Hier 26 juin, Léon XIV a reçu les membres de la ROACO (Réunion des œuvres d’aide aux Églises orientales), un organisme paravatican qui rassemble des agences caritatives de différents pays engagées dans le soutien matériel aux Églises catholiques orientales (*).
Il a été question des conflits en cours – en Ukraine et au Proche-Orient, mais compte tenu du rayon d’action de la ROACO, c’est évidemment ce dernier conflit qui est visé en particulier quand le Pape parle de fake news.
.
Léon XIV a eu « des mots très durs » (selon le commentaire du quotidien de la CEI), dénonçant « les États qui affament leurs peuples, mais dépensent des ressources considérables en armements », et surtout « les pays européens eux-mêmes qui ont lancé le plan de réarmement massif et très coûteux du continent » (avis à Macron et à l’UE, qui feront évidemment la sourde oreille, mais les médias mainstream sont eux aussi muets). Et il dit clairement: « les gens ne peuvent pas mourir à cause de fake news »

Comment peut-on continuer à trahir les aspirations de paix des peuples par la propagande mensongère du réarmement, dans l’illusion vaine que la suprématie résoudra les problèmes au lieu d’alimenter la haine et la vengeance ?

.

Il est désolant de constater que la force du droit international et celle du droit humanitaire ne semblent plus contraindre, remplacées par le prétendu droit de contraindre les autres par la force.

.

Discours de Léon XIV
https://www.vatican.va/content/leo-xiv/fr/speeches/2025/june/documents/20250626-roaco.html

(*) Fondée en 1968, la ROACO opère sous la direction du Dicastère pour les Églises orientales et coordonne des projets de construction d’édifices religieux, d’éducation, de santé et de soutien aux communautés chrétiennes touchées par les conflits (source: Silere non possum).

Le pape et le cardinal Gugerotti, préfet du dicastère pour les Eglises Orientales

Le Pape: «Guerres diaboliques déclenchées par des fake news. Le réarmement, fruit de la propagande»

www.avvenire.it/papa/pagine/leone-xiv-guerra-ucraina-gaza-medio-oriente-armi

Le « cœur » du Pape « saigne en pensant à l’Ukraine, à la situation tragique et inhumaine à Gaza, et au Moyen-Orient dévasté par la propagation de la guerre ».

Léon XIV dénonce encore une fois les drames des conflits. Il utilise des mots très durs, et les accompagne d’un appel : il ne suffit pas « d’élever la voix », il faut aussi agir en « retroussant ses manches pour être des artisans de paix et favoriser le dialogue ».

Le pape parle d’une « véhémence diabolique jamais vue auparavant » qui « semble s’abattre sur les territoires de l’Orient chrétien ».

Il s’en prend aux causes « fallacieuses » des conflits, « fruit de simulations émotionnelles et de rhétorique » qu’il faut « démasquer avec détermination » car « les gens ne peuvent pas mourir à cause de fake news » : on pense immédiatement à la propagande de guerre liée au conflit en Ukraine, mais aussi [surtout] à l’accusation portée contre l’Iran de construire la bombe atomique, qui a déclenché l’attaque d’Israël puis celle des États-Unis, mais qui a été démentie par l’Agence internationale de l’énergie atomique chargée d’enquêter sur les sites de Téhéran. D’où l’invitation papale à « évaluer les causes de ces conflits, à vérifier les vraies et à essayer de les surmonter ».

Une intervention « indignée », comme la qualifie le pape lui-même, devant les participants à l’assemblée plénière de la ROACO, la Réunion des œuvres d’aide aux Églises orientales qui soutient les communautés ecclésiales dans les terres du « premier » christianisme.

« Il est vraiment triste d’assister aujourd’hui dans de nombreux contextes à l’imposition de la loi du plus fort, sur la base de laquelle chacun légitime ses propres intérêts. Il est désolant de voir que la force du droit international et du droit humanitaire ne semble plus contraignante, remplacée par le droit auto-proclamé de contraindre les autres par la force. Cela est indigne de l’homme, c’est honteux pour l’humanité et pour les responsables des nations ».

Puis viennent les questions du Pape, qui sont un véritable réquisitoire :

« Comment peut-on croire, après des siècles d’histoire, que les actions guerrières apportent la paix et ne se retournent pas contre ceux qui les ont menées ? Comment peut-on penser construire l’avenir sans cohésion, sans une vision d’ensemble animée par le bien commun ? Comment peut-on continuer à trahir les aspirations de paix des peuples par la propagande mensongère du réarmement, dans l’illusion vaine que la suprématie résoudra les problèmes au lieu d’alimenter la haine et la vengeance ? ».

Des questions qui interpellent ceux qui gouvernent les États qui affament leurs peuples, mais dépensent des ressources considérables en armements ; et aussi les pays européens eux-mêmes qui ont lancé le plan de réarmement massif et très coûteux du continent.

« Les gens sont de moins en moins ignorants de la quantité d’argent qui va dans les poches des marchands de mort et qui pourrait servir à construire des hôpitaux et des écoles ; au lieu de cela, on détruit ceux qui ont déjà été construits ».

Ses paroles s’inscrivent dans la lignée des papes qui l’ont précédé : de François, qui considérait la vente d’armes comme « le plus grand fléau du monde », à Paul VI, qui déclarait en 1965 devant l’ONU : « On ne peut aimer avec des armes offensives à la main ».

Léon XIV s’adresse encore à la politique lorsqu’il tient à faire savoir qu’il existe

« une manière de régner différente de celle d’Hérode et de Pilate : l’un, par crainte d’être détrôné, avait tué des enfants, qui aujourd’hui ne cessent d’être déchiquetés par les bombes ; l’autre s’était lavé les mains, comme nous risquons de le faire quotidiennement jusqu’au seuil de l’irréparable ».

Puis vient l’appel au « devoir de rester honnête et transparent dans un océan de corruption » et de sortir « de la logique de la division et de la représaille ».

Dans son discours, le pape demande aux chrétiens d’être des artisans de paix. Comment ?

« Je crois qu’il faut avant tout prier. C’est à nous de faire de chaque nouvelle tragique et de chaque image qui nous touche un cri d’intercession vers Dieu ».

Et puis « aider » : la solidarité comme réponse à la brutalité, laisse entendre Léon XIV. Mais, ajoute-t-il,

« il y a plus, et je le dis en pensant particulièrement à l’Orient chrétien : il y a le témoignage. C’est l’appel à rester fidèle à Jésus, sans s’empêtrer dans les tentacules du pouvoir. C’est imiter le Christ, qui a vaincu le mal en aimant depuis la croix ».

Le pape réfléchit sur la guerre et la paix en rencontrant ceux qui sont liés aux Églises d’Orient. Exactement comme il l’avait fait quelques jours après le début de son pontificat, lors du Jubilé des Églises orientales, où il avait prononcé son discours « programmatique » sur la paix, annonçant son engagement personnel à rechercher des solutions et la disponibilité du Saint-Siège à être un carrefour pour la rencontre entre les ennemis.

Cette fois-ci, Léon XIV remercie les chrétiens d’Orient pour « leur témoignage », surtout « lorsque vous restez sur vos terres comme disciples du Christ » malgré « les misères causées par la guerre et le terrorisme : je pense au terrible attentat récent » dans l’église grecque orthodoxe Saint-Élie à Damas, en Syrie.

Il souligne à nouveau

« la beauté des traditions orientales, des liturgies qui laissent Dieu habiter le temps et l’espace, des chants séculaires imprégnés de louange, de gloire et de mystère, qui élèvent une demande incessante de pardon pour l’humanité ».

Il rappelle ceux qui sont persécutés à cause de leur foi, « des figures qui, souvent dans la clandestinité, viennent s’ajouter aux grandes armées des martyrs et des saints de l’Orient chrétien ». Et il ajoute : « Dans la nuit des conflits, vous êtes témoins de la lumière ».

Il cite ensuite une célèbre intuition de Jean-Paul II : celle d’une Église qui « doit réapprendre à respirer avec ses deux poumons, l’oriental et l’occidental ».

C’est pourquoi, conclut le pape Léon,

les catholiques orientaux ne doivent pas être considérés comme des cousins éloignés qui célèbrent des rites inconnus, mais comme des frères et sœurs qui, en raison des migrations forcées, vivent à nos côtés et manifestent le sens du sacré et une foi cristalline.

Share This