Si je mets le titre en anglais, ce n’est pas par snobisme, ni pour le plaisir d’utiliser la langue de l’empire. C’est parce que ce mouvement, né dans la sphère anglosaxonne et largement relayé par la presse « libérale » du monde entier (du Guardian au Monde, de La Repubblica à El Pais, et tous leurs sous-produits, journaux féminins, presse people, etc.) est promu par rien de moins que le « navire amiral » du progressisme planétaire, le New York Times, qui, bien que ses ventes soient en chute libre comme conséquence de la désaffection du public pour la presse écrite et du tsunami des réseaux sociaux persiste à se proclamer leader mondial de l’opinion.
Et tout cela sous le prétexte « vertueux » de la lutte contre le réchauffement climatique!!!

On pourrait objecter que les marchés de Noël dont nous avons récemment parlé ici (cf. Traditions de Noël et fausse bonne idée) sont finalement un moindre mal à défaut d’être un vrai bien. Mais à y réfléchir, ils participent au même mouvement de « dénoëlisation » de Noël auquel nous assistons chez nous depuis quelques décennies (et qui s’accélère), visant à l’arracher coûte que coûte de sa dimension chrétienne.

La question est: les gens vont-ils suivre? Comme ils l’ont fait, nolens volens, avec la Toussaint et Halloween.

MÉDIAS ET POUVOIR

Les journaux libéraux continuent la guerre contre Noël

Stefano Magni
lanuovabq.it/it/i-giornali-liberal-continuano-la-guerra-contro-il-natale

Noël augmente les émissions, il ne faut donc surtout pas offrir de cadeaux. Noël est aliénant, mieux vaut donc le fêter seul. En fait, ne le fêtez pas du tout, de toutes façons, il n’y a pas d’événement à célébrer. Voilà ce que dit la presse liberal la plus influente, même en cette période de Noël.

Après le réveillon, on compte les morts, on compte les blessés. Et les articles publiés contre Noël. La « War on Christmas » est devenue une mode dans la gauche anglo-saxonne, du moins au cours de la dernière décennie, et se reflète dans la ligne des journaux les plus importants et les plus influents dans ce domaine, tels que le Guardian, le Washington Post et le New York Times.

Il ne s’agit pas seulement de journaux qui jouissent encore d’une grande visibilité dans leur pays, même s’ils souffrent d’une hémorragie de lecteurs. Ce sont aussi des journaux qui font de l’« agenda setting », ceux dont s’inspirent d’autres rédactions, un peu partout dans le monde occidental. Ainsi, certaines tendances promues dans leurs pages se retrouvent inévitablement dans les choix de leurs confrères européens et américains et, en cascade, finissent par conditionner l’opinion publique (surtout celle déjà laïque et progressiste, mais aussi une partie de l’opinion catholique « adulte »).

Ainsi, le Guardian décide d’inscrire Noël dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Et conclut que célébrer la naissance de Jésus en offrant des cadeaux ou en dînant avec la famille est définitivement mauvais pour l’environnement. Comme le souligne le principal journal de référence de gauche en Grande-Bretagne, le jour de Noël, les émissions de CO2 par habitant sont multipliées par 23 au Royaume-Uni.

Un jugement lapidaire dès les premiers mots :

« Ce carnaval de la consommation a un coût ».

Selon l’analyse, en termes d’émissions :

« Les émissions générées par chaque adulte pour tous les déplacements, les cadeaux, l’énergie, les décorations, la nourriture, les boissons et les déchets associés à l’apogée du carnaval annuel de la consommation s’élèvent à 513 kg d’équivalent CO2. Les émissions quotidiennes moyennes d’un adulte britannique sont d’environ 22 kg d’équivalent CO2. Soit environ 23 fois ce qui est émis un jour donné pendant le reste de l’année ».

Noël « chauffe » et c’est pour cela que l’environnement scientifique le maudit, au nom de la durabilité. Le Guardian souligne que « les cadeaux sont les plus gros contributeurs au total, puisqu’ils représentent 93 % des émissions ».

Conclusion : malheur aux cadeaux à Noël, disent même les « Catholiques contre le changement climatique » interrogés, pour qui le véritable esprit de Noël est la pauvreté, et non les cadeaux.

Qu’il y ait un Grinch [grincheux qui veut gâcher Noël, ndt] vert (écolo) dans les pages du journal britannique, ce n’est pas nouveau. Il y a dix ans déjà, un éditorial de David Bry, également publié la veille de Noël 2014, avait fait sensation.

Le titre dit déjà tout : Il est temps de mener une véritable guerre contre Noël.

La prémisse fait froid dans le dos pour quiconque a au moins une lueur de foi :

« Noël – et toutes les autres fêtes – marque simplement une date sur le calendrier, un point arbitraire dans le temps, surtout si l’on prend en compte les fluctuations de la rotation de la Terre et du cycle lunaire. Le 25 décembre est un jour qui, selon notre société, devrait être gai et joyeux, plein de tradition et de nostalgie. C’est le jour des chaussettes et des biscuits, des pulls et du lait de poule, des elfes, des voyages dans le temps et des rennes au nez rouge. Ho ho ho ! Nous sommes censés être heureux. On nous dit d’être heureux. C’est la saison des réjouissances, non? Mais la réalité des vacances est rarement à la hauteur de nos attentes. L’est-elle? Est-ce possible ? Non, ce n’est pas possible ».

Ainsi, Noël n’accélère pas seulement le changement climatique, il génère également des frustrations psychologiques. Et ce n’est qu’une date de plus dans le calendrier, alors pourquoi ne pas l’abolir ?

Cette année,le Washington Post prend le défi au sérieux et propose, dans sa page d’opinion du 24 décembre, un manuel sur la manière de survivre au stress de Noël, rédigé par Sydney Page. La thèse ? Mieux vaut le fêter seul, loin des proches, pour « consacrer du temps à son bien-être personnel ». Dans le long article « Ils aiment leur famille, mais veulent simplement passer Noël seuls », Sydney Page interroge des gens ordinaires ainsi que des psychologues et d’autres experts en la matière pour arriver à la conclusion suivante :

« Des études ont montré que la pratique de la solitude a plusieurs avantages psychologiques, notamment celui d’inspirer la créativité et de favoriser le calme ».

. Page interroge trois personnes qui ont fait le choix de la solitude pendant les vacances, « célébrant et appréciant leur solitude pendant les vacances ».

Cette approche de Noël, considérée presque comme un jour difficile où il faut survivre, part d’une hypothèse de distance absolue par rapport au christianisme. Et c’est une attitude non seulement considérée comme acquise, mais sciemment poursuivie par le journal de Washington. Il y a six ans, la veille de Noël 2018, il a publié l’éditorial suivant :

« Par pitié, ne me souhaitez pas un joyeux Noël (il est impoli et choquant d’attendre de moi que je suive votre religion) ».

Un éditorial typique de la « guerre contre Noël » écrit au nom d’une tolérance mal placée envers les athées et les adeptes d’autres religions.

Ainsi, Noël est mauvais pour le climat, il génère aliénation et frustration, il vaut mieux ne pas offrir de cadeaux, il vaut mieux le célébrer seul, et il vaut mieux ne même pas faire de vœux ce jour-là. Mais cela ne suffit pas au New York Times. Le journal new-yorkais, toujours considéré (malgré des ventes en chute libre) comme « le plus influent du monde », veut directement poser la question de savoir si « les choses se sont déroulées comme les chrétiens nous l’ont dit ».

Le New York Times, en cette veille de Noël, a choisi de remettre en cause la virginité de la Vierge. Comment ? En interviewant Elaine Pagels, professeur d’histoire des religions à l’université de Princeton, qui ne trouve rien de mieux que de dépoussiérer et de redonner une nouvelle « dignité » historique à la théorie selon laquelle Jésus serait né d’un viol par un soldat romain appelé « Panther ». Dans sa longue interview, la Pagels affirme et nie, déclare son respect et son attirance pour le christianisme, mais remet de fait en question ses fondements mêmes. Au final, le lecteur en ressort plus dérouté qu’avant.

Et c’est exactement l’objectif du nouvel athéisme : ne jamais nier, mais semer la confusion.

Et en attendant, ne vous réjouissez pas. Car il ne sert à rien de célébrer quelque chose qui n’existe peut-être pas ou qui ne mérite pas d’être célébré.

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