Mise à jour importante le 15/10 – Décidément, l’attitude de François dans sa prétendue « lutte » contre la pédophilie dans l’Eglise n’en finit pas de mettre à jour des pratiques de double jeu systématique.
Cette fois, il s’agit d’un prêtre argentin, Alberto Prancipi, démis régulièrement de l’état clérical pour abus sur mineurs, après une sanction de l’autorité compétente (le DDF) puis son « repêchage » par le très trouble substitut de la Secrétairerie d’Etat, le nommé Pena Parra, un protégé du pape… C’est donc une affaire très grave, qui n’est pas sans rappeler l’affaire Rupnik, elle soulève de nombreux problèmes, et pas seulement de droit canonique. Le site catholique américain « The Pillar » enquête.
Luis Badilla qui, après la fermeture de son blog Il Sismografo, continue de suivre de près l’actualité vaticane à travers une « lettre confidentielle » a fait une synthèse publiée par le blog MIL.
Le Substitut Peña Parra et son ingérence dans un procès pour abus sur mineurs.
Une affaire inquiétante.
Hypothèse dévastante : une nouvelle affaire Rupnik ?
Luigi Badilla
(via Messa in Latino)
14 octobre 2024
L’affrontement entre le substitut de la Secrétairerie d’État, Mgr Edgar Peña Parra, prélat vénézuélien controversé, et Mgr John Joseph Kennedy, chef de la section disciplinaire du Dicastère pour la doctrine de la foi (DDF), au sujet de l’expulsion de l’état clérical d’Ariel Alberto Pràncipi, ex-presbytre argentin accusé de pédophilie, s’est mal terminé pour l’archevêque vénézuélien.
Peña Parra, avec des méthodes et des procédures douteuses, a fait tenir un « nouveau » procès par la Secrétairerie d’État pour annuler les sentences contre Ariel Alberto Pràncipi et le réintégrer dans l’état clérical. C’est d’ailleurs à ce moment-là qu’est intervenue la sentence en faveur du prêtre exclu de l’état clérical.
Bref, on voulait clore toute l’affaire comme si rien ne s’était passé, et pourtant il s’agissait de balayer d’un seul coup deux sentences de deux procès réguliers, légaux et légitimes.
Entre-temps, où était le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin ? Qu’a-t-on tenté d’établir? Comment a-t-on pu penser que c’était la Secrétairerie d’État qui décidait en dernier ressort?
Pourtant, tout le monde sait, même Mgr Peña Parra, que les questions de pédophilie sont de la compétence du Dicastère pour la Doctrine de la Foi.
Une affaire grave et inquiétante
L’affaire, plutôt grave et inquiétante, est relatée dans un long article de The Pillar, qui relève notamment des passages soulevant, indirectement, mais aussi directement, plusieurs questions insidieuses :
- -Mais quel est le rôle du Pape dans ces procès ? Celui du DDF et celui de la Secrétairerie d’Etat ?
- Par quelle voie les contributions du pape parviennent-elles à la DDF ?
- Est-il concevable que Peña Parra, alors qu’on ignorait où se trouvait le cardinal Parolin, ait pu ordonner un procès extra-DDF sans la signature du Pontife ?
- Qui a donné à Peña Parra l’autorité de tenir un procès au-dessus de ceux sanctionnés par le DDF dans le cas spécifique de cet ex-prêtre argentin ?
- Comment et à quel titre la Secrétairerie d’État, par l’intermédiaire de son Substitut, pratique-t-elle ce type d’ingérence si elle n’a aucun rôle à jouer dans les affaires concernant la lutte contre la pédophilie au sein du clergé ?
- Est-il vrai que l’annulation du procès illégitime de la Secrétairerie d’Etat a été faite avec la signature du Pape le 7 octobre ?
Enfin, le Pillar note que ces dernières années, l’ingérence de la Secrétairerie d’Etat dans les procès du DDF pour des affaires de pédophilie n’est pas rare. En effet, de nombreux fonctionnaires du DDF se sont souvent plaints de cette ingérence illégale et illégitime.
Doute dévastateur : un autre cas comme l’excommunication de Rupnik?
Selon un nouvel article paru dans The Pillar, le cas de l’ancien prêtre Ariel Alberto Pràncipi est si grave qu’il soulève de graves questions quant à l’intégrité de la loi au Vatican. Rien n’a-t-il changé au Vatican ? s’interroge le site, qui étend également ses doutes au rôle du pape François et à sa manière d’exercer le pouvoir.
Rappelons qu’au Vatican, personne ne peut annuler un procès canonique sans la signature du pape.
The Pillar, en attendant, évoque trois hypothèses.
Le raisonnement très intéressant du site américain est, en résumé, le suivant :
Si le pape devait contourner l’ensemble du processus canonique de traitement des allégations d’abus sexuels sur mineurs (un processus sur lequel, du moins sur le papier, il a misé une grande partie de son pontificat) afin de réintégrer un prêtre coupable pour rendre service à des amis, ce serait un scandale aux proportions catastrophiques pour François.
Mais aucune des informations publiquement disponibles jusqu’à présent n’indique que Peña Parra agissait sur instructions papales, ou n’attribue un poids papal direct à ses actions. Ainsi, en évaluant l’implication potentielle de François dans cette affaire, trois possibilités sont suggérées :
(1) Premièrement, Peña Parra a agi sur instructions explicites du Pape, mais avec des instructions tout aussi explicites pour que son nom ne soit pas mêlé à l’affaire. C’est, pour le moins, la possibilité la plus incendiaire, car elle suggérerait que François voulait non seulement réintégrer un ecclésiastique coupable, mais qu’il a agi de manière à reconnaître le scandale potentiel et à chercher à s’en isoler.
(2) Le pape François a remis tous les appels en faveur de Pràncipi à son chef de cabinet avec l’instruction de « faire quelque chose » avec ce matériel et, dans ce mécanisme, Peña Parra a pris sur lui d’agir comme une sorte de première et dernière cour d’appel canonique, au-dessus de la DDF.
(3) Le pape n’a pas été directement impliqué, mais Peña Parra a été approché par les amis de Pràncipi et a pris sur lui d’agir en son nom, n’informant et n’impliquant François que vaguement pour s’assurer de son approbation tacite.
La dimension dévastatrice de cette affaire, du moins à l’heure actuelle et avec le peu d’informations disponibles, fait immédiatement penser à un autre cas similaire : celui de l’excommunication imposée à l’ancien jésuite Marko Rupnik, puis annulée en quelques jours.
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Mise à jour (15/10)
Messa in Latino complète l’article de Badilla après avoir reçu les précisions du Wanderer (qui a consacré un article détaillé à cette affaire)
A notre avis, l’article du Pillar [et aussi Badilla] oublie un fait fondamental que nous soulignons dans notre article : Principi était un compagnon de séminaire et de diocèse, et un ami très proche du cardinal Tucho Fernández. Il est probable que la tentative de le sauver soit venue de lui et que Peña Parra ait simplement prêté main forte à ses collègues ».