Cette nouvelle réflexion me semble s’inscrire dans la ligne adoptée par le blogueur argentin depuis l’élection de Léon XIV, indiquant une voie médiane d’ouverture raisonnable..
« S’adapter », pour l’Eglise, n’est évidemment pas à entendre dans le sens de « suivre le monde », mais plutôt d’adapter ses structures aux changements en cours (*), démographiques, technologiques, sociologiques, etc., sans parler de l’irruption d’Internet.
C’est d’ailleurs ce que l’Eglise n’a cessé de faire au cours des siècles, prix à payer pour rester fidèle à son mandat qui est « que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (le contre-exemple le plus frappant est l’islam). Tout le reste est secondaire.
Quant aux débats qui ont surgi de Vatican II, inutile de se focaliser sur eux, le Wanderer nous rappelle, histoire de l’Eglise à l’appui, qu’ils n’ont rien d’une nouveauté…
(*) [Par exemple…]
À un moment donné, l’Église devra réfléchir à un autre mode de juridiction sur ses fidèles, qui, à mon avis, ressemblera davantage à des paroisses personnelles qu’à des paroisses territoriales.
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L’illustration savoureuse du Wanderer
L’adaptation de l’Eglise au monde
La mission de l’Église est d’accomplir ce que saint Paul écrivait à Timothée :
« Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (I Tim. 2,4).
Et c’est à ce but que tout le reste est subordonné.
L’Église n’est pas D’ABORD une question de rituels, de formes ou d’écoles théologiques. Tout cela, qui est certes fondamental, est néanmoins subordonné à cet objectif. C’est pourquoi, tout au long de l’histoire, l’Église s’est adaptée aux différentes cultures et circonstances historiques. Il suffit de regarder les différences – et pas seulement liturgiques – entre les diverses églises orientales et occidentales ;
Quand je parle d’« s’adapter au monde », je ne veux certes pas dire modifier ou actualiser les dogmes de sa foi, les principes de sa morale ou son culte. Je parle de sa structure externe, de la manière dont elle se présente au monde. Par exemple, la semaine dernière, Infocatólica a publié un article intéressant soulignant un changement qui est en train de s’opérer dans la structure externe de l’Église, en raison de la façon dont le monde a changé : les paroisses en tant que circonscriptions territoriales perdent leur sens. À un moment donné, l’Église devra réfléchir à un autre mode de juridiction sur ses fidèles, qui, à mon avis, ressemblera davantage à des paroisses personnelles qu’à des paroisses territoriales. Cela entraînera de nombreux changements qui concerneront le mode pastoral, les activités paroissiales et l’organisation du culte.
Si nous nous concentrons sur l’Occident, tout au long de l’histoire, l’Église s’est adaptée dans ses formes et ses fonctions.
Après les invasions barbares, par exemple, les évêques sont devenus non seulement les pasteurs de leur troupeau, mais aussi les gouvernants, les administrateurs et les garants de l’ordre social des villes – ou de ce qu’il en restait – qui avaient été décimées. Des changements se sont également produits avec Charlemagne, puis avec Grégoire VII.
Le concile de Trente, un millénaire plus tard, a remodelé l’Église, qui devait s’adapter à un monde qui avait changé, avec des changements analogues à ceux que nous vivons depuis quelques décennies. Pendant dix-huit ans, avec des interruptions, des évêques et des théologiens de toute l’Europe se sont réunis à Trente et à Bologne et ont donné naissance au concile. Son application a pris des décennies, mais finalement a donné forme à une Église différente de son apparence antérieure à plusieurs égards et adaptée pour « que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » dans le monde qui avait changé.
Notre monde a changé et n’est plus le même qu’il y a un siècle. Et le changement qu’il a subi a été au moins aussi radical que celui qui s’est produit aux XVe et XVIe siècles. La Seconde Guerre mondiale – et son résultat – a marqué l’irréversibilité de cette mutation, et l’apparition ultérieure d’Internet et de tout ce qu’il a apporté a complété – jusqu’à présent – ce nouveau visage.
Telle est la réalité ; triste ou joyeuse, peu importe : c’est la réalité, et il est inutile de se languir et d’avoir la nostalgie d’un monde révolu. En ce sens, le pape François avait raison lorsqu’il s’en prenait aux « restaurationnistes ». Il convient toutefois de préciser que la « restauration de la culture chrétienne » n’implique pas de restaurer ce monde, mais de restaurer la culture chrétienne dans notre monde. Toute tentative de restauration intégrale est vouée à créer des communautés de type amish ou mennonite. Cela ne sert à rien.
L’Église a vu ce changement, et elle l’a vu très tôt. Elle a tenté de créer un nouveau Trente, un nouveau concile qui adapterait l’Église à la nouvelle réalité du monde. Et c’est le funeste Concile Vatican II qui, en seulement quatre ans, a produit une multitude de documents non dogmatiques et a cru que la tâche était accomplie.
Vatican II a été manipulé par un groupe de stratèges (ce qui a été suffisamment prouvé par des historiens tels que Roberto de Mattei), tout comme le Concile de Trente et la plupart des conciles œcuméniques (…). Il n’y avait là rien de nouveau ni de très grave : c’était prévisible. De plus, les documents conciliaires soporifiques n’étaient rien d’autre que des sornettes ad usum temporis, en eux-mêmes aussi catholiques que n’importe quel autre document antérieur. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont tous été signés, même par Mgr Marcel Lefebvre ou le cardinal Ernesto Ruffini, sur lesquels aucun soupçon d’hérésie moderniste ne peut peser.
Mais comme cela s’est produit à plusieurs reprises dans le passé, l’application du concile a été presque plus importante que le concile lui-même. Le fameux « esprit du concile », esprit qui s’est toujours manifesté dans l’histoire de l’Église après ces réunions œcuméniques, et dans le cas de Vatican II, équivalait à « tout est permis ». Et aujourd’hui encore, certains justifient toute idée doctrinale ou liturgique au nom de Vatican II, et lorsqu’on leur demande d’indiquer dans quel document telle ou telle absurdité apparaît, ils répondent qu’il n’est pas nécessaire de le mentionner car cela est implicite dans « l’esprit du concile ». Et les évêques et les papes, très satisfaits, n’ont jamais tenté de corriger cette déviation, à l’exception de Benoît XVI, mais il était déjà trop tard.
Dans le cas de Trente, la situation n’était pas beaucoup plus facile. Si l’on regarde l’Espagne, il y avait beaucoup de protestants dans ses diocèses. Il suffit de relire le tome IV de l’Histoire des hétérodoxes espagnols pour découvrir qu’ils étaient beaucoup plus nombreux qu’on pourrait le penser. Eux aussi invoquaient souvent un vague « esprit du concile » pour proposer des réformes. Mais les papes tridentins étaient plus habiles, plus catholiques et plus saints que les vaticanosecondistes. À peine huit mois après la fin du concile de Trente, Pie IV institua la Sacrée Congrégation du Concile ou Congrégation pour l’interprétation du concile de Trente, dont le but était de veiller à ce que les réformes et les décrets du concile, qui définissaient la doctrine catholique et les réformes, soient correctement appliqués dans toute l’Église catholique. Ses fonctions comprenaient : interpréter les canons et les décrets tridentins ; résoudre les différends théologiques, liturgiques ou disciplinaires découlant de l’application des réformes ; superviser la discipline du clergé, l’administration des sacrements et l’éducation religieuse ; assurer l’uniformité de la liturgie, comme l’utilisation du Missel romain et du Bréviaire romain. Ce dicastère romain a été supprimé par Paul VI en 1968, qui aurait très bien pu le remplacer par un autre ayant des fonctions similaires mais se référant au concile Vatican II qui venait de s’achever. Mais cela aurait signifié étouffer « l’esprit du concile », c’est-à-dire le « tout est permis ».
À mon avis, Vatican II en soi n’est pas un problème ; le problème a été son application fallacieuse, approuvée par les papes suivants, y compris Jean-Paul II, il faut le dire même si cela dérange beaucoup de gens.
Pour de multiples raisons qu’il n’est pas nécessaire de mentionner ici, le pape polonais, bien qu’il fût un homme de foi et probablement un saint, a laissé faire. Pire encore, par un élan de politiquement correct naissant, il a fait de très mauvaises nominations épiscopales (je crains fort que ce soit là le même défaut que Léon XIV), non pas parce qu’il était d’accord avec les personnes nommées, mais pour ne pas offenser et pour contenter tout le monde. Et ainsi, le « tout est permis » s’est répandu et nous avons maintenant, par exemple, la situation impensable où l’Église catholique célèbre la journée de la fierté LGBT, etc., avec des messes et autres liturgies, et pas seulement en Allemagne, mais aussi en Argentine, comme le scandale qui s’est produit il y a quelques jours à Córdoba, terre du cardinal Ángel Rossi S.J.
Pour revenir au thème central de cet article, le monde a changé et l’Église doit s’adapter à ce changement comme elle l’a toujours fait tout au long de l’histoire, afin que « tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité ». La tentative du Vatican II a échoué parce que, dans son adaptation, l’Église a été engloutie par le monde et qu’une grande partie de ses évêques et de ses prêtres, tels des cabarettistes de village, se sont joyeusement dépouillés des vêtements accumulés par une tradition millénaire, croyant que ces indécences rapprocheraient de la foi les libidineux qui assistaient à ce spectacle indécent. Ils n’ont pas compris, et ne comprennent toujours pas, qu’ils n’ont été que l’objet de moqueries et de railleries, et qu’ils n’ont converti personne. Au contraire, ils sont eux-mêmes devenus des bouffons et des marionnettes pour le plus grand plaisir des hommes du [/de ce] monde.