Oyez, oyez: KAMALA HARRIS L’A EMPORTÉ!. Depuis hier, c’est le slogan que nous entendons tourner en boucle sur les médias français unanimes, sans la moindre nuance. Oh, ce n’est pas tout à fait une fake new, mais c’est quand même un mensonge, au moins par omission. Si l’information était honnête (là, on rêve carrément), ils auraient pu au moins préciser que le face-à-face s’était déroulé sur ABC. Soit une chaîne éhontément ,partisane (que n’aurait-on entendu si ç’avait été Fox News!), ce que les Français ne sont pas censés savoir.
Ce parti-pris, qui reste intact depuis au moins 9 ans laisse mal augurer de la suite. Préparons-nous à en entendre de belles, d’ici le 4 novembre prochain. Et bon courage à Donald Trump, qui n’en manque pas: « ils » feront TOUT pour l’empêcher de gagner. Vraiment TOUT.

Donald Trump nel dibattito della ABC

Débat présidentiel américain : ABC News laisse Kamala Harris gagner

Stefano Magni
lanuovabq.it/it/dibattito-presidenziale-usa-abc-news-fa-vincere-kamala-harris

Débat télévisé présidentiel entre Kamala Harris et Donald Trump. Les sondages donnent la victoire à la vice-présidente. Mais c’est aussi grâce à des présentateurs partiaux qui ne l’ont jamais mise en difficulté et n’ont cessé de corriger l’ancien président républicain.

Le débat présidentiel de la chaîne américaine ABC, le deuxième de la campagne, mais le premier entre Kamala Harris et Donald Trump, s’est terminé comme tout le monde s’y attendait : avec une proclamation de victoire pour la candidate démocrate, mais un électorat qui risque de se retrancher dans les choix faits avant l’émission. Faute de coup d’éclat (rien de comparable à la nette défaite de Biden lors du premier débat fin juin), ce deuxième affrontement ne servira guère à faire basculer les votes, ni à faire se décider les indépendants et les indécis. Surtout, un aspect a provoqué l’indignation des partisans de Trump : la partisanerie des présentateurs, qui a vraiment dépassé toutes les limites.

Sur David Muir et Linsey Davis, les journalistes d’ABC qui ont animé le débat, l’ancienne collègue (aujourd’hui journaliste indépendante) Megyn Kelly, a écrit une critique cinglante.

Je suis dégoûtée. J’ai honte de ces modérateurs d’ABC News. Ils ont fait exactement ce que leurs patrons voulaient qu’ils fassent. La personne qui dirige ABC News est une amie proche de Kamala Harris et est responsable de la rencontre entre Kamala Harris et son mari. Ce soir, ils ont fait ce que Dana Walden leur demandait. Ce soir, sur la scène du débat, c’était « trois contre un ».

A vrai dire, les présentateurs ont commencé par une question qui aurait pu faire tomber Kamala Harris immédiatement : les Américains sont-ils mieux lotis aujourd’hui qu’il y a quatre ans ? Si la candidate et actuelle vice-présidente avait répondu « oui », elle aurait dû le prouver. Et c’est impossible, car selon le sondage périodique de Gallup, seuls 25 % des Américains sont satisfaits de la situation actuelle, et la confiance dans l’économie a encore perdu 27 points de pourcentage au mois d’août.

Si Harris avait répondu « non », elle aurait dû montrer qu’elle n’était pas d’accord avec la politique économique de Joe Biden, son président. Mais Harris n’a pas répondu. Elle a prononcé un petit discours sur ses origines dans la classe moyenne et quelques slogans sur son « économie de l’opportunité » et personne n’a insisté. Trump a cité des données sur « l’inflation la plus élevée jamais enregistrée » (9,1 %) et les fact checkers sont intervenus, notant qu’il y a eu des périodes dans l’histoire des Etats-Unis où l’inflation a été encore plus élevée.

Ce qui était nouveau par rapport au débat précédent, c’était la participation directe des présentateurs en qualité de fact checkers, même lorsque Trump avait raison. Sur l’avortement, par exemple, . Trump n’avait pas tort lorsqu’il a affirmé que les démocrates et le ticket présidentiel Harris-Walz étaient en faveur de l’avortement tardif et contre la protection des enfants déjà nés (voir l’article de Luca Volontè ci-dessous). Mais les présentateurs l’ont fait taire en l’accusant de mentir, sans appel. Et lorsque c’est Kamala qui a accusé son rival de choses qu’il n’a pas dans son programme (l’habituel « projet 2025 » qui vient de la Heritage Foundation et non de Trump, ou l’interdiction nationale de l’avortement), seul Trump a été autorisé à s’auto-défendre.

On a demandé à Harris d’expliquer pourquoi elle avait changé d’avis sur les techniques de fracking pour l’extraction du gaz de schiste : jusqu’à sa campagne électorale de 2020, elle était en faveur d’une interdiction. Aujourd’hui, elle ne l’est plus, pour ne pas perdre de voix en Pennsylvanie, où l’on vit du fracking. Harris a donné une explication quelque peu confuse, seul Trump a essayé de la presser, mais à ce stade, ce sont les présentateurs qui l’ont sauvée en changeant de sujet.

Et encore, lorsque Trump lui a rappelé son idée d’interdire la possession d’armes à feu et d’abolir l’assurance maladie privée, Harris a nié vouloir l’un ou l’autre de ces programmes, se qualifiant fièrement de femme armée. Mais ces points figuraient dans son programme électoral pour 2020, et personne n’a jamais pensé à vérifier ses affirmations.

Outre les échanges d’insultes et de piques personnelles, c’est sur les questions de politique étrangère que le débat a été le plus marqué par des irrégularités.

Trump, avec raison, a accusé l’administration d’avoir conduit une retraite désastreuse en Afghanistan, Harris a répondu que l’accord avec les Talibans était l’œuvre de Trump (oui, mais pas la gestion de la retraite par l’administration, comme l’a encore répliqué l’ancien président).

En ce qui concerne l’Ukraine, Trump continue d’affirmer qu’il peut mettre fin à la guerre en un jour, mais sans expliquer comment. Harris l’accuse de vouloir donner l’Ukraine à Poutine et se vante d’avoir rencontré Zelensky à la veille du conflit. Mais, comme le rappelle Trump, trois jours après cette rencontre, la Russie a envahi le pays. Quelque chose, manifestement, n’a pas fonctionné dans la diplomatie de la vice-présidente.

L’ex-président républicain accuse son adversaire de détester Israël. Elle répond en disant que les Israéliens ont le droit à l’autodéfense et les Palestiniens à leur propre État. Là, c’est Harris qui se donne pour objectif d’arrêter la guerre maintenant. Comment ? On ne le sait pas.

L’idée qu’un observateur non partisan peut se faire est que nous avons deux candidats qui manquent tous deux d’une vision claire en matière de politique étrangère.

Mais de toute façon, ce que tout le monde retiendra, grâce aux caricatures et aux memes, ce sera seulement « les chatons mangés par les immigrés ». Trump, avec sa façon habituelle de parler, pour condamner l’immigration sauvage, a sorti de son chapeau cette image grand-guignolesque, qui a été immédiatement rejetée par les présentateurs et les fact checkers : aucun chat ou chien n’a jamais été tué ou blessé par des immigrés à Springfield, Ohio, il n’y a aucune preuve. Nous pouvons donc changer de sujet et nous éloigner du vrai problème : des millions (au moins 11) de franchissements illégaux de la frontière sud depuis janvier 2021. Et Harris était en charge de la politique de l’administration sur la frontière sud elle-même.

Le sondage instantané de CNN donne la victoire à Kamala Harris, avec des pourcentages presque bulgares. Mais ce sont les électeurs qui en jugeront.


Harris contre Trump, faisons un vrai fact checking sur l’avortement

Luca Volontè
lanuovabq.it/it/harris-contro-trump-facciamo-veramente-il-fact-checking-sullaborto

Lors du débat entre Kamala Harris et Donald Trump, les animateurs de la chaîne ABC sont intervenus pour réfuter les accusations de Trump sur les avortements tardifs des démocrates. Mais l’ancien président a raison.

Dans la fougue des supporters démocrates d’ABC News, les journalistes ont bidouillé le « fact checking » diffusé pendant le débat pour tenter de dissimuler le radicalisme de Harris et du parti démocrate sur la question de l’avortement, c’est-à-dire la protection de l’être humain conçu ou la légalisation du meurtre de l’innocent. Dommage que ces dérapages aient ensuite été servilement répétés dans la presse mondiale. Quand le débat a porté sur l’avortement, Trump a insisté sur le fait qu’« ils (certains États dirigés par des démocrates) autorisent les avortements jusqu’au neuvième mois ».

Qualifiant la position des démocrates sur l’avortement de « radicale “, l’ancien président a déclaré que le candidat démocrate à la vice-présidence et gouverneur du Minnesota, Tim Walz, pensait que ” l’avortement au neuvième mois était tout à fait acceptable ». Il faisait clairement référence à la législation signée par le gouverneur d’alors, Tim Walz, et promulguée dans le Minnesota le 31 janvier et le 27 avril 2023, qui autorise notamment l’avortement à tous les stades de la gestation et même à la naissance, et supprime tout financement public des centres pro-vie dans l’État. Lors du débat de lundi, Trump a également affirmé que Walz soutenait « l’exécution de l’enfant à naître, même après sa naissance », ajoutant son opposition, accusant les démocrates d’être « radicaux » et expliquant pourquoi il voterait contre l’amendement 4 à la Constitution de Floride, qui établirait le droit absolu à l’avortement dans la charte fondamentale de l’État.

C’est à ce moment-là que Linsey Davis, présentatrice d’ABC News, est entrée dans le débat en proposant un « fact check » des commentaires de Trump, affirmant qu’il n’y aurait « aucun État dans ce pays où il est légal de tuer un bébé après sa naissance ». Malheureusement, on sait qu’il existe au contraire plusieurs États dirigés par des démocrates qui ont aboli toute protection et tout soin pour les enfants nés vivants, même après un avortement, qui autorisent leur meurtre et dont la législation permet l’avortement à tous les stades de la gestation. L’un d’entre eux est le Minnesota, tandis que les deux autres sont les États de l’Illinois et de New York, dirigés par les démocrates, comme le montrent les recherches menées par le Family Research Council.

Harris a affirmé que « si Donald Trump était réélu, il signerait une interdiction nationale de l’avortement », une affirmation totalement fausse que Trump a rejetée en déclarant :

« Je ne signerai pas d’interdiction et il n’y a aucune raison de signer une interdiction parce que cette question a maintenant été prise en charge par les États »,

en référence à l’arrêt historique de 2022 de la Cour suprême Dobbs v. Jackson Women’s Health Organization, qui a aboli la pratique consistant à considérer l’avortement comme un droit fédéral.

A l’évidence, les journalistes d’ABC ne savaient même pas qu’en 2019, 44 sénateurs démocrates, dont Kamala Harris, avaient voté contre un projet de loi (« Born-Alive Abortion Survivors Protection Act ») qui aurait permis de protéger les enfants nés vivants après un avortement.

Plus tard dans le débat, Kamala Harris a qualifié les lois restreignant l’avortement dans plusieurs États dirigés par des républicains de véritables « interdictions de l’avortement voulues par Trump », parce que ce dernier avait nommé des juges de la Cour suprême pendant sa présidence qui avaient contribué à créer une majorité contre la libéralisation de l’avortement en 1973 dans l’affaire « Roe v. Wade ».

Il convient plutôt de noter que, encore lors du débat de lundi, Harris a refusé de répondre à la question directe de savoir si elle était favorable à l’avortement jusqu’à la naissance, alors qu’à ce jour, six États plus le district fédéral de Washington D.C. n’imposent pas de restrictions à l’avortement, et que dans 11 autres États, des débats, des votes ou des référendums sont en cours pour autoriser l’avortement jusqu’à la naissance si un professionnel de la santé détermine que la mère en a besoin.

Il est étonnant de constater qu’un jour après son débat avec Donald Trump, la vice-présidente Kamala Harris a dévoilé un programme politique qui pourrait obliger les entreprises chrétiennes à participer à l’avortement, s’est engagée à signer un projet de loi national sur l’expansion de l’avortement, a soumettre la question à la Cour Suprême, etc…

Jusqu’à lundi matin, la section ‘questions’ du site de campagne de Kamala Harris n’existait pas, depuis hier elle existe et s’appelle A New Way Forward…où il est répété que si elle est élue, Harris « ne permettra jamais qu’une interdiction nationale de l’avortement devienne une loi. Et lorsque le Congrès adoptera un projet de loi visant à rétablir la liberté de reproduction à l’échelle nationale, elle le signera ».

Avec le soutien de Taylor Swift, la fille aux chats qui préfère les félins aux bébés, pour l’instant.

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