Le secrétaire de Benoît XVI s’apprête à prendre ses fonctions à Vilnus, après son année de punition à Fribourg. Pour l’occasion, il a accordé une interview au quotidien populaire allemand « Bild », résumée par la revue catholique italienne « Il Timone ». On n’y apprend rien de nouveau, sauf la date de son installation, elle est donc à lire entre les lignes (selon moi).
Visiblement, Mgr Gänswein cultive la vertu d’obéissance. A l’Eglise certes, mais aussi à Benoît XVI, à qui on peut supposer qu’il a promis de ne rien dire qui puisse compromettre François. C’est en ce sens qu’il faut comprendre (là encore, c’est mon opinion) le péan à ce dernier.

Gänswein : « L’année la plus difficile de ma vie est derrière moi.

Benoît XVI ? Il me manque ».


Il Timone
Photo Bild

« Ma nouvelle mission est un grand défi pour lequel je suis prêt« .

C’est un Georg Gänswein serein et confiant qui, dimanche, a été interviewé dans les colonnes du quotidien allemand Bild.

Au cours d’un entretien avec la journaliste Tanja May, l’archevêque et secrétaire historique de Benoît XVI a tout d’abord fait part de son enthousiasme pour sa nouvelle nomination en tant que nonce apostolique dans les pays baltes, à Vilnius, où il arrivera dans exactement dix jours, le 22 août, dépassant ainsi le séjour à Fribourg qui lui a été imposé par Rome en mai 2023, cinq mois seulement après la mort de Benoît XVI.

C’est précisément à Benoît XVI, dont il a été proche pendant 27 ans (d’abord comme collaborateur de la Congrégation de la doctrine de la foi, puis à partir de 2003, plus étroitement, comme secrétaire), qu’il a réservé une pensée nostalgique au cours de l’entretien avec le journal allemand :

« Le pape Benoît me manque Visuellement et physiquement, il est absent, mais spirituellement, il est presque omniprésent« .

Lorsque l’interviewer a demandé à Monseigneur Georg Gänswein si les rumeurs de difficultés, voire de frictions, entre le pontife allemand et le pape François étaient fondées, il a répondu qu’il les considérait comme des absurdités du passé :

« Maintenant, je souris quand je lis ou j’entends ce genre de choses« .

Cependant, même si l’interview qu’il a donnée était absolument sereine et pleine de confiance en l’avenir, le secrétaire historique de Ratzinger n’a pas manqué d’exprimer sa souffrance pour la période – qui s’achève enfin – qu’il a vécue jusqu’à présent à Fribourg, allant jusqu’à la décrire comme :

« L’année la plus difficile de ma vie est derrière moi. Mais je me suis réconcilié. Heureusement, je n’ai pas eu de problèmes, même si j’avais d’autres projets, qui ne se sont pas réalisés. La foi et la prière ont été et sont toujours mes meilleurs auxiliaires, m’apportant soutien et force, surtout dans les moments difficiles« .

Sans rien enlever à cette riche et intéressante interview accordée au journal Bild, il faut préciser que ce n’est pas la première fois que Monseigneur Gänswein raconte la période difficile qu’il a vécue après son départ du Vatican. En effet, dès le mois de juin dernier, dans une interview en grande partie diffusée sur le site de Il Timone, l’archevêque avait fait part de l’amertume avec laquelle, bien qu’obéissant pleinement au Saint-Père, il avait quitté Rome pour retourner dans sa ville natale. Une expérience qu’il avait lui-même qualifiée, avec des mots forts, d' »exil ».

« En fait, pas mal de gens ont eu l’impression que j’avais été envoyé « en exil« , à vrai dire, j’ai ressenti la même chose, mais j’ai suivi sans me plaindre les instructions claires du pape selon lesquelles je devais retourner dans ma ville natale, Fribourg, même si on ne m’avait pas attribué de nouveau poste. Ce fut une expérience personnelle amère. Mais je ne me suis pas laissé décourager et j’ai espéré et prié pour qu’un jour une nouvelle affectation m’attende« .

Aujourd’hui, l’exil proprement dit est définitivement terminé et Gänswein peut retourner servir l’Église au mieux de ses capacités.

Le nonce apostolique nouvellement nommé dans les pays baltes a une nouvelle fois expliqué au journal allemand Bild de quelle manière il entendait le faire, en se référant notamment à un beau passage de la lettre de Paul aux Philippiens :

« Je ne fais qu’une chose : j’oublie ce qui est derrière moi et je vais vers ce qui est devant moi » (Ph 3,13).

Tout cela, on l’imagine, non seulement avec une foi totale dans l’Église, mais aussi, et toujours, avec Benoît XVI dans le cœur.

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