C’est une nouvelle que j’attendais, et je voudrais m’en réjouir, comme d’un hommage rendu à Benoît XVI. Mais c’est une nouvelle… mitigée. En fait, c’était (seulement) une rencontre collective, en même temps que les nonces apostoliques du monde entier (corps auquel don Georg appartient désormais, bien que dans une très modeste nonciature) convoqués à Rome pour y rencontrer le nouveau pape, qui les a ensuite invités à déjeuner.
On doit donc se contenter d’une belle photo, qu’il ne faut toutefois pas surinterpréter.
A suivre…

Mgr Georg Gänswein, fidèle accompagnateur et secrétaire privé du pape Benoît XVI pendant de nombreuses années, fait partie de ces hauts prélats que le pontife argentin a traité sans bienveillance.

A l’occasion de l’audience accordée aux nonces apostoliques du monde entier [le 10 juin, discours du pape ICI], l’archevêque Gänswein est retourné au Palais apostolique et a rencontré pour la première fois le pape Léon XIV.

Mgr Gänswein a été en quelque sorte le paratonnerre protégeant Benoît, alors très âgé, qui vivait au Vatican dans une cohabitation tolérée à contrecœur par le pontife régnant. La résistance physique de Benoît a suffi à freiner certains développements sous François, car on savait très bien à Sainte-Marthe qu’une partie non négligeable de l’Eglise universelle continuait à s’orienter davantage vers Benoît XVI que vers son successeur. Ainsi, suite au synode amazonien du début de l’année 2020, l’assouplissement prévu du célibat des prêtres a encore pu être évité. Et Mgr Gänswein a subi les foudres de François.

Quand le pontife en exercice s’est convaincu que les forces de Benoît s’amenuisaient peu à peu, il a pris sa revanche : avec le Motu proprio Traditionis custodes, entré en vigueur en juillet 2021, François a introduit une rupture brutale avec la ligne liturgique de son prédécesseur.

Après la disparition de Benoît XVI en décembre 2022, Mgr Gänswein a été grossièrement renvoyé du Vatican au printemps de l’année suivante, et expédié sans aucune affectation dans son diocèse d’origine de Fribourg-en-Brisgau – une mesure qui a été comprise comme un geste évident de mise à distance. François était rancunier.

Mgr Gänswein a gardé le silence. Il a supporté avec patience les multiples humiliations que lui ont infligées le pape François ainsi que certains de ses confrères allemands dans l’épiscopat. Même dans son diocèse d’origine, aucune tâche pastorale ou administrative ne lui a été confiée. Il a également accepté sans protester que François le cite dans l’un des nombreux livres d’entretiens: celui de Javier Martínez-Brocal intitulé Papa Francisco. El sucesor : Mis recuerdos de Benedicto XVI (« Pape François. Le successeur : mes souvenirs de Benoît XVI »), paru au printemps 2024, a publiquement jeté le discrédit sur lui. Le pape y affirmait que Gänswein avait instrumentalisé Benoît contre lui.

Après de nombreux plaidoyers en faveur de ce prélat méritant – et peut-être aussi conscient d’une certaine injustice – François l’a finalement nommé nonce apostolique pour les pays baltes en juin 2024, deux mois après la parution du livre en question. C’est là que l’archevêque titulaire exerce depuis lors son ministère.

Mardi a eu lieu la première rencontre entre l’archevêque Georg Gänswein, nonce apostolique dans les pays baltes, et le pape Léon XIV.

Le mardi 10 juin, Mgr Gänswein a été reçu en audience par le Pape Léon XIV, en compagnie de tous les nonces apostoliques, et le lendemain, mercredi 11 juin, il a été invité à déjeuner avec le Saint-Père

(…)

Lors de la rencontre, Léon XIV a offert à chacun des 98 nonces et des 5 représentants permanents auprès d’associations internationales une bague représentant une gravure de la plus ancienne icône mariale au monde accessible au public, la Salus Populi Romani, et portant à l’intérieur l’inscription : « Sub umbra Petri », « Sous l’ombre de Pierre ». Ce passage se trouve dans les Actes des Apôtres 5,15:

« On portait même les malades dans les rues, et là on les étendait sur des lits et des civières, dans l’espoir qu’au moins l’ombre de Pierre tomberait sur l’un d’eux quand il passerait ».

« Sub umbra Petri », l’anneau offert par Léon XIV aux nonces apostoliques.
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