« Une Église synodale, entendue comme une Église à l’écoute de tous, ne devrait pas susciter de suspicion, et pourtant il suffit d’évoquer ce mot pour que la méfiance et les interrogations surgissent immédiatement chez de nombreux catholiques ».
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Le Père Santiago Martín est un prêtre espagnol (non tradi) fondateur des Franciscains de Marie, souvent croisé dans ces pages.
Un des lecteurs du blog d’AM Valli a transcrit, et traduit en italien, cet exposé lumineux, publié sur sa chaîne youtube la semaine dernière, où il s’interroge sur le thème brûlant de la synodalité, auquel le nouveau pape devra incessamment apporter des réponses propres à dissiper (nous l’espérons!) les doutes des catholiques..

L’Eglise synodale : une Eglise qui écoute ou une Eglise qui exclut ?

www.aldomariavalli.it/2025/05/31/chiesa-sinodale-davvero-una-chiesa-che-ascolta-o-una-chiesa-che-esclude/

Père Santiago Martín, FM

En ce premier mois du pontificat de Léon XIV, le premier rôle incontesté a été Jésus-Christ, car le Pape a voulu que ce soit le Seigneur, et non lui-même, qui soit au centre de tout. Le Pape a réitéré son désir que tout tourne autour de Jésus-Christ, afin que l’unité entre les différentes formes de compréhension de la mission de l’Église soit possible.

Cela implique nécessairement une remise en question de ce que l’on entend par synodalité, le modèle d’Église promu par son prédécesseur immédiat.

Une Église synodale, entendue comme une Église à l’écoute de tous, ne devrait pas susciter de suspicion, et pourtant il suffit d’évoquer ce mot pour que la méfiance et les interrogations surgissent immédiatement chez de nombreux catholiques.

Par exemple, si synodalité signifie écoute, pourquoi les laïcs ont-ils participé au dernier Synode avec le droit de vote, ce qui est très différent d’une participation avec le seul droit de parole ?

Si synodalité signifie écouter tout le monde, pourquoi la majorité des laïcs invités à ce Synode représentait-elle un secteur de l’Église qui ne s’identifie pas au Concile Vatican II, mais à ce qu’on appelle « l’esprit du Concile », qui à bien des égards exige une rupture avec tout ce qui est antérieur à l’événement conciliaire ? Selon quel critère représentatif ces laïcs ont-ils été choisis ? Le pape François lui-même avait reproché par écrit aux responsables du Synode allemand de ne représenter qu’une petite partie des catholiques d’Allemagne, les plus radicaux et les plus idéologisés. Pourtant, on a eu l’impression, peut-être à tort, qu’il s’était passé quelque chose de similaire avec les membres élus du Synode.

Si la synodalité est l’écoute de la voix du peuple de Dieu, pourquoi de nombreux évêques et prêtres qui s’identifient à l’Église synodale interdisent-ils à leurs fidèles de recevoir la communion dans la bouche et à genoux en signe de respect ? On peut dire que le vrai respect est dans l’âme et non dans les gestes corporels, mais il faut respecter la sensibilité des personnes pour qui ces gestes corporels sont importants. Ce serait une façon de montrer que l’Eglise est vraiment accueillante et à l’écoute de tous.

Si « todos, todos, todos » ont leur place dans l’Église synodale, pourquoi la célébration de la messe traditionnelle n’est-elle pas autorisée, selon les orientations définies par le pape Benoît, et pourquoi des spectacles blasphématoires comme celui qui s’est déroulé dans la cathédrale de Paderborn, en Allemagne, sans que ce grave outrage au Seigneur – que le diocèse a déploré tout en affirmant ne rien savoir – ait eu des conséquences pour ceux qui l’ont encouragé et permis ? Nombreux sont les laïcs qui s’étonnent et se scandalisent des restrictions imposées à la forme traditionnelle de la messe, alors que toutes sortes d’abus sont permis dans la célébration de la nouvelle forme.

Chacun a sa place dans l’Église. Il doit en être ainsi parce que c’est ainsi que Jésus-Christ l’a voulu, mais nombreux sont ceux qui transforment le « tous, tous, tous » en « tout, tout tout ». Tout a-t-il vraiment sa place dans l’Église ? Les criminels ont leur place, mais le crime a-t-il sa place ? Les corrompus ont leur place, mais la corruption a-t-elle sa place ? Il y a de la place pour les pédophiles, mais la pédophilie a-t-elle de la place ? Il y a de la place pour les divorcés remariés, mais peut-on communier en état de péché mortel ? Par ailleurs, ceux qui trouvent une place parce que l’Église est ouverte à tous ne devraient-ils pas être invités à se convertir ? Saint Augustin disait : « Si vous ne pouvez pas éviter le péché, détestez au moins le péché que vous commettez ». Sans un esprit de conversion et de repentance, le « tous y vont » ne devient-il pas facilement le « tout va bien » ?

Ces dernières années, le concept de l’Église synodale n’a pas été celui d’une Église à l’écoute, ni d’une Église miséricordieuse et accueillante pour les pécheurs. Pour beaucoup, l’Église synodale est devenue synonyme d’une Église qui n’accueille que ceux qui veulent rompre avec la Parole et la Tradition. La miséricorde envers le pécheur doit être, comme celle de Dieu, infinie. Mais la tolérance à l’égard du péché doit être nulle. Au lieu de cela, nous avons eu l’impression que c’est maintenant l’inverse : le péché est toléré et le pécheur est rejeté parce qu’on lui dit que son péché n’existe pas et que, par conséquent, il n’avait pas besoin de demander pardon pour quelque chose qui a cessé d’être un péché.

Église synodale, Église qui écoute, oui. Mais tout le monde. Église miséricordieuse oui, mais Église tolérante non. Église qui ouvre les bras aux pécheurs oui, mais Église qui ouvre les bras au péché non. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra réaliser l’unité tant désirée et urgente que le Christ veut pour son Église.

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