Attention, le Pape en question, ce n’est pas Léon XIV, mais François. L’article qui suit a été écrit la veille du conclave. Il est trop tard aujourd’hui pour l’avertissement aux cardinaux-électeurs (dont nous espérons qu’ils n’ont pas été victimes d’une manœuvre du même type, c’est l’avenir qui le dira). Reste la façon dont Bergoglio a réussi à imposer sa candidature, qui jette une lumière sinistre sur la personnalité tourmentée et manipulatrice de celui qui reste pourtant, pour beaucoup de gens (je ne dis pas de « fidèles ») une figure respectable et aimée.
Voilà comment on fabrique un pape : une leçon à ne pas oublier
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Lors du conclave de 2013, l’élection de Jorge Mario Bergoglio a été présentée comme l’émergence soudaine d’une figure humble et spirituelle, venue du « bout du monde » pour secouer la poussière de la Curie et remettre le Christ au centre. Pourtant, ces années ont montré que François n’était mû que par l’idéologie et le désir de plaire aux médias au détriment de l’Épouse du Christ.
Au centre de sa campagne, cependant, nous savons qu’il y a eu un discours : celui prononcé par le cardinal Bergoglio lui-même devant le collège des cardinaux lors des congrégations générales préparatoires au conclave.
Ce discours – autant salué que programmatiquement ambigu – est devenu la rampe de lancement de sa candidature, qui a été soutenue et propagée avec zèle par deux personnages clés : le secrétaire d’État sortant Tarcisio Bertone et le cardinal hondurien Óscar Rodríguez Maradiaga, tous deux motivés par des agendas précis. Le premier voulait couler l’autre candidat : Angelo Scola, le second voulait promouvoir Bergoglio, qui a incarné un modèle qui lui plaisait mais duquel il s’est senti trahi dans les dernières années de son pontificat.
Le discours de la périphérie : un manifeste plutôt qu’une méditation
Le texte, exclusivement en original dans la photo [càd qu’il n’y a qu’un « brouillon » manuscrit et aucune version formelle, ndt] , apparemment spirituel et passionné, lâche les chevaux de bataille de ce qui sera le pontificat de Bergoglio : la sortie de l’Église d’elle-même, la dénonciation de l’autoréférentialité, la condamnation de la mondanité spirituelle, la nécessité d’une Église pauvre pour les pauvres.
Mais la véritable clé du discours se trouve dans le final, où – avec une rhétorique habile – Bergoglio esquisse le portrait-robot du Pape : un homme qui, à partir de la contemplation du Christ, conduit l’Eglise vers les périphéries existentielles. Difficile de ne pas y lire une auto-candidature voilée (mais pas trop!).
Le ton inspiré cache une ruse toute argentine : il n’est pas nécessaire de dire « je », il suffit de décrire ce qui est « nécessaire », laissant aux autres la charge (et le plaisir) d’identifier le candidat idéal dans l’orateur lui-même.
Personne parmi ces cardinaux, cependant, ne s’est demandé à quel prix l’archevêque de Buenos Aires ferait tout cela, et avec quel caractère. Le problème, hier comme aujourd’hui, est précisément celui-ci. Trop souvent, on s’en remet à des personnes dont on ne connaît pas la réalité et la pensée réelle, au-delà des mots.
Bertone et Maradiaga : les metteurs en scène du consensus
Le discours fit immédiatement l’objet d’une propagande interne efficace. Maradiaga le fit circuler parmi les cardinaux hispanophones et latino-américains, le présentant comme la « voix prophétique » que le conclave attendait. Bertone, quant à lui, ne cachait pas son soutien : il voyait en Bergoglio l’homme capable de sauvegarder un certain équilibre des pouvoirs, sans remettre en cause la structure vaticane qu’il avait lui-même contribué à façonner, sous le couvert de la réforme. Un couple inédit, que celui de Maradiaga et Bertone, unis non par une communauté idéologique, mais par une convergence d’intérêts : Maradiaga, paladin de l’ « Église des pauvres », et Bertone, héritier d’une Secrétairerie d’État qui avait attaqué le Pape. Dommage, cependant, que tous deux n’aient rien compris. Bertone était même convaincu que « c’est nous qui le conduirons ». Oui, même pas un an et il était déjà hors jeu.
L’Eglise de la parrèsia… ou de la propagande ?
Il y a quelque ironie, aujourd’hui, à entendre le Pape [François] dénoncer les méfaits de « l’Église autoréférentielle », alors que sa propre élection a été le résultat d’une habile manœuvre de communication interne. Le risque, et même la réalité, est que la « sortie vers les périphéries » tant proclamée ait été, avant tout, une sortie des canons du discernement spirituel au profit de logiques beaucoup plus mondaines, bien que maquillées en prophétie.
Aujourd’hui [donc à la veille du conclave, ndt], les cardinaux sont appelés à redécouvrir ce que signifie vraiment la « parresia » : non pas la rhétorique inspirée qui cache une candidature de tel ou tel « réformateur », mais le courage de regarder la réalité en face et de démasquer – même dans l’Église – les opérations qui prétendent être inspirées mais qui, au fond, sont profondément politiques. Le courage de revenir au Christ sans devoir dépendre de l’un ou l’autre éditorial venimeux d’un pseudo-vaticaniste prêt à démolir l’Église.
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