La note du DDF sur Medjugorge peut être lue selon un point de vue purement profane (en gros, celui des médias athées et du monde laïc, qui ne sont ni l’un ni l’autre concernés et qui jubilent, donc même si elle semble largement partageable, on en comprend mal l’intérêt de la note), soit avec les yeux de la foi – et là, les choses sont totalement différentes. Le problème n’est pas la croyance ou non dans les apparitions de Medjugorje, mais dans l’attitude de l’Eglise face à toutes les apparitions et plus généralement à tous les phénomènes miraculeux: l’Eglise aujourd’hui croit-elle encore que Dieu est capable d’intervenir dans l’histoire de cette façon? Pour dire les choses plus crûment: qu’aurait dit Tucho Fernandez, s’il avait été en charge à l’époque, des apparitions de Lourdes? Et de celles de Fatima?
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Voici l’analyse d’un lecteur du blog d’AMV.

… non seulement la Note propose de contrôler le contenu des messages de la Vierge ; non seulement elle attribue aux hommes le pouvoir d’interférer avec les choix de la Mère de Dieu, mais elle déforme également le mécanisme que la Sainte Vierge avait indiqué à Miriana, en introduisant un passage non prévu, à savoir l’examen par le Visiteur Apostolique avec la possibilité que lui (ou qui que ce soit d’autre) puisse empêcher sa diffusion.

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Il y a de bonnes raisons de soupçonner que la Note est en réalité un stratagème astucieux et bien déguisé pour éviter le risque que des événements soient révélés du Ciel ou que des jugements soient exprimés qui ne plaisent pas à l’actuelle hiérarchie ecclésiastique.

Sur Medjugorje, une norme-couperet imposée par le Vatican 

La longue Note du Dicastère pour la Doctrine de la Foi signée par le Préfet Fernández et concernant les apparitions mariales de Medjugorje (Note qui, soit dit en passant, est un modèle de cerchiobottismo [*] rhétorique visant à ne déplaire à personne et à faire plaisir à tout le monde) recèle en elle-même une norme disruptive : c’est la prémisse nécessaire pour reproposer la censure que le Saint-Siège a mise en place à l’époque où il n’a pas accepté la requête de Sœur Lucie de dévoiler au monde la partie finale du message que la Vierge lui avait confié à Fatima, un message qui, dans les intentions de la Mère de Dieu, devait être publié en 1961 et qui, au contraire, à cause de la désobéissance de Jean XXIII, a été caché et, de plus, n’a jamais été entièrement dévoilé !

Au paragraphe 39 de la Note, nous lisons :

Le Visiteur apostolique (…) discernera alors les messages futurs – ou les messages passés qui n’ont pas encore été publiés – et devra autoriser leur éventuelle publication.

Cette disposition apparemment anodine (et habilement dissimulée dans le générique) est en réalité un lourd couperet qui pèse sur les dix secrets que la Vierge a confiés aux six voyants et qu’un seul d’entre eux – à savoir la voyante Miriana – devra révéler au monde par l’intermédiaire du père Petar Ljubiciciclorsque le temps de la publication sera venu.

La norme-couperet en question, non seulement propose de contrôler le contenu des messages de la Vierge ; non seulement elle attribue aux hommes le pouvoir d’interférer avec les choix de la Mère de Dieu, mais elle déforme également le mécanisme que la Sainte Vierge avait indiqué à Miriana, en introduisant un passage non prévu, à savoir l’examen par le Visiteur Apostolique avec la possibilité que lui (ou qui que ce soit d’autre) puisse empêcher sa diffusion.

Il va de soi que le Père Petar Ljubicic, franciscain, face au refus du Saint-Siège de révéler un ou plusieurs des dix secrets de Medjugorje, n’aura d’autre choix que de se conformer à l’ordre qui lui a été donné en vertu de son vœu d’obéissance ; et la voyante Miriana devra également se taire car la Vierge lui a indiqué que les secrets devaient être révélés par un prêtre choisi par Miriana (le Père Ljubicic, précisément) et non par la voyante elle-même.

Enfin, même les messages individuels que la Sainte Vierge confie habituellement une fois par mois à la voyante Marja, ou annuellement à certains autres voyants, doivent désormais passer sous les fourches caudines du Visiteur Apostolique, qui autorisera ou non leur éventuelle publication. Et il est bon de noter ici que le texte de Fernández ne parle pas de publication tout court, mais de publication « éventuelle », sous-entendant que la pratique normale doit être le secret des messages.

Enfin, il faut se demander de quel droit l’Église peut passer au crible des messages que la Note Fernández elle-même ne reconnaît pas comme surnaturels et dont elle définit les destinataires comme des voyants « supposés » : en bref, quel sens cela a-t-il pour un Visiteur apostolique de passer au crible de banales « présomptions », qui ne sont même pas surnaturelles ?

A la lumière de ce qui précède, il y a de bonnes raisons de soupçonner que la Note du Dicastère pour la Doctrine de la Foi est en réalité un stratagème astucieux et bien déguisé pour éviter le risque que des événements soient révélés du Ciel ou que des jugements soient exprimés qui ne plaisent pas à l’actuelle hiérarchie ecclésiastique.

[*] Ndt
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cerchiobottismo, italianisme évoquant le travail du tonnelier qui donne alternativement un coup au cercle (cerchio) et un coup au tonneau (botte); on pourrait traduire par « ménager la chèvre et le chou »

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