Voici un article publié en 2017 par l’agence ACI Stampa (et repris aujourd’hui par Marco Tosatti), qui raconte comment en 1984, après l’assassinat manqué perpétré par Ali Agça, les services secrets polonais firent une tentative grossière (on le sait, plus c’est gros, plus ça passe…) pour discréditer le pape polonais. Ça n’avait pas marché à l’époque, mais apparemment, les ennemis de Jean Paul II ne s’avouent pas vaincus. Qui sait si ce ne sont pas les mêmes personnes, aujourd’hui?

Le « piège amoureux » – raté – contre Jean-Paul II

Wlodzimierz Redzioch
Cracovie, 19 octobre 2017
(ACI Stampa, via www.marcotosatti.com)

Le 19 octobre 1984, il y a exactement 33 ans, le capitaine [Grzegorz] Piotrowski [il a purgé de la prison, né en 1951, il est encore en vie, et poursuivrait une activité de journaliste sous pseudo..., ndt] et deux complices ont enlevé le père Jerzy Popiełuszko, aumônier de Solidarnosc, et après l’avoir torturé, l’ont assassiné en le jetant dans un sac dans la Vistule : ainsi fut commis l’un des crimes les plus odieux du régime communiste polonais .

Les trois officiers faisaient partie des départements spéciaux du ministère de l’intérieur, où travaillaient des personnes profondément endoctrinées, convaincues que pour le bien du système communiste, il était nécessaire de combattre les ennemis idéologiques par tous les moyens. Pour eux, assassiner un prêtre, ennemi idéologique, était normal. Mais une autre action de Piotrowski contre l’Église, et spécialement contre Jean-Paul II reste inconnue, une action qui, si elle avait abouti, aurait gravement compromis son pontificat.

Le pape originaire de Pologne était le grain de sable dans l’engrenage des régimes communistes, donc aussi du régime polonais. On sait que divers services secrets s’employaient à l’espionner et à s’opposer à lui. Quand l’attentat contre lui, dont l’exécutant matériel était le Turc Ali Agca, a échoué, les services secrets polonais ont tout fait pour le discréditer.

Au sein du ministère polonais de l’Intérieur, il y avait ce que l’on appelait le IVe Département, qui s’occupait de la lutte contre le clergé et l’Église. C’est dans ce département que travaillait le capitaine Piotrowski, et c’est là qu’a été conçue une opération contre Jean-Paul II, sous le nom de code « Triangolo » (en italien).

Ils voulaient concocter une histoire sur une prétendue liaison de Karol Wojtyla avec Irena Kinaszewska, une employée de l’hebdomadaire « Tygodnik Powszechny » (auquel collaborait l’actuel archevêque de Cracovie).
Irena Kinaszewska était veuve et élevait seule son fils. Pour compléter son salaire, elle tapait les thèses et les discours du métropolite de Cracovie.

Au début, on essaya de lui extorquer des déclarations compromettantes. Dans ce but, elle fut interrogée par des hommes de la sécurité, et des drogues lui furent administrées en même temps que les boissons. Toute la conversation fut enregistrée à l’aide d’une caméra cachée, dans l’espoir que la femme dise quelque chose d’embarrassant sur Karol Wojtyla. Mais elle demandait qu’on la relâche, continuant à l’appeler « le saint homme ».

Cette première tentative ayant échoué, Piotrowski imagina un autre plan : un faux journal intime.

Un prétendu journal d’Irena Kinaszewska fut préparé dans les bureaux du IVe Département, dans lequel elle décrivait sa relation amoureuse avec l’archevêque de Cracovie, avant qu’il ne devienne pape. La machine à écrire utilisée tapait certaines lettres de la même manière que la machine appartenant à Kinaszewska. Une fois réalisé, « le journal » devait être publiquement « découvert » par les services de sécurité lors de la perquisition du domicile du père Andrzej Bardecki, ami de Wojtyła et en même temps employé de la revue « Tygodnik Powszechny ». Le contenu compromettant du faux journal devait être ensuite diffusé dans le monde entier.

En février 1983, un groupe spécial de cinq personnes partit en mission de Varsovie à Cracovie.

Piotrowski était accompagné de deux autres hommes et de deux femmes. Depuis la proclamation de la loi martiale en Pologne le 13 décembre 1981, le pays manquait de tout. De l’étranger arrivait de l’aide, dont la distribution relevait principalement de la responsabilité des paroisses. La vieille gouvernante du père Bardecki ne fut donc pas surprise lorsqu’un jour, deux femmes se présentèrent à la porte de sa maison, au 14 de la rue Sikorski, expliquant qu’elles apportaient un colis de nourriture au prêtre. Pendant que l’une d’entre elles s’occupait de la gouvernante, l’autre se glissa dans la chambre du prêtre et cacha le journal derrière le radiateur.

Le tour semblait joué: il ne restait plus qu’à organiser la « découverte » du faux journal. Pour fêter cette bonne action, le groupe se rendit au restaurant de l’hôtel « Holiday Inn ». Tout le monde but beaucoup et, à la fin, Piotrowski, complètement ivre, prit le volant de la voiture, provoquant immédiatement un accident. Une patrouille routière, arrivée sur les lieux et voyant le conducteur ivre, voulut l’arrêter, mais celui-ci résista vigoureusement. Il finit par sortir son insigne du service de sécurité et expliqua qu’il était venu à Cracovie pour une mission de la plus haute importance. Loquace, comme le sont généralement les ivrognes, il raconta aux policiers les détails de cette mission.

Plus tard dans la nuit, l’un des agents de la circulation qui avait entendu le récit du capitaine Piotrowski informa un de ses amis qui travaillait à la Curie de l’archevêque de Cracovie de la provocation préparée par les services de sécurité. Le lendemain matin, le faux journal d’Irena Kinaszewska fut trouvé par le père Bardecki à l’endroit indiqué et détruit.

Deux jours plus tard, l’équipe d’agents des services de sécurité se rendit rue Sikorski. Ils avaient un mandat de perquisition et savaient que derrière le radiateur, ils trouveraient du matériel compromettant pour Jean-Paul II. Tout était prêt pour remettre ce matériel aux médias et présenter le Pape comme un prêtre ayant une maîtresse à Cracovie, bref un homme moralement douteux, indigne d’occuper le poste de Pontife. Ce « journal » aurait miné à jamais son pontificat : l’accusation d’immoralité serait restée comme une tache indélébile sur sa sainte figure car personne n’aurait cru les justes et sacro-saintes dénégations.

Mais grâce à l’honnêteté d’un agent de la circulation anonyme, le plan a échoué : lors de la perquisition de la maison du père Bardecki, les hommes de la sécurité n’ont rien trouvé.

Combien de forces obscures ont comploté contre Jean-Paul II et tenté de dénigrer sa figure, combien de forces, aujourd’hui encore, veulent diminuer l’importance de son pontificat et de son magistère !

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