Pour redécouvrir la pensée de Joseph Ratzinger. C’est le titre d’un ouvrage qui vient de paraître en Italie sous la plume du professeur Giuseppe Reguzzoni, « historien des idées, philosophe et fin connaisseur de la culture allemande », et dont l’ami Paolo Gulisano rend compte ici. Le livre témoigne de l’intérêt « gratuit » (c’est-à-dire loin de toute logique commerciale, comme c’est le cas pour les innombrables livres qui portent la signature de François ou qui parlent de lui, présents dans toutes les librairies y compris en France (on peut se demander pour quel public…?) que continue à susciter la figure de Joseph Ratzinger/Benoît XVI, et c’est ce qui fait son prix, et l’intérêt de cet article, même s’il y a peu de chances (malheureusement) que mes lecteurs le lisent

Redécouvrir la pensée de Ratzinger pour faire face à la crise de l’Église

IL NE SE PASSE PAS UN JOUR SANS QUE NE PARVIENNENT DES NOUVELLES DE DIVERSES INTOLÉRANCES ANTI-CHRÉTIENNES

Il ne se passe pas un jour sans que l’on entende parler de diverses intolérances antichrétiennes, ce que l’on appelle à juste titre la « christianophobie ». C’est un phénomène qui a toujours existé, mais qui a littéralement explosé à la fin des années 1990 et qui est devenu particulièrement âpre pendant le pontificat de Benoît XVI, qui a été à bien des égards une véritable Via Crucis pour le pape bavarois. Puis, avec l’avènement du pape François, l’attitude hostile des médias s’est transformée en une approbation substantielle du pasteur argentin, méritant des éloges pour son alignement sur les idéologies dominantes, tandis que se poursuivait la diffamation de l’Église, coupable de ne pas changer encore plus radicalement, notamment sur les questions éthiques, et surtout à l’égard du magistère des deux prédécesseurs de Bergoglio, en particulier Benoît XVI.

Qu’est-ce qui, dans l’œuvre de Joseph Ratzinger, dérange tant le monde ? Pour le comprendre, il suffit de lire un petit livre qui vient d’être publié par la maison d’édition Messaggero di Padova, sous la direction du professeur Giuseppe Reguzzoni, historien des idées, philosophe et fin connaisseur de la culture allemande : Nello splendore della verità (Dans la splendeur de la vérité). Il s’agit d’une sélection des textes les plus significatifs du pape Benoît XVI. Les relire revient à retracer les étapes les plus significatives du pontificat de Ratzinger et, de page en page, le changement qui s’est opéré au cours des dix dernières années au sein de l’Église et dans sa manière de communiquer les contenus de la foi devient de plus en plus évident. Chez Ratzinger, c’est vraiment la splendeur de la vérité qui se manifeste dans ses paroles, toujours très claires, même lorsqu’il exprime des concepts théologiques difficiles.

On ne peut s’empêcher de se demander où est passé ce type d’élaboration théologique dans l’Église d’aujourd’hui, qui est décidément appauvrie en pensée et en profondeur spirituelle. On se demande inévitablement comment Joseph Ratzinger est issu du même milieu culturel que celui qui a produit des gens comme le cardinal Marx et les autres évêques impliqués dans le synode allemand qui mine profondément l’Église catholique.

Benoît XVI était un doux berger, un humble serviteur dans la vigne du Seigneur, comme il se définissait lui-même. Cette anthologie d’écrits nous rappelle qu’il était un homme attentif aux choses invisibles, car les choses visibles sont momentanées, les choses invisibles sont éternelles. Les écrits de Benoît XVI rappellent toujours les grands maîtres, en premier lieu Augustin et les Pères de l’Église. Ils rappellent l’attitude de toute une vie au service de l’Église des petits, des simples, qui ne comprend pas les acrobaties idéologiques pratiquées par la néo-Église moderniste qui se jette dans l’étreinte mortelle du monde. Ils rappellent aussi – dans la vie de l’Église – l’amitié et la fraternité.

Le pape allemand a toujours cultivé la béatitude de la douceur, même lorsqu’il fallait corriger. Peut-être, à la lumière de ce que nous voyons aujourd’hui, a-t-il même outrepassé la douceur. Peut-être aurait-il dû diriger l’Église d’une main plus ferme, mais Joseph Ratzinger était ainsi. Un témoignage qui se poursuit aujourd’hui, à travers ses écrits, qui restent comme une leçon impérissable. L’espoir est que son magistère, ton témoignage, continue d’inspirer le chemin de l’Église dans des temps de plus en plus difficiles. Nous devons nous laisser éclairer par une réflexion sur la quantité illimitée de sagesse divine qui transpire de ses écrits. Nous devons également réfléchir à nouveau, et mieux, aux aspects parfois problématiques de son œuvre et de sa vie.

Dans le livre qu’il a publié, le professeur Reguzzoni a également inclus des pages écrites par Ratzinger après sa démission de la papauté, dans lesquelles il retrace les années du Concile, et dans lesquelles il réitère une fois de plus son herméneutique de la continuité, la thèse d’un « bon » Concile trahi par un « esprit du Concile » qui a déformé le contenu des documents (dont plusieurs avaient la contribution du jeune théologien consultant du cardinal Frings) et a conduit à la crise post-conciliaire. Une thèse qui, à la lumière de ce que nous avons vu ces dernières années, a encore du mal à tenir la route. En substance, il s’agit d’un argument de poids.

La « mafia de Saint Gall » qui a œuvré pour mettre fin à son pontificat n’est pas très différente du « lobby rhénan » qui a manœuvré le Concile dans une direction moderniste. En ce qui concerne la démission du pape, Reguzzoni a lui aussi une théorie intéressante, qui n’a rien à voir avec la théorie du complot et qui est plus proche de l’interprétation de la pensée de Ratzinger. Il faut lire pour y croire.

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