Reprise d’un article d’octobre denier, juste après qu’ait été connue la liste des derniers cardinaux promus par François. L’impeccable analyse de Luis Badilla est encore plus d’actualité aujourd’hui, à la veille du Conclave: « Il y a un manque de grandes figures, avec une lumière propre, des pasteurs, bien sûr, mais aussi des intellectuels puissants, avec un arrière-plan philosophique, théologique et canonique convaincant et reconnaissable ».
Parlons des fameux cardinaux kingmaker – faiseurs de rois – qui peuvent être décisifs car pas mal de cardinaux électeurs, à la fin, lorsque la route se rétrécit et que la confusion augmente, se fient à l’avis d’un autre ; ils votent pour un candidat parce que « cela lui a été demandé par un frère cardinal célèbre et bien connu, en qui il a confiance ».
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Les conclavistes kingmaker indiquent les papabili, puis se regroupent ou font « cordée » autour de ceux qui ont été signalés et enfin apportent les voix des moins convaincus et des plus craintifs. Ces cardinaux, souvent experts en la matière, sont les premiers à savoir et à accepter ce que le cardinal Giuseppe Siri (1906-1989) a dit il y a plusieurs décennies : « Les papes sont faits en conclave ».
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Ce schéma, dans un éventuel Conclave avec de nombreuses figures mineures, comme c’est le cas aujourd’hui, pourrait prendre le contrôle de la situation. Le risque est donc grand qu’à la fin, dans la chapelle Sixtine, ce soient 3 ou 4 cardinaux kingmaker qui décident, en jouant sur le résultat final, en particulier avec les indécis, les perplexes et les opposants.