J’emprunte ce titre très réussi à Samuel Martin qui, sur Boulevard Voltaire a trempé sa plume dans le vitriol pour présenter la grotesque cérémonie pénitentielle qui a ouvert avant-hier la seconde partie du Synode.
(A propos, la parenthèse belge, qui a fait espérer, ou redouter à certains, que le pape soit devenu conservateur, s’est très vite refermée).
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Luisella Scrosati reprend une récente interview du cardinal Müller, qui passe au crible les nouveaux péchés sans oublier d’envoyer quelques piques bien senties à ses adversaires (« certains anti-intellectuels de l’épiscopat, qui aiment se référer à leurs talents pastoraux en raison de leur manque de formation théologique« ) , qui laissent mal augurer de l’ambiance dans la salle du Synode auquel lui-même participe.

Parfois, il nous vient, peu charitablement, le regret que le ridicule ne tue pas – disons plus sobrement: ne fasse pas disparaître sous terre. Si les noms des cardinaux qui se sont prêtés toute honte bue à cette mascarade sont souvent inconnus (celui de Tucho ne pouvait manquer, et il ne surprendra personne) comment un intellectuel présumé comme le cardinal Schönborn, qui ose par surcroît se présenter comme un disciple de Benoît XVI a-t-il pu proférer ces idioties sans être paralysé par le fou-rire… ou par la honte?

Idéologies ecclésiales

Müller : Les mea culpa synodaux, une litanie à la sauce woke

Luisella Scrosatti
lanuovabq.it/it/mueller-i-mea-culpa-sinodali-una-litania-in-salsa-woke

Beaucoup de politiquement correct et pas la moindre préoccupation pour la crise de la foi dans le Christ : l’ex-préfet de la doctrine de la foi commente la veillée pénitentielle pré-synodale et pointe du doigt les liquidateurs de faillite en soutane.

« Au début du synode sur la synodalité, qui n’est plus un synode des seuls évêques, mais une assemblée mixte qui ne représente nullement l’ensemble de l’Église catholique, il y aura une célébration pénitentielle qui culminera dans le repentir des péchés qui viennent d’être inventés (par les hommes !). »

C’est en ces termes que le cardinal Gerhard Müller a commenté pour Kath.net l’initiative de la Veillée pénitentielle du 1er octobre, annoncée par le Secrétariat du Synode.

Veillée qui a eu lieu ponctuellement, confirmant l’analyse du cardinal, avec une pléthore de « demandes de pardon » logorrhéiques, qui ont dû assourdir jusqu’aux oreilles du Père Éternel. Le témoignage d’une victime d’abus non entendue depuis des années (non, il ne s’agit pas des sœurs abusées par Rupnik), une prosopopée pour les ONG qui sauvent des vies en Méditerranée, une réflexion d’une femme consacrée de la communauté qui fut celle du Père Paolo Dall’Oglio, sj [né en 1954, missionnaire en Syrie, très engagé dans le dialogue avec les musulmans ; il est porté disparu depuis juillet 2013].

Puis le défilé des cardinaux :

  • Czerny demandant pardon « pour avoir transformé la création d’un jardin en un désert », pour la discrimination « contre les peuples indigènes », pour la « globalisation de l’indifférence » face aux tragédies du phénomène migratoire ;
  • O’Malley pour les abus sexuels (peut-être le seul vrai péché, en même temps que crime canonique, sur la liste) ;
  • Farrell pour le péché contre la dignité de la femme et son exploitation « spécialement dans la vie consacrée » (sic !), pour toutes les fois où « nous avons jugé et condamné avant de prendre soin de la fragilité et des blessures de la famille ». Les allusions de Farrell deviennent encore plus explicites lorsqu’il demande pardon pour « avoir volé l’espoir et l’amour des jeunes générations, lorsque nous n’avons pas compris la délicatesse des passages de croissance, des difficultés de la formation de l’identité » et pour l’utilisation « de la peine de mort », qui semble maintenant être devenue un péché a priori.

  • La demande de pardon de López Romero « pour avoir détourné la tête du sacrement des pauvres, préférant nous parer et parer l’autel de préciosités coupables qui enlèvent le pain aux affamés » était désarmante de naïveté; nous ne pouvions pas non plus ne pas mentionner la préférence de rester « dans nos espaces ecclésiaux, malades d’autoréférentialité, résistant à sortir, négligeant la mission dans les périphéries géographiques et existentielles ».

  • C’est au tour de Fernández, qui demande pardon pour toutes les fois où nous n’avons pas été capables d’annoncer l’Évangile comme « une source vivante de nouveauté éternelle, peut-être en l’endoctrinant et en risquant de le réduire à un tas de pierres mortes à jeter aux autres » ; et pour les fois où « nous avons donné des justifications doctrinales à des traitements inhumains ».

  • Schönborn termine sa litanie idéologique par un mea culpa « pour les obstacles que nous avons mis à une Église vraiment synodale et symphonique […], préférant nous écouter nous-mêmes, défendant des opinions et des idéologies qui blessent la communion », et pour avoir « étouffé la pluralité ».

Des invocations au pardon que le pape, peu après, dans son discours, a revendiquées comme ses idées; des idées qui suintent l’idéologie malade, des péchés, comme l’a bien dit Müller, qui sont le fruit de l’imagination des hommes, comme les idoles qui ont inspiré leur « repentance » : l’immigrationnisme, l’environnementalisme, le paupérisme, etc. Des idéologies qui révèlent aussi l’hypocrisie de ceux qui pointent du doigt l’embellissement des autels, mais se font ensuite photographier, note Müller, avec « des oligarques milliardaires ou des “philanthropes” qui exploitent d’abord sans vergogne les grandes masses populaires et sont ensuite célébrés comme leurs bienfaiteurs avec quelques aumônes ».

Loin d’être un véritable appel au pardon,

le catalogue proposé de prétendus péchés contre la doctrine de l’Église, utilisée comme un missile, ou contre la synodalité, quoi que l’on entende par là, apparaît comme une check-list de l’idéologie woke et gender laborieusement maquillée en quelque chose de chrétien, des inventions théologiquement absurdes des “agitateurs” synodaux “, entrecoupées de vrais péchés, comme ceux d’abus sexuels, « pour tromper les gens de bonne foi ».

La critique de l’ex-préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi à l’égard de la « demande de pardon » exprimée par Tucho est encore plus cinglante :

« L’enseignement de l’Église n’est pas, comme le pensent certains anti-intellectuels de l’épiscopat, qui aiment se référer à leurs talents pastoraux en raison de leur manque de formation théologique, une théorie académique sur la foi, mais l’exposition raisonnable de la parole révélée de Dieu (1 P 3, 15), qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité par l’unique médiateur entre Dieu et les hommes ».

L’idéologie irréaliste de ces singulières litanies pénitentielles se manifeste clairement par l’absence dans la liste d’un grave défaut des pasteurs d’aujourd’hui : leur complicité avec les puissances de ce monde et leurs paroles édulcorées par le curialais [jargon curial, ndt], quand elles ne sont pas ouvertement hétérodoxes, qui ont contribué à la désertification de l’Église. L’Eglise, pas l’environnement.

Les partisans de l’« Église synodale », affirme Müller,

« se préoccupent davantage de gagner des positions influentes et de faire passer leurs idéologies non catholiques que de renouveler la foi au Christ dans le cœur des gens.

Le fait que les institutions ecclésiastiques se désintègrent dans des pays autrefois entièrement chrétiens (séminaires vides, communautés religieuses mourantes, mariages et familles brisés, démissions massives de l’Église : plusieurs millions de catholiques en Allemagne) ne les ébranle pas. Ils poursuivent obstinément leur programme, qui vise à détruire l’anthropologie chrétienne, jusqu’à ce que le dernier éteigne la lumière et que les caisses de l’Église soient vides ».

Des curateurs de faillite en soutane.

Le renouveau de l’Église ne passe pas par un pseudo-synode idéologique, mais par la confession de Jésus-Christ:

« Il n’y aura de renouveau de l’Église dans l’Esprit Saint que si le pape confesse courageusement et à haute voix Jésus au nom de tous les chrétiens et lui dit : “Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant” (Mt 16, 16) ».

Tout le contraire de ce qui a été dit à Singapour. Pour ces paroles – au fait – pardonne-nous, Seigneur.

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