Il y a tout juste douze ans aujourd’hui, Benoît XVI décidait de de retirer sur la montagne pour prier.
Tant de choses se sont passées depuis que ces douze années pourraient avoir été un siècle. Inutile de rappeler que beaucoup de doutes et d’interrogations se sont levées autour des circonstances de cette renonciation, et j’ai moi-même cédé à la tentation de chercher des causses extérieures, autres que celles invoquées par le Saint-Père lui-même. A ce jour, je n’ai pas de certitude, juste un « sentiment ».

Mais alors que nous assistons en direct au terrible spectacle de la déchéance physique de son successeur (cf. Le pape qui ne « célèbre » plus la messe, mais la « préside »), je crois que je peux comprendre que Benoît XVI n’a pas souhaité offrir ce visage déformé au monde.
Bref, la discussion sur sa « démission » et le statut de « pape émérite » recouvre une réalité complexe, pas nécessairement liée à un « complot » (même s’il est indéniable que les forces progressistes ont œuvré pour lui rendre la vie intolérable). Il n’est pas « descendu de la Croix », comme certains le lui ont reproché, mais il a continué son ministère par la prière, en laissant à son successeur (régulièrement élu ou pas, c’est une autre question) l’action et le gouvernement. Et il faut bien reconnaître qu’en un temps où le pouvoir temporel de l’Eglise a disparu, la prière est infiniment plus importante que le gouvernement.

C’est ce que disait feu Jean Raspail dans une tribune parue dans Valeurs actuelles au lendemain du 11 février (évidemment, aujourd’hui Benoît XVI prie pour nous non plus depuis la montagne, mais depuis le Ciel).
Cette nouvelle m’a attristé. Il m’a semblé devenir orphelin. Benoît XVI a restitué beaucoup de choses à l’Église, surtout à l’Église d’Europe. Il a mis un terme aux dérives de la liturgie, rétabli en grande partie l’existence du sacré, redonné une impulsion essentielle. Ce n’est qu’un aspect des choses mais je suis content qu’il m’ait rendu la culture catholique intacte, alors qu’on en avait été privé pendant pas mal de temps. Sur sa démission, je dirais que, en raison de l’hypertrophie médiatique qui rend presque indispensable la présence du pape, sa décision était plus que possible, elle était recommandée. Bien sûr, il semble que ce soit la fin de quelque chose d’immuable : le pape régnait jusqu’à sa mort, comme les rois, mais je crois que, d’une certaine manière, il ne pouvait pas faire autrement.
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Défenseur de la religion catholique, le pape est aussi le défenseur d’une culture magnifique qui, dans tous les domaines, peinture, musique, littérature, architecture, philosophie, forme un ensemble foisonnant, unique au monde, au-dessus de tout, encore vivant et debout. Pour tout ça, même si je n’étais pas croyant, je serais quand même catholique. Voilà ce qu’incarne le pape, voilà pourquoi on ne peut que le soutenir, voilà aussi pourquoi certains le détestent tant..
Heureusement, le pape va maintenant “se retirer dans un monastère et prier”. Et c’est très important car tout porte à croire que sa prière sera écoutée. Quand je pense à cela, il me vient beaucoup de confiance dans l’avenir de l’Église catholique romaine, en raison de ce “parapluie” extraordinaire de messes célébrées, de milliards de prières qui émanent depuis des siècles et des siècles, et encore maintenant, de tous les monastères d’Europe et du monde.