Parmi les invités récurrents du blog de Marco Tosatti, il en est un qui signait du pseudo « Super Ex », figure très bien informée … et très critique, et qui avait disparu depuis 2020. L’hyperbole des obsèques bergogliennes le fait sortir de son silence… et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça déménage!
Super Ex confronte les deux plateaux de la balance, et dans le positif (qui conclut son article) il ne voit que l’attitude inattendue dans les deux conflits en cours: Gaza et l’Ukraine.

Calmement, nous pouvons le dire aujourd’hui : l’effet Bergoglio a été le contraire de ce que les journaux prédisaient, un gel qui est venu tuer les pousses que l’ère de Benoît XVI avait favorisées.

https://www.marcotosatti.com/2025/04/24/vi-spiego-come-e-perche-bergoglio-ha-svuotato-le-chiese-super-ex

Chers amis et ennemis de Stilum Curiae, des brumes du passé surgit – et c’est une surprise qui nous fait grand plaisir – un vieux collaborateur de Stilum Curiae, Super Ex.

Marco Tosatti

Je vous explique comment et pourquoi Bergoglio a vidé les églises

Il nous arrive souvent, en discutant avec des amis, de constater à quel point l’Église d’aujourd’hui a changé par rapport à celle d’il y a dix ans. Les changements sont nombreux, mais le plus évident saute aux yeux en entrant dans n’importe quelle église, chaque dimanche : les bancs vides sont de plus en plus nombreux et trouver un jeune est devenu presque impossible. Toutes les données le confirment : au cours des dix dernières années, la fréquentation des messes dominicales, les mariages religieux, la vente d’articles religieux, les 8 pour mille à l’Église catholique… ont tous diminué.

Pourtant, il y a seulement 12 ans, avec l’élection de Bergoglio, les attentes semblaient énormes. Des sociologues comme Massimo Introvigne (qui s’est plus d’une fois fourvoyé), vantaient l’ « effet Bergoglio » [cf. benoit-et-moi.fr/2013-III/actualites/leffet-francois], c’est-à-dire le retour attendu à l’Église de nombreux fidèles attirés par les méthodes et la « doctrine » du nouveau pontife. Les  “magnifiche sorti e progressive”  étaient proclamés avec la même certitude que celle avec laquelle, dans les années 1960, on annonçait une « nouvelle Pentecôte« , un nouveau « printemps de l’Église« . Mais hélas, entre le triomphalisme un peu narcissique de certains milieux cléricaux et la réalité, il y a un océan.

Calmement, nous pouvons le dire aujourd’hui : l’effet Bergoglio a été le contraire de ce que les journaux prédisaient, un gel qui est venu tuer les pousses que l’ère de Benoît XVI avait favorisées.

Je me souviens bien de ces années où je collaborais avec Avvenire, et où de nouvelles initiatives catholiques naissaient lentement mais impétueusement dans toute l’Italie.

En 2005, l’Église italienne sous la houlette de Benoît XVI et du cardinal Ruini a défié presque tous les partis et les médias, remportant une victoire incroyable lors du référendum sur la loi 40 (qui faisait de la location d’utérus – GPA – un crime, entre autres) ; peu après, en 2007, il y a eu la première Journée de la famille, c’est-à-dire la plus grande manifestation dans les rues des catholiques italiens depuis l’unification de l’Italie, pour s’opposer avec succès aux unions civiles, sous l’égide de Prodi et Bindi [resp. Premier Ministe et ministre de la famille, tous deux socialistes]. En même temps, l’attitude de Benoît XVI a progressivement conquis, pas à pas, de nombreuses personnes, attirées par la spiritualité, par le retour à la beauté de la liturgie et de la prière.

Alors que les journaux séculiers, ceux-là mêmes qui prophétisaient et garantissaient « l’effet Bergoglio », harcelaient et attaquaient quotidiennement Benoît XVI, des personnalités laïques comme Marcello Pera et bien d’autres trouvaient en lui un interlocuteur intéressant et stimulant. Dans le même temps, bien que les problèmes internes ne manquaient pas, l’Église catholique ramenait des groupes d’anglicans, cherchait une pacification avec les catholiques liés au rite latin, dialoguait sur des principes non négociables avec le monde orthodoxe…

Puis tout a décliné, comme le soleil à l’ouest, et aujourd’hui les catholiques, s’ils voulaient organiser une journée de la famille, n’auraient aucune chance de succès.

On a déjà parlé des églises vides. Mais que s’est-il passé ?

Tout d’abord, Bergoglio a immédiatement imposé sa personnalité envahissante, interprétant la papauté non pas comme un service, un vicariat, mais comme quelque chose de purement personnel : il a voulu marquer la différence par rapport à son prédécesseur, avec d’innombrables choix de rupture, soutenu dans cette opération par les médias dont il a immédiatement recherché les applaudissements et l’alliance.

Tout le monde se souvient de l’alchimie avec Eugenio Scalfari, expression de l’Italie maçonnique, anticléricale et athée du pays. Des journaux comme Repubblica, des hommes politiques athées et radicaux comme Marco Pannella et Emma Bonino, des personnalités communistes athées comme Giorgio Napolitano, etc. sont devenus ses compagnons de route, les nouveaux « saints », bien que leur éloignement du Christ et leur aversion pour l’Église soient connus de tous. Tandis que Bergoglio tirait à boulets rouges sur les catholiques « rétrogrades, pélagiens, purs et durs, traditionalistes« , et ainsi de suite avec une série d’épithètes désobligeantes à l’égard de frères dans la foi, la grande presse applaudissait, heureuse d’avoir enfin trouvé le cheval de Troie pour faire bénir par l’Église ce qu’elle avait toujours rejeté.

A côté de cette accointance avec l’intelligentsia athée du pays, de constantes déclarations publiques générant une surexposition médiatique destinée à produire, en peu de temps, saturation et désintérêt, à côté des invectives répétées contre les religieuses « vieilles filles« , les prêtres « avides » qui ne s’intéressent qu’à l’argent et au pouvoir, la Curie romaine, les parents catholiques qui « se reproduisent comme les lapins« – tout cela pour se présenter comme le bon réformateur, le vrai Pasteur, au sein d’une Eglise entièrement dominée par des loups et des mercenaires – Bergoglio a réalisé une prédication et une pastorale totalement contradictoire et schizophrénique.

Quant à la doctrine, c’est-à-dire les vérités révélées, il a renversé l’idée catholique selon laquelle il n’y a pas d’opposition entre la vérité et la miséricorde, mais, au contraire, une complémentarité. En opposant doctrine et pastorale, Bergoglio a en effet vidé la première et la seconde de tout contenu : à quoi sert la pastorale, sinon à conduire à la vérité et à la conversion ? Mais si la doctrine ne sert à rien, si la conversion à la vérité n’est pas nécessaire, quelle est la finalité de la pastorale ?

Schizophrène et contradictoire est apparue, pour des millions de fidèles, la prédication sur Satan, figure souvent présente dans les discours publics de Bergoglio : qui est-il et que fait ce Satan omniprésent, en paroles, si chaque jour voit la course à transformer les anciens péchés, tels que ceux contre la nature, en œuvres bonnes et méritoires, ou en tout cas qui ne peuvent pas être « jugés » ? Comment les diatribes contre le diable peuvent-elles cohabiter avec l’abolition de facto des péchés ? Les invectives contre la culture du genre, avec des documents bénissant les unions homosexuelles et des déclarations publiques faisant l’éloge de Luxuria [transexuel notoire, ndt]?

Et à quoi sert la foi dans le Christ, sa miséricorde si souvent vantée, s’il n’y a plus rien à pardonner et si le salut est universel ? Qu’est-ce que cette synodalité tant proclamée, alors qu’il est évident pour tous que le seul chef absolu, qui ne daigne même pas répondre aux Dubia de ses cardinaux, est le seul Bergoglio ? Que signifie la « synodalité », si les demandes de conférences épiscopales entières, sur des documents diviseurs et hétérodoxes tels que Fiducia supplicans, non seulement ne sont même pas prises en considération, mais sont même attaquées en public, encore et encore ? Qu’est-ce que cette synodalité vantée si les décisions les plus importantes, même lorsqu’elles renversent celles de leurs prédécesseurs, sont imposées avec la formule autocratique « motu proprio » ?

Il était choquant, durant toutes ces années, de voir la distance entre les mots, toujours destinés à exalter la miséricorde, le dialogue et la compréhension, et un comportement dur et intransigeant, par exemple à l’égard de nombreux ordres religieux qui ont été mis sous contrôle et détruits; sans aucune pitié ni envers des personnalités ecclésiastiques soudainement marginalisées, sans raisons compréhensibles et sans aucun respect des normes du droit canonique ! Et ce, alors que d’autres ecclésiastiques proches du pontife, de Zanchetta à Rupnik, ont été défendus bec et ongles malgré les énormes scandales dans lesquels ils étaient impliqués !

Il était choquant d’entendre dire publiquement à plusieurs reprises que l’avortement est « comme engager un tueur à gages« , puis de lire l’apologie des politiciens abortistes, de voir le boycott plus ou moins flagrant, des associations laïques pro-vie et l’ascension au sommet d’organismes comme l’Académie pontificale pour la vie de gens qui considèrent l’avortement comme un droit, un bien et la loi de 1904 comme positive !

Mais, comme on dit, tous les nœuds finissent par arriver au peigne, et Bergoglio est depuis longtemps un souverain absolu mais entouré plus par la crainte que par l’amour de ses sujets. Il l’a déclaré lui-même, de manière quelque peu obsessionnelle, en se posant en victime, jusque dans sa dernière autobiographie, où le pontife censé ramener les foules, se retrouvant seul et « incompris », a voulu se justifier : ce sont les autres clercs qui sont mauvais et qui me boycottent. Mais la réalité s’impose et l’arbre, disait Jésus, se voit à ses fruits. Aujourd’hui, on peut dire : rares, et mauvais

Je comprends que dire tout cela, après la mort d’un pontife, n’est pas agréable, et je veux donc terminer par une appréciation positive : le programme de Bergoglio a été celui d’Obama et de Biden, sauf en ce qui concerne les guerres.

Sur la guerre en Ukraine (évident son manque de sympathie pour le fou Zelensky) ou sur les massacres israéliens à Gaza ou sur le réarmement des états (qui est « fou »), Bergoglio a non seulement été tout à fait dans la ligne des pontificats précédents, mais peut-être même plus courageux, même si ses actions quelque peu « garibaldiennes » et autoréférentielles, incapables d’engager réellement la diplomatie vaticane et le peuple des fidèles, ont été finalement assez peu fructueuses.


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