J’apprends ce matin dans Boulevard Voltaire la mort de Maxime Tandonnet à l’âge de 65 ans. Haut fonctionnaire, cultivé, blogueur talentueux, très actif sur X où il ne ménageait pas Emmanuel Macron, je l’aimais bien. Je sais, c’est un peu court comme oraison funèbre, mais je ne m’y attendais pas, et je ne le connaissais pas suffisamment pour en dire plus.
Boulevard Voltaire parle d’un « lanceur d’alerte sur les questions migratoires » mais il était plus et autre chose que cela.
Comme en témoigne l’un de ses derniers billets sur son blog, daté du 17 septembre,, que je me permets de reproduire en guise d’hommage personnel.

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Les vitraux de Notre-Dame ont été épargnés par l’incendie du 15 avril 2019. Conçus par Viollet-le-Duc au XIXe siècle ils sont issus d’une véritable création que l’architecte a voulu fidèle à l’origine gothique de la cathédrale. La commission nationale du patrimoine et de l’architecture est opposée à leur remplacement. Cette commission, qui s’est réunie jeudi 11 juillet 2024, « a émis un avis défavorable à la dépose des vitraux de Viollet-le-Duc« .

Or le chef de l’Etat est favorable au remplacement de ces vitraux par des œuvres d’art moderne. En décembre 2023, il annonçait le lancement d’un concours pour changer les vitraux. Huit mois plus tard, le projet semble se réaliser avec la publication, le mercredi 4 septembre des noms des artistes/vitraillistes chargés d’imaginer les nouveaux vitraux de la cathédrale.

Une question vient aussitôt à l’esprit: en quoi un PR est-il compétent, au regard de l’Etat de droit, pour décider le changement des vitraux de ND? Article 5: « Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités. » En termes d’Etat de droit, il n’a aucune compétence pour statuer sur les vitraux de ND.

Alors évidemment, c’est une habitude des présidents de la Ve: Pompidou et Beaubourg, VGE et le musée d’Orsay, Mitterrand et la pyramide du Louvre, Chirac et le musée des arts premiers. Les présidents, comme des rois ou des empereurs, veulent laisser leur trace dans l’histoire. Et le président Macron entend faire de même avec les vitaux de ND.

Eh bien cette pratique est contestable au regard des fondements de la démocratie: elle viole la Constitution en substituant le fait du prince aux principes de l’Etat de droit. Un président ne dispose d’aucune prérogative faisant de lui le maître des vitraux. Aucune. Notons que seuls de Gaulle et Sarkozy n’ont pas cherché à imprimer leur trace dans la pierre des monuments. Car les présidents n’ont aucune compétence, au sens intellectuel comme au sens juridique, pour statuer sur le destin des monuments historiques.

Comment l’expliquer? par une fuite en avant. Quand le plus haut responsable français (quel qu’il soit) voit la réalité qui se dérobe, le chaos qui s’installe, l’impuissance qui gagne, l’incapacité à améliorer la vie des Français et à préparer l’avenir, il soigne sa trace dans l’histoire. Changer les vitraux de ND, épargnés par l’incendie, c’est une manière d’œuvrer à la déconstruction de l’histoire, chère à notre époque. C’est aussi une manière de compenser la maîtrise perdue sur le monde des réalités. Les vitraux que l’incendie a épargnés, devront céder sous la foudre de Jupiter.

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