La Bussola (Stefano Magni), donne des informations que vous ne lirez pas forcément dans la presse française, où la nouvelle a été évacuée à la vitesse de l’éclair – au profit d’un fait divers sexuel sordide, hyper-marginal, même pour la cause féministe, qui aurait sa place dans « Détectives » mais pas comme sujet de société prioritaire des Français -, déplaçant par exemple la perception en mettant l’accent sur la sécurité des présidents et des anciens présidents américains en général… ce qui n’est pas vraiment le sujet essentiel ici.
.
Second attentat contre Trump en deux mois. Et la haine continue
Stefano Magni
lanuovabq.it/it/secondo-attentato-a-trump-in-due-mesi-e-lodio-continua
Trump échappe à un deuxième attentat. L’aspirant terroriste est un homme de 58 ans, volontaire en Ukraine, déçu par l’ancien président. Grave défaillance des services de renseignement : des informations sur la localisation du candidat ont été divulguées. Après le premier attentat, la campagne de haine contre Trump ne s’est jamais calmée.
Et de deux.
Dimanche 15 septembre, Trump a subi le deuxième attentat et, cette fois encore, il a survécu. C’est un record : deux attentats ratés contre un candidat, en seulement deux mois. C’est une première, même pour la vie politique agitée des États-Unis.
Le kamikaze n’a pas eu le temps de tirer, il a été intercepté avant, mais il était déjà embusqué depuis 12 heures dans une position de tir bien préparée, dans un bois en bordure du terrain de golf où le candidat à la présidence jouait avec l’un de ses soutiens, Steve Witkoff, à West Palm Beach, en Floride, non loin de la résidence de Trump à Mar a Lago.
Le président allait se rendre au trou numéro 6 du terrain de golf et était précédé d’un agent des services secrets en reconnaissance.
L’agent aperçoit, dans un buisson non loin du trou numéro 6, un canon de fusil dépassant de la clôture et appelle des renforts. Après avoir tiré en direction du potentiel terroriste, la poursuite s’engage : l’homme embusqué, sans même riposter, abandonne l’arme (un fusil à lunette) et s’enfuit à bord d’un pick-up muni de fausses plaques d’immatriculation, provenant d’une voiture volée. Il est rapidement intercepté et arrêté par la police.
L’homme s’avère être Ryan Routh, 58 ans, huit condamnations antérieures, deux arrestations derrière lui : une en 2002 pour détention illégale d’une arme de guerre (une mitrailleuse) et une en 2010 pour recel.
Républicain, il avait voté pour Trump en 2016, puis était devenu électeur démocrate car il était surtout déçu par la nouvelle politique étrangère du Great Old Party qui, avec Trump, était revenu à l’isolationnisme.
En avril 2022, il s’était porté volontaire pour combattre en Ukraine, mais avait été refusé en raison de son âge (56 ans à l’époque). Resté quelques mois à Kiev, il souhaitait coordonner le recrutement de volontaires étrangers dans l’armée ukrainienne, bien que la Légion internationale, qui remplit cette même tâche, affirme aujourd’hui que Routh n’a jamais fait partie de l’organisation.
La journaliste Tanya Lukyanova raconte à The Free Press qu’elle l’a rencontré et interviewé durant les derniers mois et le décrit en ces termes :
« C’était un type zélé, un Américain qui voulait vraiment se porter volontaire pour aider l’Ukraine ».
[Mais] « On pouvait voir qu’il était fou, mais je pense que les gens se disaient : “On s’en fiche, il soutient la bonne cause”.
« (…) Tout le monde le connaissait comme un type zélé, un peu trop zélé. Mais personne ne s’en souciait vraiment, parce qu’il était du côté du bien. Il aidait l’Ukraine ».
Jusqu’à ce que, à un certain point, il devienne un terroriste intérieur en puissance.
La guerre en Ukraine a certainement échauffé les esprits aux États-Unis (jamais autant que celle de Gaza) et a accentué la polarisation. La campagne démocrate a toujours exploité l’ambiguïté de la politique de Trump à l’égard de la Russie, même si l’accusation selon laquelle l’ancien président était un Manchurian Candidate, donc un agent du Kremlin, a aujourd’hui été abandonnée. L’enquête Russiagate, qui a duré toutes les années du mandat de Trump, s’est terminée dans une impasse.
Mais tant chez les démocrates que dans les médias qui leur sont proches, on continue d’avancer l’argument que Trump est le candidat favori des dictateurs. La candidate Kamala Harris l’a d’ailleurs dit lors de la Convention nationale démocrate en août et l’a réitéré lors de la première confrontation télévisée avec Trump la semaine dernière. L’argument a été réfuté par Poutine lui-même, qui a déclaré qu’il préférerait une victoire de Kamala Harris lors de la prochaine élection [mais il faut préciser que Poutine plaisantait, comme le prouvait son visage hilare lorsqu’il a prononcé ces mots]. Mais l’idéologie, comme toujours, résiste à l’épreuve de la réalité.
Outre la politique, qui fait inévitablement monter le ton dans une campagne électorale, ce sont les médias qui ont joué un mauvais rôle.
Après les coups de feu de Butler, en Pennsylvanie, les grandes chaînes ont très vite enterré la nouvelle. Comme le note Ashley Rindsberg sur UnHerd,
«Ici, c’est justement parce qu’on n’a pas essayé que nous avons peu d’informations nouvelles sur la fusillade de Butler, et la presse américaine a largement laissé tomber l’histoire. Nous n’avons pratiquement pas vu de groupes de travail journalistiques – du type de ceux qui ont été constitués par presque toutes les salles de rédaction pour donner suite aux accusations, pour la plupart fausses, concernant les liens entre Trump et la Russie – ni d’enquêtes approfondies des services de renseignement. Les médias, peu enclins à dépeindre Trump comme une victime ou un quasi-martyr, ont trouvé de nouveaux sujets à aborder ».
Au contraire, la rhétorique incendiaire contre Trump, et donc contre la victime, s’est poursuivie.
Ironie du sort, le Los Angeles Times a publié le jour même de ce deuxième attentat un éditorial exhortant les lecteurs à prendre au sérieux la menace d’une dictature de Donald Trump.
Dès que la campagne démocrate a repris avec la candidature de Harris, les accusations habituelles ont repris. Trump a été publiquement qualifié de « fasciste » par la députée démocrate Alexandria Ocasio Cortez. Il a été publiquement qualifié de « menace existentielle pour la démocratie » par le sénateur démocrate Martin Heinrich. Le président Joe Biden lui-même et la députée (et candidate) Kamala Harris ont répété l’accusation (prouvée fausse, depuis des années) concernant le soutien présumé de Trump aux néo-nazis responsables du meurtre d’un militant de gauche à Charlottesville en 2017. Trump n’a jamais qualifié ces néonazis de « gentils », mais c’est ce que ses ennemis continuent de raconter.
La leçon sur la sécurité du candidat républicain n’a pas non plus été retenue. À Butler, le tireur, un jeune aspirant terroriste sans formation militaire, avait pu se tapir sans être dérangé sur un toit surplombant l’estrade où Trump s’exprimait, à moins de deux cents mètres, sans être gêné par sa vue. Les services secrets l’ont tué, mais après qu’il eut déjà tiré huit coups de feu, blessé Trump, tué Corey Comperatore, qui se trouvait dans l’assistance, et provoqué la mort de deux autres personnes.
À West Palm Beach, les services ont agi à temps et sont au moins intervenus avant que le kamikaze ne tire.
Mais l’épisode n’en démontre pas moins une défaillance du renseignement : un homme avec un casier judiciaire et un homme armé savaient exactement où et quand Trump allait jouer au golf, dans une partie privée et non annoncée, connaissant ainsi des données qui auraient dû rester secrètes.
On pense, à ce stade, qu’il pourrait même y avoir une taupe dans l’équipe de l’ancien président.
Nous attendons des nouvelles supplémentaires de la grande presse américaine, à condition qu’au moins cette fois-ci elle suive cette ligne d’enquête et ne rejette pas immédiatement les nouvelles, comme elle l’a fait, il y a deux mois, après Butler.