pologne, à la séculariser, à la détacher de ses racines chrétiennes, de son identité nationale, à l’affaiblir en divisant la société polonaise. Tout ce qui s’est passé à la veille de l’anniversaire de la mort de Jean-Paul II en est la preuve.

Dans la nuit du 1er au 2 avril, la statue de Jean-Paul II devant la cathédrale de Lodz a été badigeonnée de peinture et les mots « Maxima culpa » (c’est le titre du livre d’accusations contre le pape Wojtyla) sont apparus sur le piédestal. La photo, comme prévu et bien calculée, a fait le tour du monde.

L’archevêque de Lodz, Mgr Grzegorz Rys, était déjà devant le monument à 7 heures du matin : pendant une heure, il a prié et récité le rosaire et le chapelet de la Divine Miséricorde. « Quand on regarde ce monument, on voit qu’il ne s’agit pas d’une action émotionnelle, spontanée, d’un réflexe. Non, il s’agit clairement d’une action planifiée ; quelqu’un a dû faire un pochoir pour que les inscriptions sur ce monument soient claires. Les taches sur le tableau sont un « programme » : du sang sur les mains, un masque jaune sur le visage », a fait remarquer le métropolite. Mgr Rys s’est demandé ce que Jean-Paul II aurait fait à sa place. Il s’est dit qu’il aurait sûrement prié et s’est souvenu des paroles du Saint-Père prononcées le 17 mai 1981, quatre jours après l’attentat dont il a été victime : « Je prie pour le frère qui m’a frappé et à qui j’ai sincèrement pardonné ». Uni au Christ, prêtre et victime, j’offre mes souffrances pour l’Église et le monde ».

Le grave incident de Lodz, comme on pouvait le prévoir, a été suivi par d’autres : la statue du pape à Stalowa Wola a également été souillée de peinture, tandis qu’à Wroclaw (Breslau), une peinture murale du souverain pontife a été dégradée.

Les milieux de la gauche libérale-libertine pensaient que l’attaque contre saint Jean-Paul II avait été si bien préparée que les catholiques seraient submergés par ce coup final et dévastateur. Mais, une fois de plus, ils se sont trompés : la majorité des personnes de bonne conscience et de bonne pensée n’est pas tombée dans le piège.

Pour eux, Jean-Paul II est un saint : c’est ainsi qu’il est dans leur cœur, c’est ainsi qu’il restera. Cette majorité, devenue en quelques jours un véritable mouvement social et national, s’est manifestée dans les villes et villages polonais le jour de l’anniversaire de la mort du Pape, le dimanche des Rameaux.

Malgré le mauvais temps, le froid, la pluie, les gens sont descendus dans la rue parce qu’ils se sentaient obligés de défendre la vérité : la vérité sur le pape contre les manipulations et les mensonges. Des centaines de milliers de personnes ont participé aux marches pontificales : la manifestation la plus importante a été organisée à Varsovie, des dizaines de milliers de personnes (on parle de 50 000) se sont rendues dans le centre de la capitale, 20 000 à Cracovie, 10 000 à Szczecin, 4 000 à Rzeszow et à Gdansk. Les organisateurs des marches ont souligné que les manifestations se voulaient un témoignage d’attachement à saint Jean-Paul II et, en même temps, une réponse aux tentatives de remise en cause de la sainteté et des mérites du pape polonais. « En participant à la marche, nous remercions le grand Polonais Jean-Paul II pour l’héritage d’amour et de foi qu’il a laissé aux générations suivantes », écrivent les organisateurs. L’un d’entre eux, Małgorzata Żaryn, a souligné que la marche papale devait être une expression d’unité, et non un élément de division : « Nous voulons restaurer la personne et l’enseignement du pape polonais dans notre communauté et, en même temps, recréer notre communauté à travers sa personne ».

Les participants aux manifestations organisées dans tout le pays portaient des croix, des drapeaux nationaux et du Vatican, ainsi que de nombreux portraits de saint Jean-Paul II. Des soutanes noires portant les armoiries du pape polonais de l’Ordre des Chevaliers de Saint Jean-Paul II ont souvent été aperçues. Des messes ont été célébrées à la fin des marches : à Varsovie, la messe a été célébrée dans la cathédrale de la capitale polonaise par l’archevêque Jozef Michalik, archevêque émérite de Przemysl.

La réaction de la société polonaise semble avoir déjoué cet énième attentat contre Saint Jean-Paul II. Mais ne nous leurrons pas : ce ne sera pas la dernière. Car Jean-Paul II, saint homme, reste toujours un signe de contradiction pour notre « modernité » antichrétienne.

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