Ecole Ratzinger – « Pauvres », c’est un des mots-talisman de François et les médias ont d’emblée décidé que le souci (matériel) des pauvres était une nouveauté de son pontificat. Ce n’est évidemment pas le cas, pour reprendre un mot à la mode, le soin des pauvres est dans l’ADN de l’Eglise depuis toujours, et Benoît XVI n’a pas dérogé à cette mission sacrée: un exemple parmi des dizaines, en février 2010, il visitait le centre d’hébergement d’urgence de la Stazione Termini de Rome, géré par la Caritas, et témoignait, mais discrètement, et sans en faire un slogan, de sa sollicitude pour les « derniers ». Sollicitude matérielle, mais aussi spirituelle, car il rappelait que la charité doit s’exprimer dans la vérité, faute de quoi « la charité dérive vers la sentimentalité. L’amour devient une coquille vide, à remplir de façon arbitraire » .

Une femme hébergée par la structure lui ayant adressé un discours de bienvenue, on peut voir son émotion (vers 0:50 de la vidéo)

Chers frères et amis qui êtes accueillis ici, sachez que l’Église vous aime profondément et ne vous abandonne pas, parce qu’elle reconnaît dans le visage de chacun de vous le visage du Christ. Il a souhaité s’identifier de manière très particulière avec ceux qui sont dans la pauvreté et la misère. Le témoignage de la charité, qui trouve en ce lieu, une concrétisation spéciale, appartient à la mission de l’Eglise avec la proclamation de la vérité de l’Evangile.

L’homme n’a pas seulement besoin d’être nourri matériellement ou aidé à surmonter les moments de difficulté, mais il a aussi besoin de savoir qui il est, de connaître la vérité sur lui-même, sur sa dignité. Comme je le rappelais dans Caritas in veritate « sans vérité, la charité dérive vers la sentimentalité. L’amour devient une coquille vide, à remplir de façon arbitraire ».

L’Eglise, avec son service en faveur pauvres, s’emploie donc à annoncer à tous la vérité sur l’homme, aimé par Dieu, créé à son image, racheté par le Christ et appelé à la communion éternelle avec Lui

Beaucoup de personnes ont ainsi pu découvrir, et redécouvrent encore, leur dignité, perdue parfois lors d’événements tragiques, et retrouvent la confiance en soi et l’espoir dans l’avenir. A travers les gestes, les regards et les paroles de ceux qui prêtent leurs services ici, beaucoup d’hommes et de femmes touchent de leurs mains que leurs vies sont gardées par l’Amour, qui est Dieu, et qui grâce à lui ont un sens et de l’importance.
Cette certitude profonde engendre dans le cœur de l’homme une espérance forte, solide, lumineuse, une espérance qui donne le courage de continuer sur le chemin de vie malgré les échecs, les difficultés et les épreuves qui l’accompagnent.

Chers frères et sœurs qui travaillez en ce lieu, ayez toujours devant vos yeux et dans votre cœur l’exemple de Jésus qui, par amour devint notre serviteur et nous a aimés « jusqu’à la fin des fins », jusqu’à la Croix. Soyez donc des témoins joyeux de l’amour infini de Dieu et, en imitant l’exemple du diacre saint Laurent, considérez vos amis comme l’un des trésors les plus précieux de votre vie.

En venant sur ce lieu comme évêque de Rome, l’Eglise qui depuis les premiers temps du christianisme préside dans la charité, je voudrais encourager non seulement les catholiques, mais chaque homme de bonne volonté, en particulier ceux qui ont une responsabilité dans le gouvernement et les différentes institutions, à s’engager à construire un avenir digne de l’homme, redécouvrant dans la charité la force motrice pour un développement authentique et pour la réalisation d’un monde plus juste et plus fraternel. La charité, en effet, est le principe non seulement des micro-relations: rapports familiaux, famille, petit groupe, mais aussi des macro-relations: les relations sociales, économiques, politiques.

Pour promouvoir une coexistence pacifique qui aide les hommes à se reconnaître comme les membres de l’unique famille humaine, il est important que la dimension du don et de la gratuité soit retrouvée comme des éléments de la vie quotidienne et des relations interpersonnelles. Tout cela devient chaque jour de plus en plus urgent dans un monde où, au contraire, semblent prévaloir la logique du profit et la poursuite de son propre intérêt.

L’Auberge de la Caritas constitue, pour l’Eglise de Rome, une occasion précieuse pour sensibiliser aux valeurs de l’Evangile. L’expérience du volontariat que beaucoup vivent ici, est, surtout pour les jeunes, une véritable école où on apprend à construire la civilisation de l’amour, capable d’accepter les autres dans leur singularité et leur différence. De cette façon, l’auberge montre concrètement que la communauté chrétienne, à travers ses propres organismes et sans négliger la Vérité qu’elle annonce, collabore utilement avec les institutions civiles pour promouvoir le bien commun. J’ai confiance que la synergie fructueuse créé ici s’étende à d’autres réalités de nos villes, en particulier dans les zones où on ressent le plus les conséquences de la crise économique et où le risque d’exclusion sociale est le plus grand.

Dans son service aux personnes en difficulté, l’Église est animée uniquement par le désir d’exprimer sa foi en ce Dieu qui est le défenseur des pauvres et qui aime chacun pour ce qu’il est et non pour ce qu’il possède ou réalise. L’Eglise vit dans l’histoire avec la conscience que les angoisses et les besoins des hommes, des pauvres surtout, et de tous ceux qui souffrent, sont aussi ceux des disciples du Christ et, par conséquent, dans le respect des compétences de l’État, elle s’emploie afin qu’à chaque être humain soit garanti ce qui lui est dû.

Chers frères et sœurs, pour Rome, l’Auberge de la Caritas Diocésaine est un lieu où l’amour n’est pas seulement un mot ou un sentiment, mais une réalité concrète qui peut apporter la lumière de Dieu dans la vie des hommes et de la communauté tout entière. Cette lumière nous aide à regarder vers demain avec confiance, certains que dans le futur, notre ville restera fidèle à la valeur de l’hospitalité, si fortement ancrée dans son histoire et dans le cœur de ses concitoyens.

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