La personnalité du super-conseiller de Trump a de quoi inquiéter autant qu’elle fascine – et on ne peut s’empêcher de penser à d’autres tristement célèbres « maîtres du monde » de la génération d’avant (comme Bill Gates, qui appartient déjà à l’ancien monde, tellement les choses s’accélèrent). Sur la NBQ, Maurizio Milano, catholique, spécialiste de la doctrine sociale de l’Eglise et accessoirement analyste financier, a choisi de chausser des lunettes résolument roses. Pourquoi pas?
Ce n’est pas le chevalier blanc, mais Musk a brisé le cadre du Great Reset.
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Quel rôle va jouer le « super-génie » Elon Musk dans l’Amérique de Trump ? Sans doute se vengera-t-il de ceux qui l’ont ostracisé, comme l’ensemble du monde de Davos. Mais il en profitera pour accélérer ses projets les plus extrêmes. Nous ne pouvons pas le considérer comme le « chevalier blanc », mais l’optimisme raisonnable n’est pas déplacé car il contrecarre le narratif du Great Reset en cours.
Elon Musk, le « super-génie » : c’est ainsi que le président élu Donald Trump l’a décrit dans son premier discours à la nation après avoir confirmé sa victoire écrasante sur la candidate démocrate Kamala Harris. La large place consacrée à Musk, plus encore qu’u vice-président James D. Vance, laisse penser que le brillant et éclectique magnat jouera un rôle très important, voire décisif, dans la seconde administration Trump.
Comment interpréter les actions d’Elon Musk ces dernières années, à commencer par l’acquisition de l’entreprise de médias sociaux Twitter en octobre 2022, après une longue bataille juridique et en déboursant la somme exorbitante de 44 milliards de dollars, si ce n’est comme un rapprochement progressif avec la Maison-Blanche ? L’opération a été qualifiée de très mauvaise affaire d’un point de vue financier : il ne fait aucun doute, en effet, que la valeur de Twitter a été largement gonflée. Pourtant, on a l’impression que Musk a une fois de plus tiré son épingle du jeu.
En effet, sans le rachat de Twitter, rebaptisé « X », la campagne électorale de Donald Trump n’aurait sans doute pas eu la moindre chance de s’imposer face à un appareil tentaculaire qui a joué toutes ses cartes, avec de nombreux coups bas, pour éviter un second mandat à « The Donald ».
Les médias mainstream ont subi une nouvelle défaite et ont révélé une perte d’influence de plus en plus évidente. L’axe formé par Elon Musk, Tucker Carlson, Robert Kennedy jr. et, dernièrement, le célèbre blogueur Joe Rogan (dont l’interview vidéo de Trump a atteint 50 millions de vues), a brisé l’encerclement et fait paniquer l’establishment, à commencer par la direction du parti démocrate : les familles Clinton et Obama sont les premières grandes perdantes, au-delà de Harris, en qui elles ne croyaient pas non plus. L’Amérique traditionnelle a gagné une première bataille très importante contre le capitalisme sauvage, la cancel culture, le lobby LGBTQIA+, le monde liberal d’Hollywood, les grandes agences fédérales, le monde Big-tech de la Silicon Valley, Big pharma, le complexe militaro-industriel, le «parti » de Davos et l’agenda 2030 de l’ONU sur la transition énergétique et la politique centralisatrice de l’Organisation mondiale de la santé.
Il serait cependant naïf de croire que la guerre entre ces deux mondes est terminée: en réalité, elle ne fait que commencer, et les tentatives de «normalisation» du tournant trumpien ne manqueront pas, y compris au sein du parti républicain. Toutefois, les espoirs de réussite sont certainement meilleurs qu’en 2016, grâce à une victoire sans précédent, tant sur le plan quantitatif (y compris le vote populaire) que qualitatif (même dans des segments traditionnellement « démocrates » de la population comme les Hispaniques et les Noirs).
On en saura davantage lorsque la transition sera achevée et que les rôles clés de la future administration, à la Chambre, au Sénat et dans les différentes agences fédérales auront été désignés : Trump, fort de son large consensus populaire, de son contrôle total du Congrès, de l’expérience de son premier mandat et conseillé par Kennedy, qui connaît parfaitement le monde politique américain, sera cette fois-ci certainement très attentif à choisir des personnes qui partagent réellement son agenda, à commencer par la sécurité nationale et la politique étrangère.
Quel rôle jouera le « super-génie » Elon Musk dans cette guerre ? Il est certain qu’en bon entrepreneur, il pensera d’abord à sécuriser son empire commercial, qui va de Tesla à SpaceX, de Neuralink à X, pour ne citer que les principales entreprises ; il est également probable qu’il voudra se venger de ceux qui l’ont ostracisé, de Bill Gates à Sam Altman, d’OpenAI, et plus généralement, de l’ensemble du monde de Davos ; il en profitera sans doute pour accélérer ses projets les plus extrêmes, des nouvelles frontières de l’espace à celles, potentiellement transhumaines, ouvertes par les applications de Neuralink et les accélérations possibles de ce qu’on appelle « l’intelligence artificielle ».
Nous ne pouvons donc pas considérer Elon Musk comme le « chevalier blanc » qui sauvera les États-Unis et le reste du monde sous direction étatsunienne de toutes les folles dérives des dernières décennies.
Et pourtant, un optimisme raisonnable n’est pas déplacé.
Tout d’abord, pour deux raisons : ses déclarations répétées en faveur de la natalité, avec de fréquentes mises en garde contre les risques de crises démographiques dans le monde occidental, et, dernièrement, sa défense de la libre information, à une époque où les dirigeants américains, sous le prétexte habituel de lutter contre ce qu’on appelle la désinformation et la mésinformation, remettaient même en cause le premier amendement.
La censure sur les réseaux sociaux a été évitée, ce qui maintient des espaces de liberté d’expression essentiels pour contrer des initiatives telles que le Great Reset menée par la communauté de Davos. Le « Grand récit » de Schwab ne sera plus univoque et dominant, et perdra ainsi une grande partie de son pouvoir de séduction : le Grand réveil est bel et bien en cours.
Elon Musk pourrait jouer un rôle clé en contrôlant le DOGE (Department of Government Efficiency), c’est-à-dire en ayant la capacité de couper les vivres aux entités jugées non conformes à la perspective de Make America Great Again, notamment vis-à-vis de ses ennemis.
En termes de politique étrangère, l’accent mis par Musk sur les aspects économico-entrepreneuriaux, en phase avec la forma mentis de Donald Trump, pourrait faire de lui une sorte de « super-diplomate » grâce à la possibilité de tisser des relations d’affaires au plus haut niveau, y compris avec des puissances politiquement opposées, telles que la Chine. Dans cette perspective, les tensions géopolitiques nuisant aux affaires, la stabilité devient un facteur crucial, et la Chine en a également grand besoin, compte tenu de ses problèmes économiques et financiers. La dissuasion militaire, bien sûr, ne diminuera pas, afin de décourager l’agression et de continuer à défendre ses intérêts vitaux, mais la perspective d’« exporter la démocratie dans le monde » subira certainement un revers : la guerre sera considérée comme un dernier recours lorsque toutes les voies diplomatiques et le « soft power » se seront révélés inefficaces.
L’Amérique se concentrera sur sa propre réindustrialisation, à commencer par la renaissance manufacturière, et Musk jouera un rôle essentiel dans cette perspective également, car il a montré qu’il savait comment investir avec succès. Non seulement en créant des emplois, mais aussi en obtenant des résultats que personne avant lui n’avait réussi à atteindre, comme le 13 octobre dernier avec la récupération au premier essai sur le pas de tir de la fusée Super Heavy, haute de 70 mètres, après le lancement réussi du vaisseau spatial Starship: un événement historique, pas par hasard bien mis en avant par Trump pour poursuivre le récit de la supériorité technologique des États-Unis sur le reste du monde, y compris sur la Chine. L’idéologie est destinée à céder la place au pragmatisme et aux réalisations technologiques, ce qui rendra certainement imprévisible l’évolution des choix tactiques de la future administration : comme tout bon entrepreneur, même Trump, aidé par Musk, saura redresser la barre chaque fois que cela semblera opportun pour atteindre ses objectifs stratégiques. L’espoir est que le Big State prenne du recul et que des espaces de réelle liberté économique et culturelle se rouvrent.
Nous verrons bien, mais pour l’instant il semble légitime de se réjouir du changement de cadre: non pas parce que nous sommes sûrs que tout se passera bien, loin de là, mais parce que la victoire de Harris aurait encore fermé les espaces de liberté d’expression et d’action, tant dans le domaine économique que dans le domaine culturel. Si nous avions des doutes sur le caractère positif du résultat de l’élection, il suffirait de regarder la réaction désemparée, y compris en Italie, de ce monde liberal et radical-chic de plus en plus éloigné de la réalité et des problèmes quotidiens des gens ordinaires. Avec la victoire de Trump, non seulement aux États-Unis, mais aussi en Europe et en Italie, nous gagnerons de l’espace et du temps pour agir, et nous ne devrions pas les gaspiller.
(…) Bref, le tournant actuel peut être qualifié de populiste, mais il y a du bon dans ce populisme, et il sera vital de savoir l’exploiter. L’ONU, la Commission européenne, le Forum économique mondial et les pseudo-élites technocratiques et mondialistes s’en remettront.
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