La disparition de Jean-Marie Le Pen et les scènes indécentes qui ont souillé la Place de la République après l’annonce de sa mort, ont mis en évidence à quel point un prétendu « antifascisme » de pacotille était la raison de vivre et le moteur de haine d’une génération de décérébrés. La France a certes eu « les heures les plus sombre », mais elle n’a pas connu le fascisme (et ces jeunes ne savent même pas ce que c’est) contrairement à l’Italie, qui a vécu l’évènement fondateur, la dictature de Mussolini. Mais même là, les « antifascistes », reprenant la vieille rhétorique communiste usée jusqu’à la trame dans des slogans haineux et pavloviens, ne font rien d’autre que de se battre contre des fantômes, disparus depuis 80 ans, et qui ne reviendront pas. Marcello Veneziani nous explique pourquoi.
Pourquoi ce besoin obsessionnel de maudire sans cesse le fascisme ?
C’est le seul moyen, à travers la narration du mal absolu, d’établir, de légitimer, de justifier la société actuelle comme un bien absolu irréfutable et de pousser au mal ceux qui ne se conforment pas au courant dominant.
Le fascisme qui n’en finit pas
10 janvier 2025
La nouvelle année a une fois de plus commencé avec un déluge de films, d’articles, d’interviews, d’histoires sur Mussolini et le fascisme en tant que mal absolu. Il fut un temps, pas si lointain, où l’on parlait du fascisme en citant des historiens et des philosophes et en s’appuyant sur les recherches de De Felice [1829-1996; historien italien spécialiste de fascisme] ou d’autres ; aujourd’hui, on en parle entre préjugés et préventions, avec Scurati [1969-] et divers banalisateurs, en s’appuyant sur des psychopathes monomaniaques et des vendeurs d’éthique au rabais comme s’il ne s’agissait que d’histoire criminelle, l’histoire du diable. Fascisme éternel, infini, maléfique.
Pourquoi ce besoin obsessionnel de maudire sans cesse le fascisme ? C’est le seul moyen, à travers la narration du mal absolu, d’établir, de légitimer, de justifier la société actuelle comme un bien absolu irréfutable et de confiner dans le mal ceux qui ne se conforment pas au courant dominant.
Mais le mal ne s’identifie pas seulement à un régime ou à un dictateur : dans l’histoire de l’humanité, même en se limitant à la seule modernité, le mal a été la dictature de la vertu à travers la Terreur jacobine, le mal a été l’extermination et la persécution des peuples et des dissidents sous le communisme dans des époques et des mondes plus vastes ; le mal a été les génocides dont le XXème siècle et ce premier quart de siècle sont parsemés ; Le mal, c’est l’exploitation capitaliste de l’humanité et du monde, l’asservissement des peuples, l’aliénation des masses, la réduction de l’homme, de la femme, de la nature à des moyens, des instruments, des choses, à travers diverses idéologies et technologies, régimes et systèmes. Le mal est apparu dans l’histoire sous diverses formes, indépendamment du fascisme, voire en opposition avec lui. Et les maux d’aujourd’hui appartiennent à aujourd’hui, pas au fascisme d’il y a quatre-vingts ans ou au patriarcat des siècles passés.
Il n’y a pas une personne interviewée qui ne raconte avoir eu des membres de sa famille antifascistes [comme la France est peuplée de résistants ou de leurs descendants!!], mais la vérité est que l’Italie a été un complice actif du « mal absolu », avec un consensus de masse que même Togliatti [1893-1964; fondateur du PCI] n’a pas osé nier et qui impliquait l’Église, la Monarchie, l’Industrie, la Culture, les grands de l’époque, les rangs de l’État et de la Magistrature.
Bien sûr, le fascisme est resté une dictature, a supprimé la liberté et a été animé par une volonté de puissance qui a conduit à la guerre. Mais cela n’exclut pas les grandes œuvres et les grands hommes, les bienfaits, l’efficacité, la vitalité, la modernisation, la législation sociale, le sens du devoir et le dévouement.
Le fascisme, comme tout fait historique, n’est pas le mal absolu, il est mélange et contradiction. Mais plus notre démocratie ou notre liberté est trahie et malmenée, plus le recours au fascisme comme bouc émissaire de tous les maux d’aujourd’hui est obsessionnel et omniprésent. Une représentation fausse, unilatérale et réductrice.
Pour ceux qui s’occupent d’histoire ou de pensée au sens large, pour ceux qui sont sensibles aux thèmes de la tradition, des grands cycles historiques et des civilisations, il est insensé de se fossiliser dans la défense ou la réfutation du thème du fascisme, qui a été éphémère et très éloigné de notre propre époque, et qui ne peut être répété. Cela n’en vaut pas la peine; mais ce qui nous oblige à nous y confronter à nouveau, périodiquement, c’est précisément cette insistance maniaque et pathologique et cette élévation à un paradigme absolu et universel pour absoudre le présent de ses maux et de ses distorsions au nom d’un mal passé, lointain et enfoui. C’est cette fixation qui nous oblige, parfois à contrecœur, à nous y confronter à nouveau.
Il y a quelque chose de malsain ou de mauvaise foi dans le détournement actuel du fascisme pour criminaliser tout ce qui s’écarte du présent. L’analyse pourrait être sans fin, riche d’arguments et de comparaisons ; elle pourrait donner lieu à des livres entiers, qu’on nous [me] sollicite d’écrire depuis des années mais que nous refusons d’écrire parce que cela ne nous intéresse pas, même si ce serait rentable.
Nous préférons en finir ici, avec une brièveté inhabituelle. Il y a bien plus de choses au ciel et sur terre, dans l’histoire d’hier et dans la vie d’aujourd’hui que le fascisme et l’antifascisme, qui ont vécu et sont morts ensemble.
Cet article n’est pas consacré au fascisme, mais à une maladie d’aujourd’hui.
Marcello Veneziani
La Verità – 9 janvier 2025