Parmi les nombreuses perles contenues dans ses premiers discours publics, authentiques témoignages de foi selon l’enseignement de l’Eglise de toujours, les « méfiants » trouvent des points d’interrogation, voire de suspicion, et se demandent si Léon XIV est seulement « un diplomate habile, un stratège prudent » qui cherche à gagner du temps en « ménageant la chèvre et le chou », sinon un crypto-moderniste.
Il est temps, dit Tommaso Scandroglio, de solder ce legs empoisonné et de recommencer à traiter le Pape comme un Pape.
Depuis 12 ans, nous avons été mal servis par François. Manquant à son devoir de père, de Saint-Père, certains et peut-être beaucoup de fidèles ont été forcés, malgré eux, de commencer à soupçonner que le Pape ne confirme plus ses frères dans la Foi…
C’est pourquoi nous sommes nombreux à nous montrer prudents, voire méfiants à l’égard des paroles de Léon XIV…
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Tel est l’héritage amer de François : un peuple de fils qui doutent de leur père, qui se défendent contre lui. Un peuple de méfiance.
- Voir aussi: Léon XIV: Tradition et « bon usage » (Lugaresi)
Après François
Faisons confiance au Pape et espérons qu’il dénouera les nœuds de l’Eglise
Tommaso Scandroglio
lanuovabq.it/it/fidiamoci-del-papa-e-speriamo-che-sciolga-i-nodi-della-chiesa
Léon XIV s’est déjà distingué par plusieurs discours fidèles au Magistère, mais en même temps les références aux thèmes de François ne manquent pas. Certains s’interrogent sur sa position, mais les fidèles doivent à nouveau se tourner avec confiance vers le successeur de Pierre, en espérant qu’il dénouera bientôt six nœuds.
- Il faut une « conversion missionnaire de toute la communauté chrétienne«
- « Il faut retrouver le sens du mystère, si vivant dans vos liturgies [des Eglises orientales], qui impliquent la personne humaine dans sa totalité, chantent la beauté du salut et suscitent l’émerveillement devant la grandeur divine qui embrasse la petitesse humaine ! Et combien il est important de redécouvrir […] le sens de la primauté de Dieu, […] de l’intercession incessante, de la pénitence, du jeûne, des pleurs pour ses propres péchés et pour ceux de toute l’humanité »
- Il faut « saisir les occasions qui se présenteront pour confirmer dans la foi tant de frères et de sœurs dispersés dans le monde ».
- « L’Église ne peut jamais hésiter à dire la vérité sur l’homme et le monde, en recourant si nécessaire à un langage brutal ».
- Il y a « urgence d’apporter le Christ à tous les peuples« .
Vous l’aurez reconnu : il s’agit de Léon XIV [ndt: les références sont en lien, en français]. On dirait des phrases d’une Église chrétienne ancienne, archaïque et primitive d’il y a 11 ou 12 ans.
Mais ensuite, Papa Leo relance très souvent les evergreen [« toujours verts »/idées fixes] de son prédécesseur, beaucoup cités dans ses messages, homélies, etc, avec les pontifes qui l’ont précédé et les Pères de l’Église.
Evergreen tels que :
- synodalité,
- marcher ensemble,
- fraternité universelle,
- abattre les murs et construire des ponts,
- engagement à construire une culture de la rencontre, du dialogue, de l’amitié sociale, de la justice écologique, sociale et environnementale.
Certains se demandent si sa personne est vraiment si fermement positionnée sur la crête exacte qui sépare les catholiques fidèles au Magistère de toujours de ceux fidèles au Magistère de François, ou si c’est un diplomate habile, un stratège prudent à juste titre qui tente de recoudre le manteau sacré dans lequel l’Église est enveloppée et qui a été déchiré en plusieurs endroits par son prédécesseur. « Un colpo al cerchio e un colpo alla botte » [« Un coup au cercle et un coup au tonneau »/se dit de quelqu’un qui par opportunisme ne prend pas une position nette dans une dispute, donnant raison à la fois à l’un et à l’autre] au nom de l’unité.
Pour l’instant, nous avons pris acte de cette position médiane, mais ensuite les nœuds arriveront au peigne et il faudra donner une réponse qui ne soit plus « fluide ». Et les nœuds, ce sera
- l’homosexualité,
- le pluralisme religieux,
- le diaconat féminin,
- le célibat ecclésiastique,
- la messe selon le vetus ordo
- et la question de la Chine.
Les magnifici sei [« six magnifiques »/titre d’une série??] de la pensée hérético-progressiste.
La question – vrai modéré ou habile stratège ? – et sa réponse ont certes leur poids, mais bien moins que le poids de la confiance, de l’honneur, du respect et de la déférence filiale dus au successeur de Pierre.
Depuis 12 ans, nous avons été mal servis par François. Manquant à son devoir de père, de Saint Père, certains et peut-être beaucoup de fidèles ont été forcés, malgré eux, de commencer à soupçonner que le Pape ne confirme plus ses frères dans la Foi, mais veut les confirmer dans leur foi en la justice sociale, l’environnementalisme, la fraternité universelle et ainsi de suite.
C’est pourquoi nous sommes nombreux à nous montrer prudents, voire méfiants à l’égard des paroles de Léon XIV, à les peser dans nos mains comme s’il s’agissait d’un diamant dans lequel nous pouvons déceler des impuretés, c’est-à-dire des incertitudes, des ambiguïtés et même des erreurs.
Beaucoup disent : « Nous verrons, attendons d’autres discours, attendons de juger, il est tôt ».
Tel est l’héritage amer de François : un peuple de fils qui doutent de leur père, qui se défendent contre lui. Un peuple de méfiance.
Mais le père doit être écouté et suivi docilement jusqu’à ce que, comme cela s’est produit avec le pape François, il dise et fasse de manière flagrante des choses contraires à la doctrine.
Mais jusqu’à ce moment-là, nous devons être des fils et non des juges, des fils et non des inspecteurs, des fils et non des censeurs, sinon nous serions les disciples de François qui a rabaissé la papauté pour magnifier sa personne. Oui, parce que chaque fois que nous adoptons cette posture soupçonneuse quand le pape se prononce, chaque fois que nous prenons le crayon rouge et bleu quand il prononce un discours, chaque fois que nous occupons la Chaire à sa place, nous rabaissons également l’importance du munus pétrinien, nous ne reconnaissons pas son importance, d’où ses exigences et d’où nos devoirs envers lui.
Il est temps d’abandonner les mauvaises habitudes, cet habitus mental qui s’est malheureusement ancré chez beaucoup d’entre nous. Il est temps de recommencer à traiter le Pape comme un Pape.
C’est avec cette confiance filiale renouvelée en Léon XIV que nous l’attendons, non pas avec impatience, mais avec confiance pour qu’il puisse dénouer les nœuds évoqués plus haut et faire enfin voguer la barque de Pierre loin des écueils de l’hérésie et de la laïcité.