(Mise à jour le 20/4/2025) Voici un extrait d’une étude consacrée au cardinal marseillais Aveline, qui tiendrait paraît-il la corde dans la course au Siège papal et qui serait, en tout cas, le favori de Bergoglio.
On se souvient que parmi les très nombreuses « perles » de ce dernier, il y a la fameuse phrase prononcée lors de son voyage à Singapour en septembre 2024 : « Toutes les religions sont un chemin vers Dieu ».
Si l’on en juge par sa formation et ses actes, Aveline serait – sous des dehors bonasses indispensables pour rassurer les crédules – le candidat idéal pour mettre en application une théologie totalement a-catholique en accord avec cette déclaration, et acter l’accomplissement, au moins provisoire, du projet des électeurs de Bergoglio initié en 2013.

Ce très long article, dont je ne reproduis qu’une partie (le reste est très technique et décidément adressé à un public de « théologiens professionnels ») a été publié originellement sur Life Site New, et repris par AM Valli.

Il nous intéresse naturellement en tant que Français. Si Aveline n’est pas élu prochain pape (Jean XXIV?), il ira rejoindre le cimetière des informations devenues caduques par manque d’intérêt du public (et manque d’intérêt tout cours). S’il l’est, eh bien… que Dieu nous garde!

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La rumeur dit que le cardinal Aveline sera le prochain pape. Mais est-il catholique ?

www.lifesitenews.com/opinion/cardinal-aveline-is-rumored-to-be-the-next-pope-but-is-he-catholic/

www.aldomariavalli.it/2025/04/15/jean-marc-aveline-ecco-il-favorito-di-bergoglio…/

Extrait

Le cardinal Jean-Marc Aveline est considéré comme le favori pour succéder à François lors du prochain conclave.

Des spécialistes du Vatican ont fait part à LifeSiteNews de leur conviction qu’Aveline « sera le prochain pape ».

Il figure également sur les listes des cardinaux papabili , et le Cardinalium Collegii Recensio d’Edward Pentin et Diana Montagna affirme que ce « prélat affable et érudit » est « à ce que l’on dit, le cardinal ‘favori’ du pape François pour lui succéder ».
Il a également été élu président de la Conférence des évêques de France le 2 avril 2025.

À la lumière de ce profil en hausse constante, cette étude examinera la théologie d’Aveline. Elle démontrera qu’en dépit de son image modérée de « centre-gauche », sa perspective théologique est radicalement bergoglienne, démantelant subtilement mais systématiquement la doctrine catholique.

Son projet est une tentative d’évider complètement la religion catholique et de la remplacer par un système entièrement nouveau, tout en maintenant un vernis de catholicisme par l’utilisation de termes catholiques revisités. Ce nouveau système est construit sur des présupposés différents, ordonné à des priorités différentes et aboutissant à des conclusions différentes, et conduit à une reconfiguration fondamentale de l’Église, de la foi, de la révélation et du salut.

Trois affirmations d’Aveline

Examinons trois affirmations interconnectées qui définissent la pensée d’Aveline et qui, selon lui, représentent « la position actuelle du magistère catholique ».

  • Les religions non catholiques jouent un rôle positif dans le plan du salut.
  • Tous les hommes doivent être inclus dans une « médiation christique universelle ».
  • La mission de l’Église a un « fondement dialogique », une affirmation qui re-propose le dialogue non pas comme une méthode, mais comme l’essence même de son identité.

Bien que certains puissent considérer ces trois affirmations comme conservatrices ou orthodoxes, nous verrons qu’elles sont gravement défectueuses et incompatibles avec la doctrine catholique, tant en elles-mêmes que dans la manière dont Aveline les comprend.

En considérant les fausses religions comme salvatrices – malgré les clarifications qu’il apporte – Aveline nie la nécessité de l’Église catholique et redéfinit la nature de la foi surnaturelle et le statut du Christ comme seul médiateur entre Dieu et l’homme. Ce faisant, il démonte les fondements de la religion catholique et les remplace par les principes du dialogue interreligieux.

Le dialogue n’est donc pas simplement une stratégie de coexistence pacifique : il devient le nouveau fondement doctrinal de la vie et de la mission de l’Église. Chaque révision doctrinale d’Aveline est au service de cet « impératif dialogique ».

Ces trois affirmations ne sont pas de simples spéculations. Ce sont les principes opérationnels du régime actuel. Ils influencent tout, de la déclaration de François à Abu Dhabi à ses dénonciations du « prosélytisme ». Aveline fournit un échafaudage théorique et pseudo-théologique à la révolution incarnée par son maître.

Nous examinerons les fondements de la religion catholique : la nécessité de l’Église pour le salut et la nature surnaturelle de la foi. Les révisions de ces vérités par Aveline constituent la pierre angulaire de son projet plus vaste. En effet, si les fausses religions doivent être interprétées comme ayant une « valeur salvatrice ou révélatrice », la foi surnaturelle et l’Église visible doivent être redéfinies, et c’est exactement ce qu’il cherche à faire.

Problématiser la foi catholique : la subversion d’Aveline par le doute

Le projet théologique d’Aveline repose sur une technique largement utilisée par les penseurs libéraux modernes : la problématisation. Cette méthode vise à déconstruire les idées communément admises, en les traitant non pas comme des réalités établies, mais comme des constructions contingentes nécessitant une réinterprétation. Son but n’est pas d’affiner ou de comprendre, mais de déstabiliser.

La généalogie de cette méthode est sans équivoque libérale : elle émerge de la philosophie post-Lumières et est particulièrement présente dans la critique littéraire postmoderne. Elle n’est souvent rien d’autre qu’un moyen de parvenir à une certaine forme de changement.

Appliquée aux idées, valeurs et institutions traditionnelles, la problématisation ne vise pas à clarifier, mais est utilisée comme un moyen de déconstruction et de dissolution.

Appliquée à l’Église, cette méthode n’aborde pas ouvertement ou ne nie pas l’enseignement catholique. Parfois, elle peut aborder des problèmes réels tels que le pluralisme religieux, mais de manière subversive et au détriment de la doctrine catholique établie.

À d’autres moments, elle problématise directement les vérités révélées, comme si elles étaient sujettes à des problèmes non résolus et devaient donc être repensées pour rester viables. Cette remise en question peut se faire à la lumière de phénomènes tels que le pluralisme, la conscience historique ou l’expérience moderne.

En fait, il s’agit d’un renversement significatif. C’est l’enseignement de l’Église qui nous éclaire pour évaluer ces autres questions, et non l’inverse.

L’approche d’Aveline prive l’Église et sa doctrine de leur autorité divine, les réduisant à des constructions humaines, culturellement conditionnées et historiquement mutables. La méthode et la motivation étaient toutes deux au cœur de l’hérésie moderniste, comme l’a décrit le cardinal Pietro Parente, qui a défini le modernisme comme « une hérésie, ou plutôt un ensemble d’hérésies […] qui prétendent élever et sauver la religion chrétienne et l’Église catholique au moyen d’un renouveau radical ».

Mais, comme en avertissait Parente, cette « rénovation radicale » n’a produit aucun résultat. Au contraire, elle a produit : « Une fusion hybride entre un catholicisme verbal et un véritable rationalisme naturaliste ».

Telle est la manœuvre intellectuelle au cœur du système théologique d’Aveline. Il problématise à la fois le phénomène du pluralisme religieux et le dogme solennel extra ecclesiam nulla salus. Le premier devient un « mystère », une source de révélation et de grâce à laquelle il faut se confronter à travers le prisme quasi sacramentel du « dialogue ». Le second n’est plus une vérité révélée, mais une formule historique qui doit être remise en question, réinterprétée et finalement subordonnée à l’évolution de la conscience religieuse de l’homme.

Les sources de l’erreur : l’influence protestante et moderniste

Le travail du cardinal Aveline repose sur une série de présupposés qui sont en fait des erreurs théologiques, des erreurs qui conduisent à un affaiblissement complet de la doctrine catholique. Tout d’abord, l’affirmation selon laquelle les autres religions jouent un rôle nécessaire et voulu par Dieu dans le plan du salut.

Longtemps immergé dans le dialogue interreligieux, Aveline en a fait sa théologie. Dans sa thèse de doctorat, Pour une théologie christologique des religions, Tillich, en débat avec Troeltsch, il a examiné comment les fausses religions pouvaient « participer à l’unique médiation [du Christ] ».

Il s’agit là d’un exemple frappant de « problématisation » d’un domaine doctrinal précédemment clair et défini, fondé sur un engagement préalable en faveur de la possibilité de salut pour les personnes extérieures à l’Église.

Le choix de ses sources – un luthérien germano-américain et un protestant libéral – laisse déjà entrevoir un tableau problématique. Son traitement de leurs erreurs est évasif : il s’abstient de tout jugement, mais tire constamment des conclusions de leurs sources. Plutôt que d’aborder leur contradiction avec la vérité catholique, il accepte leurs erreurs comme base de réinterprétation du christianisme lui-même.

Son modèle exclut tacitement la foi surnaturelle, sans laquelle personne ne peut plaire à Dieu. Il suit Claude Geffré en parlant d’un « mystère du pluralisme religieux », un concept qui exige du christianisme qu’il réexamine ses affirmations à la lumière des autres religions. Il cite avec approbation ceux qui insistent sur le fait que les autres religions posent une « question absolument urgente » au christianisme, « qui doit, en leur présence, reconsidérer ses prétentions et recevoir ainsi d’elles au moins un service de purification ».

Pour Aveline et ceux qu’elle cite, la diversité des religions n’est pas un problème à surmonter, mais une réalité voulue par Dieu, rappelant les mots de François :

« Le pluralisme et la diversité des religions […] sont voulus par Dieu ».

Partant de ces hypothèses, Aveline se donne pour tâche de renouveler la compréhension de la foi en partant non seulement de la considération de la pluralité religieuse, mais aussi des questions spécifiques que chaque religion adresse à la théologie chrétienne.

Cette approche relativise le christianisme en le traitant comme un phénomène historiquement conditionné. En effet, Aveline affirme qu’il est « nécessaire de prendre conscience de la relativité du christianisme dans l’histoire des religions ». Bien que l’analyse historique ait sa place, Aveline l’invoque pour relativiser la révélation divine. En créant de faux dilemmes qui minent la foi, Aveline s’éloigne de la tradition catholique et cadre son approche à travers le prisme des théoriciens protestants et du naturalisme. Le résultat est que les vérités fondamentales sont problématisées, reformulées comme des tensions à surmonter et finalement subordonnées au nouveau summum bonum du « dialogue », compris non pas comme un moyen d’accéder à la vérité, mais comme le prisme à travers lequel comprendre la proclamation de l’Évangile.

Une vision naturaliste de la religion

En 2019, lors de sa visite dans une mosquée, Aveline nous donne la clé pour comprendre ses convictions religieuses :

« Le plus important pour moi, ce sont ces relations amicales.

En fin de compte, que nous soyons croyants ou non, nous sommes tous des hommes et des femmes qui vivent une vie humaine avec toutes les questions qu’elle soulève.

Nous pouvons avoir des théories dans la tête, opposer des versets du Coran à des versets de la Bible, mais tôt ou tard, nous sommes confrontés aux mêmes questions : qu’est-ce que la vie ? Qu’est-ce qui nous attend ? Comment trouver le bonheur ? Pourquoi la souffrance existe-t-elle ?

Par essence, les religions sont des moyens par lesquels les hommes et les femmes cherchent des réponses aux grandes et simples questions de la vie. Il vaut mieux avoir une religion qui vous aide, qui ne vous donne pas de réponses à des questions que vous ne vous posez pas, mais qui vous aide à vivre vraiment la vie : c’est le plus important ».

Aveline présente également une conception naturaliste de la vertu de foi (discutée ci-dessous), sans distinction claire entre la foi surnaturelle des catholiques et la foi naturelle (ou plutôt les opinions) des non-catholiques.

Ce naturalisme n’est pas surprenant, étant donné le rôle décisif d’Henri de Lubac dans la pensée d’Aveline. Le brouillage qu’il opère entre la nature et la grâce permet à Aveline de transformer les fausses religions d’obstacles au salut en instruments de « médiation christique ».

Cette confusion élève la nature au niveau du surnaturel et réduit le surnaturel au niveau de la nature, ce qui aboutit à ce que le pape Pie XII a condamné dans Humani generis:

« D’autres détruisent la gratuité de l’ordre surnaturel, puisque Dieu, disent-ils, ne peut créer des êtres intellectuels sans les ordonner et les appeler à la vision béatifique ».

Aveline fait l’éloge des réflexions théologiques de Lubac pour avoir « ouvert la voie » à une grande partie de la théologie moderne.

Le rôle positif des religions non catholiques : un dogme revisité

Revenons à la déclaration en cause. Aveline affirme que l’Église catholique reconnaît

« la possibilité d’un rôle positif pour les autres religions, en tant que réalités socioculturelles, dans l’économie générale du salut. Cela exclut une position exclusiviste qui, sur la base d’un ecclésiocentrisme étroit, nierait aux religions non chrétiennes toute valeur salvatrice ou révélatrice, sur la base d’une interprétation durcie, et donc déformée, de l’ancien adage patristique selon lequel ‘en dehors de l’Église, il n’y a pas de salut’.

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Puisque Dieu veut que tous les hommes soient sauvés (1 Tm 2,4), il est possible d’affirmer qu’au sein même des religions sont déposées des ‘semences du Verbe’, des ‘rayons de vérité qui éclairent tout homme’, et que l’Esprit Saint offre à tous, de la manière que Dieu connaît, la possibilité de s’associer au mystère pascal ».

Il faut d’abord noter qu’Aveline affirme que les religions non chrétiennes peuvent effectivement avoir une « valeur salvatrice ou révélatrice ».

Mais la phrase « Hors de l’Église, point de salut » n’est pas simplement un « ancien adage patristique ». C’est un dogme, défini par le magistère extraordinaire et enseigné de manière cohérente par le magistère ordinaire.

La façon dont Aveline le traite est un exemple clair de problématisation : elle n’admet pas de rejeter le dogme, mais le reformule comme un problème, suggérant qu’il nécessite une réinterprétation pour conserver son sens aujourd’hui.

(…)

Présenter le dogme comme un simple « ancien adage patristique “ semble méprisant, tout comme la mise en garde contre un ” ecclésiocentrisme étroit “ qui ” nie aux religions non chrétiennes toute valeur salvatrice ou révélatrice » est extrêmement trompeuse.

Paraphrasant à l’envers le Concile de Florence, Aveline semble soutenir que « non seulement les païens, mais aussi les juifs, les hérétiques et les schismatiques peuvent en effet avoir part à la vie éternelle », pour autant que l’on insiste sur le fait que cela se fait à travers l’Eglise et le Christ, et non en dehors d’eux. Il affirme qu’il s’agit là de « l’héritage patristique » du dogme :

« En se référant à l’héritage patristique, de Lubac a montré que le jugement nuancé des Pères à l’égard des religions païennes devrait aujourd’hui se traduire par un travail patient et rigoureux de discernement, concernant chaque religion en elle-même, au-delà de la simple séduction ou du simple rejet ».

Mais où se trouve ce prétendu « jugement nuancé » chez les Pères eux-mêmes ? Par exemple, les affirmations suivantes ne laissent aucune place à l’ambiguïté.

  • Origène : « Que personne ne se trompe. Hors de cette maison, c’est-à-dire hors de l’Église, personne n’est sauvé ».
  • Saint Cyprien : « Celui qui n’a pas l’Église pour mère ne peut plus avoir Dieu pour Père. Si quelqu’un a pu s’échapper de l’arche de Noé, celui qui est en dehors de l’Église pourra aussi s’échapper ».
  • Saint Augustin : « Personne ne peut trouver le salut en dehors de l’Église catholique. En dehors de l’Église catholique, on peut tout avoir, sauf le salut ».
  • Saint Fulgentius : « Tenez fermement et ne doutez jamais que non seulement les païens, mais aussi tous les juifs, tous les hérétiques et tous les schismatiques qui terminent cette vie en dehors de l’Église catholique, iront dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges ».

Ces affirmations (que l’on pourrait multiplier) ne sont ni durcies ni déformées : elles sont la voix unanime des Pères et de la tradition.

Bref, tout en prétendant revenir aux Pères de l’Eglise, le révisionnisme d’Aveline les contredit.

(…)

Les fausses religions : elles ne sont pas salvatrices, mais dangereuses, même dans leurs « bons éléments

La doctrine catholique rejette l’idée que les fausses religions sont des moyens de salut. S’il est vrai que certains aspects de ces religions peuvent, par accident, servir de tremplin vers la vérité, il n’en reste pas moins que tant les fausses religions que leurs soi-disant bons éléments sont en fin de compte des obstacles au salut.

Paradoxalement, plus une fausse religion contient de bons éléments, plus elle peut devenir dangereuse, précisément parce que ces éléments servent à enraciner ses adeptes dans l’erreur.

Cela est particulièrement vrai pour ce que les groupes « chrétiens » non catholiques ont retenu de l’Église. Un texte patristique attribué à saint Ambroise, cité par le pape Léon XIII, met en garde :

« Mais ceux qui ont beaucoup de choses en commun avec nous peuvent facilement égarer des esprits innocents, consacrés uniquement à Dieu, par des associations trompeuses, défendant leurs croyances corrompues en faisant appel à nos bonnes croyances. Car rien n’est plus dangereux que ces hérétiques qui semblent procéder correctement en toutes choses, mais qui, d’un seul mot, comme une goutte de poison, corrompent la foi pure et simple du Seigneur et, à travers elle, la tradition apostolique ».

En 1761, le pape Clément XIII a exprimé une opinion similaire, à savoir que les supposés « bons éléments » des fausses religions servent d’appât et de couverture aux routes qui mènent à la mort :

« L’erreur diabolique, lorsqu’elle a habilement coloré ses mensonges, est facilement déguisée en vérité, tandis que des ajouts ou des changements très brefs corrompent le sens des expressions ; et la confession, qui opère habituellement le salut, s’approche parfois, par un léger changement, de la mort ».

Le père Henry James Coleridge [1822-1893] observait lui aussi que les « bons éléments » des religions païennes sont « habilement utilisés par les auteurs du mal pour déguiser leur travail et tromper les hommes ».

Saint Bède, connu sous le nom de Bède le Vénérable, a expliqué comment même les sacrements, s’ils sont reçus en dehors de l’Église, apportent la destruction plutôt que le bénéfice :

« Le fait que l’eau du déluge ne sauve pas, mais tue ceux qui se trouvent en dehors de l’arche préfigure sans le moindre doute que tout hérétique, même s’il possède le sacrement du baptême, n’est pas plongé dans l’enfer par d’autres eaux que celles qui élèvent l’arche vers le ciel ».

Saint Augustin ajoute que c’est dans l’Eglise catholique « seule qu’il y a le baptême pour le salut ». La participation aux rites d’une communauté non catholique, « est en soi, par sa nature même, un acte d’assentiment à la foi de cette communauté. Ainsi, même le baptême devient, dans ce cas, un péché et une occasion de scandale ». Bien entendu, une fois qu’une personne entre dans l’Église catholique, l’obstacle à la grâce baptismale est levé.

En ce qui concerne ceux qui ne professent même pas adorer le Christ, l’enseignement de l’Écriture Sainte et de l’Église est clair : « Tous les dieux des nations sont des démons » (Psaume 95, 5). « Je suis le chemin, la vérité et la vie. Personne ne vient au Père si ce n’est par moi » (Jean 14:6). « Il n’y a de salut qu’en Jésus-Christ. Car il n’y a sous le ciel aucun autre nom donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés » (Actes 4:12). « Celui qui nie le Fils n’a même pas le Père » (1 Jean 2.23).

De nombreux autres textes similaires affirment cette doctrine. En outre, le Syllabus des erreurs de Pie IX contient les deux erreurs suivantes :

« L’homme peut, dans l’observance de n’importe quelle religion, trouver la voie du salut éternel et arriver au salut éternel (Qui pluribus, 9 novembre 1846).

« On peut au moins entretenir une bonne espérance dans le salut éternel de tous ceux qui ne sont pas du tout dans la vraie Église du Christ (Quanto conficiamur, 10 août 1863).

Le pape Pie XI, dans Mortalium animos, condamne l’idée que toutes les religions sont « plus ou moins bonnes et dignes d’éloges », puisqu’elles sont censées exprimer le sens inné de Dieu chez l’homme :

« Certes, de telles tentatives ne peuvent en aucune façon être approuvées par les catholiques, fondées comme elles le sont sur cette fausse opinion qui considère toutes les religions comme plus ou moins bonnes et dignes d’éloges, puisque toutes, de manière différente, manifestent et signifient ce sens qui est inné en chacun de nous, et par lequel nous sommes conduits à Dieu et à la reconnaissance obéissante de son royaume. »

Il est difficile de ne pas voir combien cela diffère de l’affirmation d’Aveline selon laquelle Dieu veut la pluralité religieuse dans un sens positif et que les fausses religions jouent un « rôle positif […] dans l’économie générale du salut », même si ce n’est qu’« en tant que réalités socioculturelles ».

Pie XI qualifie explicitement cette conception d’apostasie :

« Non seulement les tenants de cette conception sont dans l’erreur et la tromperie, mais encore, en déformant l’idée de la vraie religion, ils la rejettent et se tournent peu à peu vers le naturalisme et l’athéisme, comme on l’appelle ; d’où il résulte clairement que ceux qui soutiennent ces théories et tentent de les réaliser, abandonnent tout à fait la religion divinement révélée ».

Relationnaliser le christianisme : la caricature de la tradition

Nous pouvons maintenant nous pencher sur la discussion d’Aveline concernant la prétendue nécessité de « relationaliser le christianisme ».

Dans un article de 2006, Aveline se réfère favorablement à une conférence du protestant libéral Ernst Troeltsch, dans laquelle ce dernier rejette ce qu’il appelle « la conception surnaturaliste » du statut absolu du christianisme :

« Le christianisme est la religion absolue parce que Dieu lui-même l’a voulu : par une révélation surnaturelle, il a fondé le christianisme en l’isolant du reste de l’histoire ».

Aveline traite cette affirmation comme une caricature simpliste, suggérant qu’elle est indéfendable. Pourtant, il s’agit simplement de la doctrine catholique, bien que l’idée de « l’isoler du reste de l’histoire » soit une caricature et un ajout injustifié, qui justifie la problématisation de la définition.

Aveline soutient que cette « définition surnaturaliste » doit être réinterprétée à travers le prisme de la science historique :

« Cette stratégie de retrait [de l’Eglise de l’histoire] ne peut résister aux exigences méthodologiques de la science historique ».

La caricature d’Aveline réside dans l’implication que ladite « conception surnaturaliste » du christianisme l’isole nécessairement de l’histoire, comme s’il ne pouvait y avoir aucun lien entre le développement concret du christianisme et le contexte religieux de l’humanité. Il présente cette position comme intenable et affirme que la théologie chrétienne « doit prendre conscience de la relativité du christianisme en tant que phénomène historique et relever théologiquement le défi qu’elle représente ».

La caricature qu’il présente est en effet une position intenable, car l’Église a clairement eu des interactions avec d’autres religions tout au long de l’histoire. Mais cette position intenable n’est pas implicite dans la compréhension traditionnelle des origines surnaturelles du christianisme.

Aveline y voit une réponse à une crise prétendument non résolue :

« Le défi lancé par la science historique à une théologie trop habituée à affirmer la nature absolue du christianisme sans reconnaître suffisamment la relativité et le conditionnement historique de toutes les institutions et initiatives humaines, y compris les religions, et parmi elles, le christianisme ».

Une fois cette « relativité » affirmée, Aveline reformule les questions théologiques fondamentales :

« Ayant reconnu la relativité historique du christianisme, nous nous demandons maintenant ce qui est spécifique à la foi chrétienne : qu’est-ce qui caractérise sa compréhension de la dimension universelle du message qui la soutient ? En quoi est-elle ‘catholique’, au sens le plus large du terme, au-delà des différences confessionnelles ? Comment peut-elle rendre compte du rôle que jouent les religions dans le plan divin de salut ? »

Une fois de plus, ces idées et ces questions nous ont éloignés de la conception traditionnelle de la foi, de la révélation divine et de la nécessité de l’Église pour le salut.

Revenons au point de départ. L’Eglise catholique, pour Aveline, reconnaît tout d’abord la possibilité d’un rôle positif pour les autres religions, en tant que réalités socioculturelles, dans l’économie globale du salut. Cela exclut une position exclusiviste qui, sur la base d’un ecclésiocentrisme étroit, nierait aux religions non chrétiennes toute valeur salvatrice ou révélatrice, sur la base d’une interprétation durcie, et donc déformée, de l’ancien adage patristique « Hors de l’Église, point de salut ».

Maintenant que tout cela est mis à nu, nous pouvons voir les choses telles qu’elles sont. Ce dont nous avons été témoins n’est pas une mauvaise compréhension de la doctrine, mais sa problématisation délibérée : le traitement de vérités définies comme s’il s’agissait de questions négociables. Dévalorisation du dogme, redéfinition de la foi surnaturelle et du rôle de l’Église, subordination de la révélation à l’histoire : tout cela apparaît ici, résumé dans ce seul paragraphe. Ce paragraphe résume parfaitement la méthode d’Aveline : le dogme n’est pas nié, mais problématisé, et donc dissous.

C’est le premier acte d’un drame théologique qui cherche à dissoudre la religion catholique de l’intérieur.

L’acte suivant consiste à étendre cette inversion au Christ lui-même, en redéfinissant sa médiation unique comme quelque chose de répandu dans toutes les religions.

Mais Aveline ne s’arrête pas là. Si les autres religions doivent jouer un rôle dans le salut, leurs adeptes doivent également être considérés comme étant d’une manière ou d’une autre liés au Christ et, par extension, la médiation du Christ doit être repensée pour s’adapter à eux.

(…)

Si Aveline est effectivement le favori de François pour lui succéder, et si les sources vaticanes de LifeSiteNews ont raison de dire qu’Aveline « sera le prochain pape », alors les enjeux ne pourraient pas être plus élevés.

LifeSiteNews

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