Depuis plusieurs semaines, nos people franchouillards, footballeurs, acteurs, chanteurs et autres histrions, dont beaucoup vivent à l’étranger loin de la plèbe, se donnent beaucoup de mal pour nous expliquer comment vivre, et plus spécifiquement comment voter. Cela peut faire sourire, vu le niveau de leur argumentation. Mais parfois, c’est nettement plus inquiétant, comme dans le cas de George Clooney, un acteur américain de second choix qui gagne beaucoup d’argent en vendant des capsules de café pas vraiment « éco-responsables » (tout en luttant pour la cause écolo) et profite de la notoriété acquise pour faire la morale au monde entier, allant jusqu’à interpeler directement le président des Etats-Unis (aussi minable soit ce dernier, mais c’est une autre question) qu’il a lui-même sponsorisé en espèces sonnantes et trébuchantes. Et cela, en « Une » du principal journal américain (donc mondial) navire amiral du progressisme planétaire.
Il serait temps de remettre ces gens à leur place.
Comme ça, par exemple:
Si vous gagnez un award ce soir, ne l’utilisez pas comme une plateforme pour vos discours politiques, O.K. ? Vous n’êtes pas en posture d’éclairer le public sur quoi que ce soit. Vous ne connaissez rien du monde réel. La plupart d’entre vous ont passé moins de temps à l’école que Greta Thunberg. Si vous gagnez, montez sur la scène, prenez votre petit trophée, remerciez votre agent et votre dieu, et cassez-vous (fuck off).
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Ricky Gervais présentant la cérémonie des Golden Globes le 6 janvier 2020, devant le tout-Hollywood (www.benoit-et-moi.fr/2020/2020/01/12/tranche-de-rire-ricky-gervais/)
Faut-il un « Kremlinologue » pour comprendre ce qu’il adviendra de Biden?
lanuovabq.it/it/se-occorre-un-cremlinologo-per-capire-che-ne-sara-di-biden
Pressions sur Biden pour qu’il se retire : George Clooney se rajoute, mais dans son dos, Obama agit. Autant de coulisses d’une politique américaine désormais opaque, à l’image de celle du Kremlin.
Pressions sur Biden, pour le convaincre de se retirer de la course, après les prestations catastrophiques des dernières semaines, à commencer par le débat télévisé du 29 juin, remporté par Trump. Outre les démocrates, auxquels se joint le leader de la majorité au Sénat Chuck Schumer (qui ne s’est pas exprimé clairement, mais a laissé entendre qu’il était prêt, au moment opportun, à se débarrasser du président), il y a aussi une personne qui ne fait pas de politique, bien qu’elle ait toujours été en politique: George Clooney.
La star hollywoodienne, grand soutien du Parti démocrate et sponsor de Barack Obama depuis 2008, a écrit un éditorial dans le New York Times dans lequel il appelle le président à démissionner. N’utilisant pas les demi-mots de Schumer, il est explicite, surtout si l’on considère que l’article commence par une déclaration d’amour à Biden, suivie d’un « mais ». « Mais il y a une bataille que vous ne pouvez pas gagner, celle contre la fuite du temps ». Et il n’y a rien de pire que de déclarer son amitié, son estime et son amour, pour continuer avec des arguments opposés après un « mais ». Car c’est l’équivalent du « nous resterons amis » dans une relation qui se brise, ou du « nous vous tiendrons au courant » après un entretien qui a mal tourné.
L’arrière-plan est significatif : le New York Times est le principal organe de presse progressiste. Depuis l’élection de 2016, il a abandonné son » objectivité » (déjà plus théorique que réelle) pour devenir un journal politique sans équivoque. Recevoir une invitation à se retirer sur un éditorial du New York Times, ce n’est pas comme recevoir une critique négative sur la Pravda à l’époque de Staline, mais presque. « Ce n’est pas seulement mon opinion, c’est celle de tous les sénateurs, membres du Congrès et gouverneurs à qui j’ai parlé en privé, en dépit de ce qu’ils disent en public ». George Clooney souligne un concept encore plus terrible. Même s’ils vous sourient encore, dit-il au président, sachez qu’ils vous considèrent déjà comme un homme mort.
Le lendemain de la publication de l’article de George Clooney, le journal démocrate Politico, l’un des meilleurs pour connaître les secrets de Washington, a révélé une autre histoire. Selon ses sources, Clooney avait contacté l’ancien président Obama pour lui expliquer son intention de publier cet éditorial sur Biden. Obama ne l’aurait pas encouragé, mais ne s’y serait pas opposé non plus.
Clooney, outil d’Obama ? L’acteur peut certainement s’exprimer librement, sans risquer de diviser le parti. Obama est contraint à une attitude plus prudente, mais a manifestement la même idée : remplacer Biden dans la course. Nancy Pelosi, ancienne présidente de la Chambre des représentants, aujourd’hui à la retraite mais toujours pleine de contacts et d’influence, s’inscrit dans la même logique.
Lors de l’événement du 16 juin au cours duquel 30 millions de dollars ont été récoltés pour la campagne de Biden, Barck Obama et George Clooney étaient tous deux présents. Ce dernier faisait partie des organisateurs de la soirée, avec Julia Roberts et les discours de Barbra Streisand et Jack Black. Il existe des versions contradictoires sur le déroulement du discours de Joe Biden à cette occasion. Mais selon des sources proches de Clooney, il devait s’agir d’une préquelle au débat du 29 juin, avec des fuites de mémoire et des scènes muettes embarrassantes. C’est sans doute à cette occasion que l’ancien président a décidé qu’il était préférable pour l’ensemble du parti de changer de candidat.
Mais est-ce seulement depuis la mi-juin qu’ils ont compris que Biden était inéligible ? Pendant quatre ans, les médias, à l’unisson, ont continué à taire ce qui était évident. Ce n’est que ce mois-ci que d’anciens rédacteurs en chef et journalistes ont exprimé leur frustration et révélé qu’ils n’avaient jamais pu percer l’épais brouillard d’informations entourant le sommet américain.
La vraie nouvelle, cependant, c’est que pour comprendre le déroulement de la course à la présidence des États-Unis, il faut recourir à des indiscrétions, à des histoires en coulisses et à des articles « révélateurs ». S’il y a un signe de crise dans une démocratie, le voici. Précisément aux États-Unis, une nation qui s’enorgueillit de la transparence de son système de sélection de ses dirigeants, avec des élections primaires ouvertes et concurrentielles, avant de voter pour le président. Si nous avons maintenant besoin de méthodes de « kremlinologues » pour comprendre ce qui se passe entre les murs de la Maison Blanche et sonder les manœuvres autour d’un président candidat à sa réélection, c’est qu’il y a un problème. Il ne manque plus que la violence du Kremlin, mais il y a, même là, une grande marge de détérioration.
Stefano Magni