Chez nos voisins italiens, la presse (de gauche, mais c’est un pléonasme) daube abondamment sur les proches du Premier ministre Giorgia Meloni, auxquels elle aurait accordé des promotions/faveurs discutables. Ses sœurs, et surtout le mari d’une d’elles, Francesco Lollobrigida, dit Lollo, petit-neveu de l’actrice, ministre de l’agriculture depuis 2022 (apparemment, ils se sont séparés en 2024).
Les mêmes médias, pourtant, sont étrangement muets sur la promotion de Stéphane Séjourné au poste de vice-président de la commission européenne par faveur du président ex-jupitérien (selon le qualificatif inepte dont l’ont affublé les médias) et accessoirement de l’ex-premier ministre.
A ce sujet, Mario Adinolfi (figure totalement atypique de la politique italienne, je renonce à le présenter, ce serait trop long) a troussé un petit billet ironique tout à fait réjouissant. Seule réserve: il semble croire que les médias français sont plus libres et plus percutants que ceux italiens. On ne doit pas avoir les mêmes lectures.
DES CARRIÈRES FULGURANTES ET UN « MARI » FRANÇAIS
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Mario Adinolfi
J’ai lu avec intérêt l’article de Repubblica intitulé « Giorgia, Arianna, Patrizia : la prise du Palazzo Chigi » et dans le même journal un autre titre sur « les sœurs Meloni », tout comme depuis deux ans on gaspille des références méprisantes au « beau-ministre ».
Comme vous savez que je suis la presse étrangère pour mes bulletins matinaux, j’étais curieux de savoir si quelqu’un aurait mentionné dans les titres le fait, souligné par les journaux français, de la nomination à l’improviste par Macron de Stéphane Séjourné à la place de Thierry Breton en tant que vice-président exécutif français au sein de la commission européenne d’Ursula von der Leyen.
Je me serais attendu à des articles dans la Repubblica et le Corriere della Sera avec des titres similaires aux titres français sur le « Paris des copains » ou au moins un « Emmanuel, Gabriel, Stéphane : la mainmise de l’Élysée sur l’UE ».
Rien.
En Italie, pas même un titre disant que le nouveau commissaire européen était le « mari » [en fait, ils étaient seulement pacsés, ndt] du premier ministre voulu par Macron, Gabriel Attal.
Gabriel, premier ministre, avait nommé Stéphane ministre des affaires étrangères dans son gouvernement.
Le gouvernement vient de tomber, Gabriel et Stéphane se sont séparés, Stéphane va être le vice-président européen nommé par Emmanuel qui avait nommé Gabriel.
Petit détail : Stéphane a été ministre des affaires étrangères et sera vice-président de l’UE sans parler un mot d’anglais et en faisant des fautes d’orthographe grossières en français (il s’est empressé de rappeler qu’il était dyslexique dans son enfance).
Après un été consacré aux sœurs Meloni et au ministre de la culture non diplômé, après deux ans consacrés au beau-ministre, je m’attendais à ce que les événements français de ces dernières heures inspirent au moins un titre libérateur: « le monde est petit » [Tutto il mondo è paese]
Au lieu de cela, Lollo est (ex) beau-frère et on peut s’en moquer, Stéphane est (ex) mari mais il vaut mieux que les Italiens ne le sachent pas, les gros titres doivent être réservés aux sœurs Meloni
Et puis le lobby bien connu est susceptible, et si vous laissez vaguement entendre qu’il n’occupe des postes de pouvoir en Europe que grâce à des « compétences relationnelles » et certainement pas grâce à son mérite, on vous accuse d’homophobie.
Vous ne trouverez donc rien dans les titres des journaux italiens (quelques allusions dans les textes des articles).
Pour comprendre pourquoi Macron s’est soudainement débarrassé de Thierry Breton pour placer au poste très rémunéré de vice-président exécutif de la Commission européenne, aux pouvoirs illimités, l’ex-mari d’un premier ministre qui l’avait précédemment nommé comme son propre ministre des affaires étrangères, allez lire l’histoire dans les journaux français.
Ils sont plus libres et aussi nettement plus énervés [bof!!!].