Voilà, résumée en quatre mots très clairs la catéchèse du cardinal Zen (92 ans, il faut le rappeler!), décidément très actif en cette période synodale (cf. Questions sur le synode: le cri du cardinal Zen): il vient de publier un livre co-écrit avec son ami musicien Aurelio Porfiri, où il fustige les pasteurs à la mode qui ne parlent plus de foi mais jouent les sociologues voire les « toutologues », stigmatise « l’idéologie du changement » et dénonce un synode (mot fourre-tout dont personne ne sait exactement ce qu’il signifie, pas même ses inventeurs) qui selon lui s’oriente vers une inquiétante « démocratie des baptisés ».
La recension d’AM Valli.
De l’Eglise des Apôtres à l’Eglise « conciliaire ». La version de Zen
Une, sainte, catholique et apostolique. De l’Église des Apôtres à l’Église ‘synodale’. Le titre suffit à comprendre où l’on veut en venir. Et c’est le cardinal Joseph Zen qui le fait, assisté par son ami Aurelio Porfiri.
Il écrit:
« En me plaçant du côté des croyants je pense que ce qu’ils attendent le plus de leurs prêtres, c’est d’écouter la Parole de Dieu. Voilà le berger qui connaît ses brebis. C’est exactement cela : le croyant a soif de la Parole de Dieu et veut qu’on la lui rappelle en lui montrant sa fraîcheur et son actualité constante. Au lieu de cela, il ne rencontre le plus souvent que des pasteurs qui jouent au sociologue ou au toutologue, et qui s’en prennent éventuellement au cléricalisme et à l’autoréférentialité alors qu’ils sont les premiers à tomber à pieds joints dans ces péchés..
Le cardinal Zen stigmatise l’idéologie du changement et écrit qu’après l’avènement de Jésus, « l’immuable participe au changement ». C’est une belle leçon. Nous changeons, c’est certain. Tout en nous est changement. Mais nous ne sommes pas des roseaux dans le vent. Le Christ donne du sens, et il le fait à travers le plus grand changement de l’histoire, le mystère pascal qui nous purifie dans son sang et vainc le péché.
Lire ces pages, c’est comme reparcourir le catéchisme. Le cardinal Zen ne prétend pas inventer je ne sais quoi de nouveau. Il ne fait que reprendre le depositum. Même lorsqu’il se permet quelques incursions douloureuses dans la situation de l’Église chinoise, la lumière qui guide ses pas est la Parole, rien d’autre.
Pour l’Église, il a des expressions qui ne cachent pas l’inquiétude.
« Insister sur des positions qui contredisent les enseignements traditionnels de l’Église, c’est promouvoir volontairement la division ».
Et nous savons QUI est le diviseur par excellence.
Le synode sur la synodalité ne le convainc pas et il le dit sans se cacher. En chinois, le mot « synodalité » n’existe pas et il faut recourir à des paraphrases. Mais les promoteurs du synode eux-mêmes semblent avoir les idées quelque peu confuses lorsqu’il s’agit d’expliquer ce qu’ils veulent faire. Une certaine idée du synode semble s’orienter vers une « démocratie des baptisés ». Mais qu’est-ce que cela signifie ? Qui sont ces baptisés ? Et en quoi croient-ils ?
Jouer sur les mots est dangereux.
Au sujet des abus sexuels commis par des personnes consacrées, le synode parle de « cléricalisme » comme source du mal, alors qu’il faudrait plutôt dire que la révolution sexuelle est également entrée dans l’Église, en commençant par les séminaires.
Le cardinal Zen ne rejette pas le synode et réitère l’importance de la confrontation. Mais « il est important d’appeler chaque chose par son nom », sinon la confusion s’installe. Et comment peut-on continuer à parler de « synode des évêques » alors qu’un grand nombre de laïcs, hommes et femmes, y participent avec droit de vote ?
Du haut de ses nombreuses années (il est né à Shanghai le 13 janvier 1932), le cardinal salésien Joseph Zen Ze-kiun réitère l’invitation de Jésus : « Venez et voyez » (Jn 1,39). Il a été formé comme prêtre et comme salésien dans les années du Concile Vatican II et, dans ses réflexions, il s’appuie volontiers sur les textes conciliaires. Cela peut rebuter ceux qui ont appris que Vatican II a été la source de beaucoup d’erreurs et de trahisons. Il n’en reste pas moins le témoignage d’un pasteur crédible qui, malgré des difficultés inimaginables en Occident, a courageusement continué à proclamer la Parole. Et à parler en homme libre.
(*) Présentation de l’éditeur
Tout au long de l’histoire, l’Église a connu des triomphes lumineux et de grandes souffrances. Aujourd’hui, nous sommes témoins d’une profonde crise de la foi : les vocations ont considérablement diminué, de nombreux consacrés donnent du scandale et la participation aux sacrements baisse de façon drastique. Curieusement, cette crise est particulièrement virulente dans l’Europe qui fut le berceau du catholicisme et de la civilisation. Mais le cardinal Zen nous invite à ne pas désespérer : le Seigneur, dit-il, a toujours sauvé son Église en danger, que nous reconnaissons dans le Credo comme « une, sainte, catholique et apostolique » : il l’a fait par l’action de l’Esprit avec les instruments des conciles et des synodes, en suscitant des saints et de nouveaux mouvements.
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