La NBQ a mis en ligne pour la sinistre commémoration trois articles à méditer, écrit pour nos voisins italiens mais évidemment transposables sans pratiquement rien changer (sinon des noms) chez nous. Riccardo Cascioli analyse la décision, en réalité écrite d’avance, de la réhabilitation du vaccin d’AstraZeneca par l’Agence européenne des médicaments et explique pourquoi il ne pouvait pas en être autrement. Stefano Magni dénonce la politisation de la médecine avant d’explorer le côté géopolitique et la guerre commerciale féroce qui s’est engagée autour des vaccins, qui pourrait expliquer en partie la mise à l’index de celui de l’Université d’Oxford. Et Andrea Zambrano commente la dérisoire célébration « laïque » présidée par le Premier Mario Draghi à Bergame (complaisamment relayée par la télé française, en guise d’avertissement dramatique pour maintenant), épicentre de la « première vague », pour « honorer » les morts. Des morts à qui l’on doit la vérité (ils ont été abandonnés)… et une croix, et non pas des paroles convenues et une « forêt de la mémoire ».

Mario Draghi à Bergame, 18 mars 2021

La décision sur AstraZeneca

Mot d’ordre : « Le vaccin est sûr ».

Riccardo Cascioli
https://www.lanuovabq.it/it/parola-dordine-il-vaccino-e-sicuro

Escomptée, la décision de l’EMA, l’Agence européenne des médicaments, qui déclare le vaccin d’AstraZeneca totalement sûr. Il s’agit d’un jugement principalement politique et économique, étant donné les grands intérêts économiques qui sont en jeu derrière la vaccination de masse. En fait, les réactions graves après avoir reçu le vaccin sont beaucoup plus nombreuses que ce que l’on veut nous faire croire: c’est ce que montrent également les données officielles du gouvernement britannique…..

Comment expliquer que, d’une part, on nie toute relation de cause à effet entre le vaccin AstraZeneca et la thrombose et que, d’autre part, on demande à AstraZeneca de mettre à jour la notice d’emballage en précisant ces risques? L’explication est politique. Après les centaines de millions d’euros investis par les pays européens et les dizaines de millions de doses déjà achetées par les gouvernements, sans parler des 150 milliards de dollars de revenus attendus pour les industries pharmaceutiques (comme le rapportait le Corriere della Sera d’hier), on s’attendait absolument à ce que l’EMA (l’Agence européenne des médicaments) donne le feu vert au vaccin anti-Covid d’Astrazeneca après un arrêt de précaution de trois jours. La suspension avait été décidée dans 13 pays de l’Union européenne suite à des cas signalés de thrombose post-inoculation.

« Le vaccin n’est pas lié au risque de thrombose », a donc déclaré avec assurance Emer Cooke, directeur de l’EMA. Même les cas de thrombose enregistrés après l’administration du vaccin d’Astrazeneca, proportionnellement « sont inférieurs » à ceux enregistrés parmi la population non vaccinée. Même position exprimée par l’entreprise pharmaceutique: chez nous – disent-ils – nous avons reçu des rapports de 37 cas de thrombose sur plus de 17 millions de vaccins effectués dans l’Union européenne et au Royaume-Uni, un chiffre inférieur à ce que l’on pourrait attendre de cette population.

Mais après, au cours de la conférence de presse, la confiance s’est évanouie, pour revenir à une déclaration plus réaliste selon laquelle, dans tous les cas, « les avantages l’emportent sur les risques. » Et en outre, « sur la base des preuves disponibles et après des jours d’analyse approfondie des rapports cliniques des résultats de laboratoire, des autopsies et des informations supplémentaires provenant des essais cliniques, nous ne pouvons pas encore exclure définitivement un lien entre ces rares cas » de thrombose et d’effets secondaires « et le vaccin. »

L’EMA dit avoir enquêté sur 25 cas de décès par thrombose cérébrale survenus dans les jours qui ont suivi le vaccin. Et déjà là, il y aurait beaucoup à dire : comment est-il possible en quelques jours de procéder à un examen approfondi des causes de dizaines de décès survenus dans sept pays différents? Et de fait, si l’EMA lance d’un côté des messages de sûreté absolue, de l’autre elle assure qu’il y aura « des investigations supplémentaires pour en savoir plus ». En attendant, a déclaré Sabien Strauss, président de la Commission de pharmacovigilance (PRAC), la notice du vaccin d’AstraZeneca « doit être mise à jour: il est important qu’elle soit communiquée au public et aux professionnels de la santé afin qu’ils en sachent plus sur ces informations, ce qui leur permettra d’atténuer ces effets secondaires ».

Donc, en résumé : il n’y a pas de problème, mais il y a un problème. Un cas rare d’équilibre dialectique pour tenir ensemble la décision politique (et économique) de vaccination de masse et les preuves d’effets indésirables, même mortels, qui ne peuvent être cachées et qui sont probablement plus importantes que prévu.

Bien sûr, on peut dire que les avantages l’emportent sur les risques, mais les risques ne sont pas indifférents, surtout si l’on considère que l’on ne sait rien des éventuels effets à long terme. Les chiffres concernant les réactions immédiatement après l’administration des vaccins suscitent déjà une certaine inquiétude. Regardons ce qui est publié sur le site du gouvernement britannique, par exemple, et en gardant à l’esprit qu’il s’agit de rapports spontanés (et donc clairement sous-estimés) : on se rend compte que les effets indésirables graves ne concernent pas seulement la thrombose. Dans le cas d’AstraZeneca, du 4 janvier au 7 mars, on a recensé 1 287 cas de problèmes sanguins, avec un décès; 2 200 problèmes cardiaques (dont plus de 1 300 cas de tachycardie) et 38 décès; 1 424 problèmes auditifs et 2 499 troubles visuels; 2 563 problèmes gastro-intestinaux, avec cinq décès; 633 problèmes du système immunitaire; 80 954 formes de malaise général (de la fièvre aux douleurs articulaires, de l’épuisement aux réactions allergiques) avec 163 décès soudains. Et la liste pourrait continuer.

Le plus curieux est que les réactions au vaccin de Pfizer ne sont pas très différentes de celles d’Astrazeneca. Les rapports spontanés enregistrés du 9 décembre 2020 au 7 mars 2021 parlent de 2500 problèmes sanguins, avec un décès; 1226 problèmes cardiaques avec 27 décès; 893 problèmes auditifs et 1489 problèmes de vision; 11193 problèmes gastro-intestinaux avec 13 décès; 560 problèmes du système immunitaire; 30533 formes de malaise général avec 120 décès.

Au total, rien qu’au Royaume-Uni, Pfizer a signalé 100809 réactions et 237 décès, tandis qu’Astrazeneca a signalé 228337 réactions et 289 décès. On ne sait pas quel pourcentage des deux vaccins a été administré jusqu’à présent (sur 25 millions de premières doses et un peu moins de 2 millions de secondes doses), il est donc impossible de faire une comparaison précise sur le pourcentage d’effets indésirables. Mais si l’on considère que le gouvernement britannique a acheté 100 millions de doses d’Astrazeneca et 40 millions de Pfizer, on peut supposer que le problème des effets indésirables est similaire.

Le fait que les problèmes de sécurité dans l’UE n’aient été soulevés que pour AstraZeneca suggère que des questions politiques plutôt que sanitaires sont à l’origine de cette situation, puisqu’il s’agit d’un produit britannique alors que Pfizer a une participation allemande.

Mais au-delà des batailles politiques et économiques, qui sont aussi au cœur de toute cette affaire de vaccins, on voit clairement émerger des problèmes du point de vue sanitaire. Le premier est qu’il y a des effets indésirables du vaccin, y compris graves, et qu’ils n’étaient pas connus au moment de la commercialisation, ce qui montre – s’il en était encore besoin – que nous sommes dans une phase expérimentale et que l’on procède à une expérimentation de masse.
Le second est que ces événements indésirables sont beaucoup plus fréquents que ce que l’on veut bien nous faire croire. Une vigilance active serait nécessaire pour surveiller avant et après la vaccination au moins les personnes les plus à risque, afin de minimiser la gravité des réactions. Mais il est clair qu’au contraire, la plus grande préoccupation est d’accélérer le calendrier de vaccination, quel qu’en soit le coût. Et le « procès » d’AstraZeneca finira par servir cet objectif en réduisant au silence tous ceux qui osent encore émettre des doutes sur la sécurité des vaccins.

Et bien sûr, il y a aussi une raison économique: s’il est reconnu qu’un seul décès est dû au vaccin, cela ouvrirait le procès à des dizaines d’autres cas avec sa bataille pour l’indemnisation. Mieux vaut ne pas prendre de risques.

Covid et propagande

AstraZeneca est-il de droite ou de gauche? La politisation de la médecine

Stefano Magni
https://lanuovabq.it/it/astrazeneca-e-di-destra-o-di-sinistra-la-politicizzazione-della-medicina

La douche est de gauche, le bain est de droite, chantait Giorgio Gaber [ndt: cf. La tyrannie du conformisme 2.0] à une époque où tout était politique. Aujourd’hui, au temps du Covid, l’hydroxychloroquine est de droite et le masque de gauche. Et le vaccin? Malheureusement, il n’est plus possible de distinguer la politique de la médecine.

En témoigne la dernière triste affaire des autorisations de distribution dans l’UE du vaccin AstraZeneca, de production britannique et suédoise, synthétisé à Oxford. Est-il sûr, ou pas? Au Royaume-Uni, il est autorisé depuis janvier. Dans l’UE, il a dû attendre une réponse de l’EMA (l’agence européenne des médicaments) qui a été retardée de semaine en semaine. Puis il a été homologué, donc l’EMA a jugé qu’il s’agissait d’un vaccin sûr, comme l’agence britannique similaire, mais avec un mois de retard. Entre-temps, la guerre commerciale autour de ce sérum avait déjà commencé, l’UE ayant tenté d’empêcher le transit d’un lot de vaccins à la frontière terrestre britannique (en Irlande). Il y a deux semaines, le Premier ministre Mario Draghi a bloqué 250 000 doses d’AstraZeneca destinées à l’Australie, au nom du principe de « réciprocité ». La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a invoqué mercredi le principe de réciprocité et menacé de bloquer toutes les exportations de vaccins AstraZeneca en provenance des pays de l’UE. Le principe de « réciprocité » signifie le blocage des exportations de doses de vaccin anti-covirus produites dans l’UE vers les pays qui ne permettent pas aux doses produites sur leur territoire d’arriver dans l’Union. Mais il pourrait s’agir d’une feuille de vigne, pour ne pas admettre que les campagnes de vaccination dans l’UE se déroulent beaucoup plus lentement qu’aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Israël (et même le Chili et les Émirats sont loin devant la moyenne des pays de l’UE), car les problèmes d’approvisionnement, grâce aux contrats signés par Bruxelles, sont pires que prévu.

Au milieu de cette guerre commerciale sur les vaccins, les nouvelles des effets secondaires d’AstraZeneca, évidemment ignorées par Londres et les autres gouvernements non européens qui en ont autorisé la diffusion sont mises en avant. Le vaccin de fabrication britannique, comme nous le savons tous, a été bloqué par mesure de précaution ces derniers jours. Mais hier, l’EMA l’a de nouveau autorisé. A-t-il été bloqué pour des raisons politiques? Nous n’avons aucune preuve pour l’affirmer, mais la décision a d’abord été prise par l’Allemagne (qui coproduit le vaccin Pfizer), puis par la France et l’Italie après consultation du gouvernement de Berlin, et enfin par de nombreux autres États, dont la Suède. Et tout cela, précisément, au bveau milieu d’une guerre commerciale. Il n’est pas exclu que la véritable préoccupation des autorités européennes soit le Brexit, bien plus que les effets secondaires du médicament en question.

L’affaire AstraZeneca a des relents de politique et très peu de médecine, tout comme la question parallèle du vaccin russe, Sputnik V. Il a été le premier à être breveté, mais en Europe, nous l’avons complètement ignoré, tout comme celui de la Chine. Des pays avancés au-dessus de tout soupçon, comme Israël, l’ont adopté avec de bons résultats. Aujourd’hui, il est également utilisé dans la ville-État de Saint-Marin. Et pourtant, l’autorisation est encore à venir pour l’UE. Parce qu’il n’immunise pas, ou parce qu’il y a un risque d’effets secondaires importants? D’après les études sur le terrain, menées également par une revue aussi insoupçonnable que the Lancet, il ne présente pas de problèmes particuliers et il fonctionne. L’UE le bloque en raison de l’absence des documents nécessaires et parce que la Russie n’a pas autorisé les inspections dans ses usines. Mais il marche. N’est-ce pas ce qui compte? En période de pandémie et de pénurie de vaccins, dans un continent qui a tout misé sur la stratégie vaccinale, est-il bon d’être aussi pointilleux?

Le soupçon d’une politisation extrême de la stratégie de vaccination (sur la peau des Européens) est légitime, si l’on considère combien, au cours de l’année écoulée, la médecine a été infectée par l’idéologie. La bataille sur l’hydroxychloroquine, chère aux gouvernements de droite, mais détestée par ceux de gauche, en est le cas le plus frappant. Elle est devenue le médicament « de droite », parce qu’elle s’adapte mieux à la stratégie de Donald Trump et de Jair Bolsonaro (qui s’est soigné avec de l’hydroxychloroquine et a guéri du Covid): soigner à domicile, déconfiner le plus possible, le plus vite possible. Mais ceux qui ont écrit des articles dans des revues scientifiques pour démontrer son inefficacité l’ont-ils fait pour des raisons médicales ou politiques? A en juger par les positions politiques de ceux qui s’y opposent, on pourrait penser que non. Et cela aussi, c’est encore un argument qui se joue sur la peau des patients.

Si la médecine n’est pas une science exacte, que dire alors de la stratégie anti-Covid. On entre alors dans le domaine de l’arbitraire, même s’il est justifié par un vernis de scientificité. Nous avons donc vu les partisans du masque obligatoire raillés par la gauche comme étant « paranoïaques » et « alarmistes ». Puis le vent a tourné et le masque est devenu le nouveau drapeau de la gauche. Psychologues et neurologues se sont même prêtés au jeu d’expliquer, en termes scientifiques, quels sont les problèmes mentaux de ceux qui ne veulent pas porter le masque: ils auraient une capacité de mémoire de travail réduite, selon une étude publiée aux États-Unis l’été dernier. Note: Trump et Pence ne portaient pas de masque en public.

Le lockdown est devenu la stratégie incontestablement « conforme au consensus scientifique ». Ceux qui sont du côté de la science veulent le verrouillage. C’est pourquoi toutes les manifestations qui les ont violées ont été sévèrement réprimées, depuis les restaurateurs (espacés et masqués) qui protestaient à Milan jusqu’aux marches de protestation contre le lockdown aux États-Unis et dans plusieurs pays d’Europe centrale. Mais la manifestation du 25 avril en Italie n’a pas été réprimée [anniversaire de la Libération de l’Italie]. Et toute la vague de manifestations Black Lives Matter a même été encouragée par les mêmes milieux médicaux, scientifiques et politiques qui avaient jusqu’alors appelé à une interdiction stricte de toute manifestation. Certains ont écrit, comme cela s’est produit aux États-Unis, dans les milieux universitaires, que manifester contre le racisme est bon pour la lutte contre le Covid. Pour la même raison, dans certains États américains, le masque est obligatoire, mais pas pour les Noirs (ou du moins les non-Blancs). Et selon une étude de Harvard publiée le mois dernier, si des réparations étaient versées aux Noirs pour l’esclavage subi dans le passé, la mortalité et la contagion du Covid seraient réduites. Comment? Demandez aux auteurs de l’étude.

Anniversaire

Rhétorique sans vérité pour les morts du Covid

Andrea Zambrano
https://lanuovabq.it/it/retorica-senza-verita-per-i-morti-di-covid

Cérémonie froide de commémoration des morts du Covid un an après le défilé des convois militaires de Bergame. Un arbre de la mémoire ne peut pas remplacer la valeur universelle de la croix, alors qu’il faudrait une opération vérité sur les morts pour vraiment honorer les victimes et admettre que beaucoup d’entre elles pouvaient être sauvées avec un traitement opportun alors que beaucoup comptées comme mortes du Covid sont mortes de tout autre chose.

La première journée de commémoration des victimes du Covid s’est déroulée dans l’indifférence la plus totale. À quatre heures de l’après-midi, la nouvelle de la cérémonie à Bergame, la ville choisie par le Premier ministre Mario Draghi pour y assister, était déjà tout au fond de l’actualité.

Cérémonie étrange, froide et étrange, qui s’est déroulée au parc Martin Luther de Bergame pour se souvenir des victimes du coronavirus et planter un tilleul qui sera le premier arbre de la forêt de la mémoire.

Étrange, comme le fait que nous commémorons généralement les morts d’un événement tragique lorsque l’événement est terminé et que les morts peuvent être comptés. Mais les morts du Covid sont toujours là et ils sont le nombre principal sur lequel le gouvernement garde un œil pour nous forcer à rester enfermés dans nos maisons. On peut se demander si la forêt de la mémoire contiendra aussi la mémoire de ceux qui ne sont pas encore morts, les morituri du Covid. Ce serait la première fois que nous organisons une commémoration pour quelque chose qui est encore à venir.

Froid, pas seulement à cause du jour et des arbres dénudés devant l’hôpital Papa Giovanni que l’on aperçoit au loin. Mais pour le rituel choisi, aseptique et glacial. Avec la trompette de Paolo Fresu en accompagnement. Bien, certes, mais peu adaptée à une cérémonie solennelle où l’on devrait privilégier une musique plus patriotique, voire sacrée. Une musique qui unisse ceux qui l’écoutent dans un sentiment et non pas des morceaux inconnus qui pourraient aussi être adéquats dans un club à la fin de la soirée jazz et pendant que les serveurs débarrassent la table.

La rhétorique de la forêt domine tout, et les citations se perdent en similitudes appropriées: les racines profondes, les germes d’une nouvelle vie, la forêt qui survit à l’homme. Une rhétorique boiteuse qui ne touche pas le cœur, qui ne fait pas penser à la mort ou à la souffrance. Il aurait fallu une croix, parce que c’est sur la croix que l’homme plante son point final sur la terre, et c’est sur la croix que l’homme va finalement s’écraser comme terme ultime et premier terme de la vie nouvelle. Sa signification est universelle.

Mais les maires, les gouverneurs et les premiers ministres n’aiment pas la croix parce qu’elle n’est pas assez inclusive, qu’elle ne respecte pas les sensibilités de tous, qu’elle n’est pas politiquement correcte, qu’elle est toujours un scandale et une folie après 2000 ans. Et pourtant, la croix est la seule chose que les morts de Bergame ont embrassée lorsqu’ils ont été laissés seuls à mourir, sans sacrements, sans funérailles, sans le réconfort de proches parents. Et sans même de pieux enterrements.

Avons-nous oublié ? Les cercueils emportés par les camions de l’armée, évoqués hier comme un avertissement lugubre et funèbre, étaient les cercueils de pauvres gens morts la plupart du temps sans soins adéquats, cercueils fermés à la hâte sans autopsie, sans bénédiction, sans reconnaissance de leurs familles, incinérés sans même la volonté des intéressés. Des morts faits pour disparaître rapidement. Et aujourd’hui, on se souvient d’eux de manière générique en plantant un tilleul.

Pourtant, si nous voulions vraiment commémorer les mort du Covid, nous devrions avoir l’honnêteté, à commencer par le gouvernement, de faire la lumière sur ces morts. De nombreux médecins ont admis que le nombre de morts dus au Covid incluait également des personnes mortes d’une autre maladie et trouvées positives au test au moment de leur décès ; même les personnes noyées en mer ont été incluses dans le funeste registre.

Nous savons en outre que plus de 60 % des victimes du Covid à l’hôpital auraient pu être sauvées – et peuvent l’être aujourd’hui – si un traitement à domicile approprié, généralisé et rapide avait été mis en place. Mais nous sommes encore dans un pays où le traitement précoce du Covid ne s’est pas enraciné, alors que beaucoup de personnes iront encore à l’hôpital parce qu’elles sont maintenues chez elles en attente vigilante.

Une phrase du discours de Mario Draghi nous donne à réfléchir : « Il n’arrivera plus que les personnes fragiles ne soient pas soignées et protégées« . Un aveu? Mais pour que cela ne se reproduise pas, il faudrait vraiment faire la vérité et reconnaître que de nombreux décès pourraient être évités en prenant en charge un protocole sérieux de soins précoces, pour tenir les gens loin des hôpitaux et se concentrer sur les traitements. Ce n’est qu’alors que les morts seront honorés.

Mais tout cela, plus d’un an après le début de la pandémie, est absent, alors que tout autour on parle de l’espoir du vaccin, un totem qui, avec la foi en la science, a résonné plusieurs fois lors de la froide cérémonie d’hier. Sans la croix, mais avec le vaccin et la confiance en la science. L’homme nouveau cherche des arbres, et la santé, mais il trouve seulement le néant de ses nouvelles idoles.

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