Ce n’est pas très difficile, mais vous devrez peut-être patienter 2 ou 3 jours après le fameux Habemus Papam, si vous n’avez pas suivi de près les dernières rumeurs vaticanes: il vous faudra compiler les titres de la presse, et peut-être vous infliger le pensum de regarder la télévision, en particulier les chaîne d’information en continu.
Si le nouveau pape est accueilli par les acclamations des médias, il est forcément « mauvais ». C’est mathématique. S’il bénéficie d’une certaine indulgence, il faudra être vigilant (et, si l’on est catholique, redoubler de prières pour lui). S’il est d’emblée « crucifié », c’est presque sûrement un bon pape. Et c’est aussi mathématique.

Je me base forcément sur mon expérience personnelle, et l’élection de Benoît XVI, le 19 avril 2005.
Voici ce qu’écrivait l’excellent Michel de Jaeghere dans le hors-série du Figaro consacré au nouveau Pape. Il semblerait que rien n’ait changé depuis 20 ans (cf. benoit-et-moi.fr/2013-I/articles/pas-detat-de-grace-pour-benoit).

Pour lui, il n’y aura pas eu d’« état de grâce ».

Michel De Jaeghere
boutique.lefigaro.fr/produit/107814-benoit-xvi

La joie immense des 150 000 fidèles qui s’étaient regroupés à la hâte, place Saint-Pierre, dès l’annonce de la fumée blanche, l’émotion des millions de fidèles qui ont découvert, sur les écrans de leurs télévisions, le visage rayonnant et comme métamorphosé du nouveau pape répondant aux acclamations depuis la loge de Saint-Pierre, n’étaient pas retombées que radios, télévisions, journaux bruissaient de la déception des catholiques autoproclamés qui se succédaient sur les plateaux pour dire leur inquiétude d’une dérive « conservatrice » de l’Eglise, condamner l’étroitesse des vues du « gardien du dogme », déplorer qu’on ne puisse attendre de Benoit XVI qu’il revienne sur les enseignements moraux de son prédécesseur.

La parenthèse bienveillante qui avait vu les médias internationaux s’associer à la tristesse des catholiques, à l’annonce de la mort de Jean-Paul Il, était brutalement refermée. On n’avait pas pris garde qu’elle les avait vus célébrer, en Karol Wojtyla, non le chef de l’Eglise, mais l’homme de dialogue, le voyageur infatigable, un « expert en humanité ». Qu’en reprenant en boucle les images de sa vie, de sa mort ou de ses funérailles, la société médiatique se souciait peu de lui rendre hommage: qu’elle s’accaparait en réalité son image, son aura, sa popularité, pour tenter de réduire le rôle du pape à celui d’une sorte d’animateur spirituel du village planétaire : le dalaï-lama de l’Occident. Celui qui apporterait un supplément d’âme au matérialisme mercantile sans fatiguer inutilement le consommateur avec des inquiétudes spirituelles qu’il ne fallait pas prendre au premier degré.

Nullement gênés par leur éloignement personnel du catholicisme, les experts avaient leur idée sur la personnalité qu’il convenait de choisir pour lui succéder et donner à leur rêve toute l’ampleur souhaitée : un cardinal du tiers-monde militant pour l’annulation de la dette des pays pauvres et la justice sociale sans nous accabler de préceptes et d’interdits d’un autre âge ferait pleinement l’affaire. Il vendrait les trésors du Saint-Siège, braderait l’héritage doctrinal de l’Eglise, se ferait acclamer au forum de Porto Alegre, et rendrait aux chrétiens leur liberté. Il n’était même pas nécessaire qu’il jouât du saxophone. On vendrait du papier, et l’on aurait la paix.

(…)

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