Il les a classés en trois catégories: les médias institutionnels (I), les blogs catholiques, éventuellement conservateurs, mais suivant le mainstream (II), et les blogs indépendants, comme le sien (III). La conversion en français n’est pas toujours évidente, disons que je me range sans hésiter dans la catégorie III, mais il n’y a finalement pas tellement de sites personnels consacré à l’Eglise chez nous (du moins à ma connaissance).
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Ce qui est terrible, c’est l’aveuglement persistant, presque « de bonne foi » de la catégorie II, qui persiste à tresser les louanges du pontificat sans aucun esprit critique, par ignorance ou simple esprit grégaire.
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L’auteur illustre son propos par deux « cas d’école » (traités dans mon site en leur temps, voir moteur de recherche) qu’on retrouve aussi chez nous (CNews, KTO…) particulièrement depuis hier.
Une Église incertaine et chancelante
La gestion déplacée de l’héritage de François
Une analyse critique sans faux tabous
Le pape François et le traitement non critique de son pontificat par le deuxième secteur médiatique catholique
Dans le domaine des médias catholiques, on peut distinguer trois groupes : les médias officiels de l’Eglise qui dépendent des conférences épiscopales (comme Katholisch.de, KNA etc.) ; les médias non officiels de l’Eglise, conservateurs, mais qui évoluent dans le mainstream de l’Eglise (comme Kath.net, Radio Horeb etc.) et les médias catholiques indépendants comme, entre autres, Katholisches.info [ce site].
La manière dont le premier groupe traite la postérité du pape François n’est en fait pas très intéressante. Le deuxième groupe est bien plus intéressant. Comment se comporte-t-on là-bas, maintenant que le « nouveau césaropapisme » semble retourner dans la tombe avec François?
Jusqu’à présent, c’est l’absence de réponse. De même qu’en 2013, dans ce deuxième groupe, on avait acclamé le nouveau pape de manière peu différenciée, comme on avait acclamé Jean-Paul II et Benoît XVI auparavant, on persiste dans cette attitude contradictoire même après sa disparition.
Pour les besoins de la chronique, deux exemples sont illustrés ici, sans citer de noms, car il ne s’agit pas d’une critique personnelle, mais de montrer comment les médias catholiques influencent l’opinion publique catholique.
Un présentateur de Radio Horeb a évoqué aujourd’hui le moment de l’élection de François, ce lointain 13 mars 2013, en racontant ses souvenirs personnels et en mentionnant le premier Angelus du nouveau pape, le 17 mars 2013. Et effectivement, ce moment mérite d’être rappelé, mais de manière plus nuancée que ne l’a fait aujourd’hui le collaborateur de Radio Horeb.
Le livre recommandé par le pape François
Lors de son premier Angélus , François a recommandé un livre en insistant sur le fait qu’il ne voulait pas, en principe, faire de la publicité pour les livres de ses cardinaux, qu’il s’agissait donc d’une exception.
Quel livre François a-t-il recommandé ? Le livre publié en 2012 par le cardinal Walter Kasper «Barmherzigkeit: Grundbegriff des Evangeliums. Schlüssel christlichen Lebens» [« La Miséricorde. Notion fondamentale de l’Évangile, clé de la vie chrétienne », 2015] .
L’édition italienne avait été publiée peu de temps auparavant, début 2013. La recommandation a fortement impressionné le présentateur [de Radio Horeb], si bien que dès le lendemain, il s’est procuré le livre de Kasper en librairie. Parmi les autres références au livre, il a mentionné avec enthousiasme la « miséricorde » et la « tendresse » et « même la tendresse physique ». Ce qui ne laisse toutefois pas présager une lecture profitable. Il manquait une réflexion critique.
En effet, il était tout à fait exceptionnel qu’un pape nouvellement élu mette ainsi un seul cardinal sur un piédestal dès sa première apparition de ce genre.
François a fait comprendre qu’il avait tellement intériorisé les thèses de Kasper (« Cela m’a fait tellement de bien, ce livre…, mais cela m’a fait tellement de bien, tellement de bien ») qu’il voulait transformer tout son pontificat en un « pontificat de la miséricorde », mais d’une « nouvelle miséricorde » [ndt: n’oublions pas que Kasper était un adversaire acharné « historique » du pape Benoît!!].
L’éloge papal de Kasper aurait dû dès le début non seulement étonner, mais aussi inquiéter. En effet, François avait d’emblée présenté, avec son apparente bienveillance, un point central de son programme de gouvernement : l’assouplissement de la doctrine catholique du mariage et de la morale, sur lequel insistaient surtout des théologiens de l’espace germanophone, le cardinal Kasper en tête.
Kasper a ensuite obtenu en février 2014 le droit exclusif de prononcer lors du consistoire des cardinaux – le seul de tout le pontificat bergoglien – le discours d’introduction au changement de cap en matière de mariage et de famille, afin de présenter la « nouvelle miséricorde » par la reconnaissance de fait du divorce et du second mariage.
L’opposition parmi les cardinaux réunis fut si grande que François a depuis lors totalement renoncé à convoquer à nouveau les cardinaux, ses conseillers. Des opinions différentes n’étaient pas souhaitées, sous François.
Le résultat de la théologie de Kasper, dont François a fait l’éloge ce 17 mars 2013, fut alors le document post-synodal controversé Amoris laetitia avec les modifications de fait de la doctrine matrimoniale et morale de l’Eglise jusqu’à « l’ouverture » vis-à-vis de l’homosexualité, car dans les fameuses notes de bas de page 351 et 329 d’Amoris laetitia, non seulement l’ouverture mentionnée a été réalisée, mais l’admission des homosexuels à la communion a également été établie – bien sûr de manière voilée, mais sans aucune ambiguïté.
Le remerciement au faiseur de papes
Il n’est pas moins essentiel que François, en faisant son éloge ce 17 mars 2013, ait remercié publiquement l’homme auquel il était lui-même manifestement convaincu de devoir son pontificat. Tout cela s’est fait en public.
En effet, le cardinal Kasper appartenait à la mafia de Saint-Gall, mais le public n’en savait rien à l’époque. Elle ne devait être révélée qu’en 2015, grâce à l’entregent du cardinal belge Godfried Danneels, qui appartenait lui-même à ce cercle secret qu’il n’hésitait pas à appeler « mafia ». La conversation était née d’un sentiment de triomphe, ce cercle secret de hauts prélats se voyant enfin arriver à ses fins grâce à l’élection de François.
Depuis 2014, on sait en outre que Kasper faisait partie d’un groupe de quatre cardinaux, appelé Team Bergoglio, qui devait préparer et imposer l’élection de Jorge Mario Bergoglio, alors archevêque de Buenos Aires, comme pape.
Kasper a joué un rôle clé dans cette affaire, car il devait se rendre à Buenos Aires pour déterminer si Bergoglio était prêt à être le candidat de la mafia de Saint-Gall lors du conclave. Pour cela, Bergoglio devait s’engager par sa parole à ne pas se rétracter. La confirmation de ces magouilles et de ces accords électoraux en coulisses a été donnée par François lui-même ce 17 mars 2013, de manière tout à fait ouverte – sans que le public ne puisse toutefois comprendre les véritables tenants et aboutissants – en faisant l’éloge inhabituel de Kasper et de son livre : Kasper est « in gamba » [en forme], un théologien « efficace “, quelqu’un qui est ” dans le coup “, qui ” a quelque chose ». Aucun doute : le pape nouvellement élu a remercié son principal faiseur de papes.
D’autres recommandations papales de livres de Kasper ont suivi, notamment dans le cadre de la commémoration de la Réforme. Le prélude au coup d’état suivant a été la visite du pape aux luthériens de Rome en novembre 2015 – en présence d’un Kasper à nouveau expressément nommé et visiblement satisfait.
Si le premier pas vers l’admission de toutes les personnes « en situation irrégulière » à la communion a eu lieu en mars 2013, l’étape suivante a consisté à admettre les conjoints protestants non catholiques à la sainte communion à partir de 2015. Cette étape avait également été préparée depuis longtemps par les Allemands. François savait à qui il devait son pontificat et à qui il se sentait redevable. La thèse de Kasper, selon laquelle Luther « avait raison », a été expressément répétée par François.
Lorsque les cinq cardinaux Burke, Müller, De Paolis, Brandmüller et Caffarra ont publié en 2014, en amont du premier synode des évêques sur la famille, la publication « Rester dans la vérité » pour défendre la doctrine catholique du mariage et de la morale, François s’est indigné à huis clos devant les évêques italiens réunis. Selon des fuites, il se serait exclamé à cette occasion en faisant allusion aux péchés capitaux :
« Certains cardinaux ont publié un livre avec la seule intention de combattre Kasper, c’est déjà un péché mortel ».
La publication d’un livre défendant le sacrement du mariage et la famille a été discréditée par François, parce que le contenu allait à l’encontre de son agenda de « nouvelle miséricorde », comme étant un « péché mortel ». Vox Papae.
Auparavant, le cardinal Kasper avait déjà lancé à l’adresse des cinq cardinaux : « Ils veulent une guerre ». Peu après, le cardinal Burke en a subi les conséquences de plein fouet, puisque François l’a démis du jour au lendemain de sa fonction de juge suprême et l’a expulsé du Vatican.
Ça, c’était François et son pontificat.
Tout cela semble être passé entièrement à côté de l’animateur de Radio Horeb, puisqu’il a tout réduit au simple geste extérieur d’une recommandation de livre et que même la lecture du livre ne lui disait visiblement rien, puisqu’elle n’était pas un cri d’alarme pour lui.
On peut trébucher aveuglément dans la vie quand les tabous interdisent de penser.
Un pape comme vous et moi ?
L’autre exemple du deuxième secteur médiatique catholique mentionné au début est la première nécrologie de François du site d’information autrichien Kath.net, publiée hier après-midi. La journaliste signataire ne s’était déjà pas fait remarquer au cours des douze dernières années par sa capacité d’analyse critique de l’action bergoglienne, mais par contre comme papiste de fer. Elle a encore fait honneur à cette réputation hier, puisqu’elle s’est permis de titrer et d’affirmer en substance : « François était un pape comme vous et moi “, en bref un ” curé de village pour le monde entier ».
De telles effusions papistes obligent à s’exclamer : non, non, et encore non, le monde n’a pas besoin d’un pape « comme vous et moi ». Dieu nous en préserve. Bien au contraire. Ce n’est pas une simple polémique, mais cela touche à l’essence même de la papauté.
François a certes fait de son « mieux » pour souligner de manière systématiquement erronée la papauté, en la démantelant là où elle a sa place et en la soulignant là où elle n’a rien à faire. Il s’agissait notamment de se présenter de manière insistante comme « évêque de Rome » plutôt que comme pape. La rédactrice de Kath.net parvient toutefois à être encore plus papiste que le pape. Si François s’est stylisé en évêque dans une intention réductrice, en simple primus inter pares, l’auteur l’a même réduit à un « curé de village ». Super. On ne peut vraiment pas faire plus « humble ». Mais ce ne sont malheureusement que de belles paroles sans substance.
Ce qui est révélateur, c’est que l’auteur ne trouve rien à dire sur la question de savoir « ce qui reste de son pontificat », c’est-à-dire ce qui est positif. Sur ce point, elle a quand même touché le fond nolens volens.
François laisse derrière lui une Eglise incertaine et chancelante.
Ce qui reste de ces deux exemples dans le traitement de la mort de François, c’est un goût amer inchangé, à savoir que même après un pontificat aussi désastreux, même le deuxième secteur des médias catholiques n’est pas en mesure de porter un regard réaliste et une appréciation critique sur la situation. Les interdits de penser n’empêchent certes pas les personnes en place d’avoir une vision personnelle, mais ils empêchent les médias qui y sont liés de rendre compte honnêtement et sans détour, et donc d’informer pleinement le public catholique.
Comment peut-on résumer les douze dernières années pour l’Église ? Comme des années perdues. Perdues pour un travail de construction positif qui n’a pas eu lieu. Le jugement est bien pire sous l’aspect négatif, car François laisse derrière lui un paysage dans lequel il a ouvert des voies de désolation.
Après lui, l’Église se montre plus petite, plus vide et plus déstabilisée. Il a déclenché une multitude de « processus » qui ont un dénominateur commun : ramollir, affaiblir, déstabiliser. L’Eglise que François laisse derrière lui est une Eglise chancelante, car le pape lui-même lui a peu à peu retiré le sol de sous ses pieds.
C’est là que son successeur – il est préférable de parler de successeurs au pluriel, car le travail de nettoyage et de reconstruction est gigantesque – devra commencer. Les louanges sont totalement déplacées.
Les observateurs attentifs doutent qu’un collège électoral de cardinaux ainsi « remanié » soit en mesure d’élire un successeur de Pierre capable de guider l’Eglise en tant que grand prêtre dans le culte, maître et père dans l’enseignement et pasteur dans le soin des âmes, pour pouvoir dire tout simplement : Il fortifie ses frères dans la foi.
Mais pour cela, nous devons nous confier à la deuxième vertu divine, l’espérance, afin que la Providence divine puisse agir. Nous avons la prière et nous avons la possibilité d’offrir des intentions de messe pour l’élection d’un pape saint, actif et agréable à Dieu.
Faisons-en un usage généreux.
Mots Clés : Mort de François