Le 4 octobre, fête de la Saint François, et ce n’est pas seulement un hasard du calendrier, Léon XIV a signé son premier texte important en tant que Pape, l’exhortation apostolique « Dilexi te » sur l’amour envers les pauvres: en réalité la version qu’on nous dit revisitée, d’une encyclique préparée par (ou plutôt pour) François – le pape, pas le Saint…
Une déception de plus… Cette opération de recyclage au ton purement bergoglien, destinée à prouver que Léon XIV est prêt à assumer pleinement l’héritage de son prédécesseur est d’autant moins rassurante que l’un des inspirateurs, voire le principal ghost writer, de « Dilexi te » ne serait autre que Mgr Paglia, qu’on ne présente plus.
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Je n’ai pas l’intention de lire le texte, les lecteurs curieux et disponibles pourront se faire leur propre idée en remontant à la version officielle sur le site du Vatican et en confiant éventuellement à ChatGpt la tâche de faire un résumé (car attention, c’est long et verbeux!).
Je vais pour ma part me contenter du commentaire d’AM Valli.
En bref, « circulez, y’a rien à voir ».

L’expression « option préférentielle pour les pauvres » revient comme un refrain vide. La rhétorique de l’accompagnement et de la solidarité est balancée à tout va. Mais tout reste, outre le flou, très horizontal. Le regard ne s’élève pas vers l’ordre surnaturel. L’Église est réduite à une agence sociale.

Pauvres d’eux. Et pauvres de nous

Je vais être honnête : ‘Dilexi te’ m’a barbé et m’a donné une poussée d’urticaire.

Certains diront : voilà le râleur habituel. Je suis peut-être râleur, mais il m’a suffi de lire les titres de certains chapitres (« Une église pour les pauvres », « Le choix des pauvres », « Le cri des pauvres », « Accompagner les migrants », « A côté des derniers », « Les pauvres comme sujets ») pour recevoir une bouffée de théologie de la libération et sentir le souffle bergoglien sur ma nuque. Ce n’est pas très agréable.

Présenté comme un « achèvement » du document inachevé de François, le texte semble avoir été rédigé par quelqu’un qui s’est inspiré de l’Agenda 2030 de l’ONU (ouvertement loué) plutôt que de la doctrine sociale de l’Église.

Les citations évangéliques ne manquent pas, mais le ton général est aussi prévisible que vague. On parle de « structures » et de « systèmes » à convertir, mais de quoi s’agit-il ? L’injustice est condamnée, mais ce qui est juste et injuste n’est pas précisé. Les mots sonnent bien, mais au bout du compte, que reste-t-il ? L’humanitaire habituel déjà dispensé par le monde, sans que l’Église ait besoin de s’y associer.

Un ami m’a dit : « On dirait que c’est écrit avec l’aide de l’intelligence artificielle ». Je ne veux pas être mauvaise langue, mais je ne l’exclurais pas. Et un autre : « Nous pensions avoir un pape américain, nous avons à nouveau un pape sud-américain ».

L’expression « option préférentielle pour les pauvres » revient comme un refrain vide. La rhétorique de l’accompagnement et de la solidarité est balancée à tout va. Mais tout reste, outre le flou, très horizontal. Le regard ne s’élève pas vers l’ordre surnaturel. L’Église est réduite à une agence sociale.

L’idée qu’aider les pauvres signifie aussi les évangéliser et les convertir à la foi catholique n’est pas envisagée. Elle reste au niveau d’un activisme bon en soi.

Le document part du principe que le nombre de pauvres augmente, ce qui est contesté par plusieurs rapports indiquant que la pauvreté mondiale est en constante diminution.

Mais d’une certaine manière, le pape a raison. Oui, les pauvres augmentent si l’on parle des pauvres d’un point de vue spirituel, laissés sans nourriture par une Église qui court après les idées du monde.

On remarque l’effort, surtout à travers les citations, de tout recouvrir d’un vernis chrétien, mais une pincée de Chrysostome par-ci, une touche d’Augustin par-là ne suffisent pas à donner de la profondeur à ce qui reste indéterminé et très peu catholique.

Le règne social du Christ comme solution aux problèmes des pauvres, et à tout autre problème, n’effleure même pas l’esprit de l’auteur. L’Église est réduite à une organisation caritative.

Notre Seigneur reste en retrait. Comme si sa tâche consistait uniquement à bénir la mise en œuvre des politiques sociales.

À un moment donné, en référence aux pauvres et à la pauvreté, nous lisons: « Le message de la parole de Dieu est si clair et direct, si simple et éloquent, qu’aucune interprétation ecclésiale n’a le droit de le relativiser ».

Il est amusant que ces paroles viennent d’une Église, l’Église postconciliaire, qui a tout relativisé : la morale familiale et sexuelle, la doctrine sur le salut et le péché, la doctrine sur la conversion, la doctrine sur le jugement, l’enfer et le paradis. Est-ce seulement à l’égard des pauvres qu’aucune interprétation ecclésiale n’a le droit de relativiser ?

En conclusion, un autre texte que nous pouvons ignorer parce qu’il ne nous nourrit pas. Pauvre de nous.

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