En marge de la couverture de la mort et des obsèques de François.
90% des gens pensent que ce qui passe à travers leur écran de télévision ou d’ordinateur est LA vérité révélée (les mêmes, ensuite, disent ne pas avoir confiance dans les médias classiques pour s’informer… on n’est pas à une contradiction près).

La preuve a été faite (une fois de plus) par l’image qui a été donnée, et reçue par le public, du défunt pontife.

Parmi les 10% restants, il y a les indifférents, et enfin l’infime minorité de ceux qui ont été scandalisés, quand ce n’est pas exaspérés, par l’unanimisme de la presse… et l’indigence absolue des commentaires.

C’est à l’un deux que répond ici AM Valli, qui a l’expérience du vécu, puisque lui-même, après une carrière brillante de vaticaniste-vedette à la télévision publique italienne, a payé chèrement son indépendance et ses critiques contre Bergoglio

Mais avant de lire un extrait de sa réponse, une précision s’impose: les « vaticanistes » sont une spécificité italienne: normal, le Vatican est à Rome.

En France, donc, il n’y a pas de vaticanistes.

A côté du bataillon des « journalistes » sans doute diplômés, qui récitent les dépêches communiquées par les grandes agences (AP, AFP), il y a les « signatures », les vedettes, les éditorialistes, forcément multi-cartes, et pour la plupart, dans le cas qui nous occupe, athées, et ne connaissant RIEN aux choses de l’Eglise.

Et puis ceux qu’on consulte, qu’on écoute « religieusement » (c’est le cas de le dire), toujours les mêmes, les « spécialistes » auto-proclamés et autres « historiens de l’Eglise » qui courent d’un plateau à l’autre pour faire connaître leur opinion, qui n’intéresse personne, étaler leur esprit partisan et leur ignorance… et éventuellement vendre leur dernier livre.

On a une illustration grandiose de tout cela depuis une semaine. Et cela va continuer avec le Conclave.

Le pape, l’adieu et la pensée unique. Considérations sur l’information

www.aldomariavalli.it/2025/04/24/il-papa-laddio-e-il-pensiero-unico-considerazioni-sullinformazione/
(Extrait)

(…)

La question de l’opportunisme fournit certainement une explication. Dans le journalisme, comme dans tout autre domaine, rares sont ceux qui acceptent d’aller à contre-courant. La route est rude et il faut du courage. Le courage de se mettre en avant. Cela signifie renoncer à l’argent, au prestige, à la visibilité, à la reconnaissance. Et vous comprenez bien que tout le monde n’est pas prêt à payer un tel prix.

Je crois que l’adhésion à la pensée unique de ce qu’on appelle la « grande presse » a aussi une autre origine : les gens n’étudient plus.

Il n’est pas facile d’être vaticaniste. Traiter du Vatican, du Saint-Siège et de la religion catholique, c’est traiter d’un sujet complexe. Si l’on veut s’y atteler sérieusement, il faut étudier. Il ne s’agit pas seulement de s’informer, mais d’aller plus loin, de fréquenter les savants du passé et du présent, d’entretenir des contacts dans le monde entier.

Mais là encore, peu de gens sont prêts à suivre cette voie. D’abord parce que cela coûte des efforts et ensuite parce que le rythme de l’information est devenu si effréné que, même si on le voulait, il est compliqué de trouver le moyen et le temps d’étudier, de vérifier, de comparer les sources et de trouver des alternatives aux sources officielles. Alors, le plus simple, c’est quoi ? De se conformer et de chanter dans le chœur.

On se rend compte que, dans ces conditions, il est beaucoup plus facile de jeter un article aligné, plein d’idées actuelles, que d’essayer de développer une pensée critique. Le panégyrique coûte peu et rapporte beaucoup. L’article critique coûte cher et ne rapporte rien ou presque. Pire, il peut comporter le risque d’être éliminé professionnellement.

Je ne veux pas dire par là que tous les journalistes sont partiaux ou ignorants. Je suis convaincu qu’un grand nombre d’entre eux essaient, même dans les conditions données, de sauvegarder un minimum d’autonomie et d’enquêter au moins un peu. Mais les problèmes que j’ai décrits sont incontestables.

(…)

Share This