La place était bondée. Plus que la fumée noire, prévisible au terme d’un premier scrutin, c’est l’intérêt immense que continue à susciter l’élection d’un Pape qui est le vrai sujet. Nico Spuntoni le souligne à juste titre:
La place d’hier, avec les milliers de caméras braquées sur le toit de la Sixtine, est la revanche de l’Église sur une opinion publique [et médiatique] qui lui est constamment et a priori hostile. Un signe de force qui ne vient pas des innombrables et toujours plus généreuses « ouvertures » à la modernité, mais d’un rite qui remonte aux dernières décennies du XVe siècle
Fumée noire, le monde attend la venue du Pape
Nico Spuntoni
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Après l’évidence du premier vote, l’attention du monde reste fixée sur la cheminée de la Sixtine jusqu’à l’élection du successeur de Pierre. Un signe de force pour l’Église face à une opinion publique préjudiciablement hostile. Et il ne vient pas d' »ouvertures » mais d’un rite séculaire.

Malgré l’aide de la chimie, l’illusion de la fumée blanche à la première apparition de la fumée est restée la même. Un délai important y a contribué : tout le monde attendait la réponse à 19 heures, mais elle n’est arrivée que deux heures plus tard. Et la fumée était noire, très noire même.
Le retard, cependant, était à prévoir car par rapport à 2013, il y a 18 électeurs de plus. La procession et le serment ont dépassé le temps prévu et ensuite, après les extra omnes, ce fut le tour de la méditation du cardinal Raniero Cantalamessa, âgé de plus de quatre-vingts ans, décrite comme « kilométrique ».
Les opérations de pré-scrutin ont dû prendre beaucoup de temps aussi parce que seuls 27 cardinaux sur 133 avaient déjà participé en 2013 et savaient donc déjà comment fonctionne cette machine fascinante mais complexe.
Malgré les nombreuses portes et les contrôles stricts, la place Saint-Pierre était remplie grâce aussi à un après-midi ensoleillé et à l’envie d’assister à un événement destiné à entrer dans l’histoire. Il avait été dit qu’il serait presque impossible de voir le nouveau pape aujourd’hui, mais la « peur » de manquer ce moment a poussé des milliers de croyants, de pèlerins et de touristes à se rassembler sur la place Saint-Pierre plus tôt dans la journée. La marée humaine a rempli toute la Via della Conciliazione, jusqu’à la nouvelle Piazza Pia. Les écrans géants diffusaient les images de la procession de la Chapelle Pauline et du serment dans la Chapelle Sixtine.
Quand Mgr Diego Ravelli prononça avec détermination l’ « extra omnes », les applaudissements ont éclaté à l’intérieur de la colonnade, menés principalement par la « phalange » des religieuses.
En attendant la fumée, plusieurs fois la place s’est imaginée que c’était le moment, a applaudi et crié. Fausse alerte. Les terrasses des bâtiments entourant le Dôme étaient bondées comme jamais auparavant. La vue y est privilégiée, mais le regard va dans la même direction que les gens sur la place : vers ce pot de cheminée si esthétiquement « normal » mais avec une tâche incroyablement importante. De temps en temps, pour briser les règles et presque pour détendre un peu l’atmosphère, une mouette « sans méfiance » apparaissait à côté de la cheminée.
La place d’hier, avec les milliers de caméras braquées sur le toit de la Sixtine, est la revanche de l’Église sur une opinion publique qui lui est constamment et a priori hostile. Un signe de force qui ne vient pas des innombrables et toujours plus généreuses « ouvertures » à la modernité, mais d’un rite qui remonte aux dernières décennies du XVe siècle et qui s’est maintenu même lorsque les conclaves se tenaient au Quirinal et non à la Sixtine.
À 21 h 01, une grande excitation règne sur la place lorsque la cheminée commence à fumer – et la couleur ne laisse aucun doute : noir.
Le pape n’a pas été élu, et d’un autre côté, il aurait été surprenant que ce ne soit pas le cas. Alors que le ciel déjà sombre de Rome devient encore plus noir autour de la coupole, la foule commence immédiatement à affluer vers la Via della Conciliazione tandis que sur la place restent principalement des prêtres et des religieuses décidés à prier le rosaire dans toutes les langues du monde.
Le rendez-vous n’est que reporté. Mais à quand ?
Mots Clés : Conclave 2025