Benoît XVI avait passé la totalité de son pontificat à dénoncer la dictature du relativisme; son successeur, non seulement a rompu avec son enseignement, mais a érigé le relativisme en principe et en dogme. Nous assistons littéralement à son triomphe.
D’aucuns s’inquiètent ces jours-ci d’un comportement papal qui relève quasiment de la psychiatrie et qui nécessite un traitement (le mot « bipolarité » est à la mode, je ne suis pas médecin et ne suis donc pas en mesure de poser sérieusement un diagnostic, même largement étayé), un lecteur du blog d’AM Valli attribue plutôt les continuelles pirouettes du pape à une pratique habituelle et confirmée de la « bipensée ». Et en donne des exemples bien documentés qui émaillent le pontificat depuis 12 ans.

Pour mémoire (Benoît XVI)

Combien de vents de la doctrine avons-nous connus au cours des dernières décennies, combien de courants idéologiques, combien de modes de la pensée… La petite barque de la pensée de nombreux chrétiens a été souvent ballottée par ces vagues – jetée  d’un  extrême  à  l’autre:  du marxisme au libéralisme, jusqu’au libertinisme; du collectivisme à l’individualisme radical; de l’athéïsme à un vague mysticisme religieux; de l’agnosticisme au syncrétisme et ainsi de suite. 

(…) le relativisme, c’est-à-dire se laisser entraîner « à tout vent de la doctrine », apparaît comme l’unique attitude à la hauteur de l’époque actuelle. L’on est en train de mettre sur pied une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs.

Cardinal Joseph Ratzinger
MISSA PRO ELIGENDO ROMANO PONTIFICE
18 avril 2005

La « doublepensée »? Pour Bergoglio, c’est la norme

En relisant récemment le roman 1984, j’ai été assailli par un doute : est-il possible que les propos du Saint-Père s’inspirent du roman distopique de George Orwell et de la doublepensée qui régnait en Océanie ?

La doublepensée (doublethink en anglais) consistait essentiellement à rejeter toute forme de logique et à croire, selon les directives du Parti, tantôt à un concept, tantôt à son contraire, en oubliant contextuellement d’avoir changé d’opinion.

En réalité, je crois que le Saint-Père n’a pas appliqué la doublepensée à la lettre, mais qu’il a sublimé et fait évoluer le concept sous des formes que même Orwell n’aurait pas pu imaginer, rendant l’impossible possible : dans de nombreuses déclarations et attitudes papales, en effet, le même concept n’est pas évoqué un jour d’une manière et le lendemain d’une manière opposée, mais il est exprimé de manière à pouvoir exprimer simultanément une affirmation et en même temps son exact contraire, rendant ainsi les deux affirmations contextuellement vraies.

Les exemples sont innombrables et je n’en citerai que quelques-uns :

  • il y a trop de pédés [frociaggine]dans l’Église, mais en même temps le séminariste qui a été rejeté pour ses tendances homosexuelles est invité à poursuivre sa vocation ;
  • une cérémonie pénitentielle est organisée pour demander pardon pour le péché contre les migrants, mais en même temps les sanctions sont renforcées pour ceux qui entrent illégalement au Vatican (d’un autre côté, nous sommes tous pro-migrants avec les frontières des autres) ;
  • l’avortement est un meurtre et ceux qui le pratiquent sont des tueurs à gages, mais en même temps, on rend visite à une leader pro-avortement bien connu, décrite comme l’une des grandes figures de l’Italie d’aujourd’hui et présentée comme un exemple de liberté et de résistance [Emma Bonino]
  • le commérage est un péché grave, mais en même temps, on fait des déclarations, on publie des livres et des interviews dans lesquels le commérage tègne en maître ;
  • l’Église est ouverte à todos todos todos , mais en même temps, les traditionalistes sont continuellement ostracisés, quand ils ne sont pas ridiculisés.

La doublepensée peut ensuite évoluer en triplepensée : à la question d’une protestante mariée à un catholique qui lui demandait si elle pouvait aussi communier avec son mari, le Saint-Père a réussi à répondre simultanément oui, non et je ne sais pas. Et ces trois réponses, incroyablement, sont vraies car, ayant brisé le principe de non-contradiction, tout et le contraire de tout est vrai, tout et le contraire de tout est faux, tout et le contraire de tout est douteux : c’est le triomphe du relativisme.

Vincenzo Rizza
Duc in Altum
18 janvier 2025

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