L’article qui suit, publié sur le site Cardinal Van Thuan pour la Doctrine Sociale de l’Eglise, est très long, mais cela vaut la peine de prendre le temps de le lire en entier. L’auteur décortique avec une précision d’entomologiste les différentes « crises » (décrétées « urgences », le vocabulaire n’est pas innocent) qui se sont succédés depuis la fin du siècle dernier, culminant avec la crise sanitaire induite par la pandémie, mais aussi la « crise énergétique » et la guerre en Ukraine. Toutes sont devenues l’occasion d’initier un processus subversif qui se déroule généralement en 4 phases parfaitement identifiables et décrites, créant de fait « une révolution permanente globale et définitive qui subvertira la nature humaine elle-même« . L’étude se conclut par des suggestions « pour un soulèvement populaire réussi », prenant acte des timides tentatives de mouvements populaires qui, à l’instar des gilets jaunes ont pour le moment échoué faute d’organisation, de coordination, de formation (et de leaders).

Si elle veut vraiment gagner, une insurrection populaire doit passer d’une spontanéité généreuse à une organisation efficace, afin de devenir capable d’une action multiforme, capillaire et profonde, c’est-à-dire opérant dans différents secteurs, milieux et niveaux, pour réveiller les forces dormantes de la société, ranimer celles qui ont peur et guérir celles qui sont malades, afin d’inverser la tendance à la ruine et d’amorcer la résolution de la crise.

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Les crises utilisées pour imposer des transitions révolutionnaires

Depuis longtemps, notre société subit des crises, des déchirures et des conflits de plus en plus nombreux, amples et durables – qu’ils soient spontanés ou provoqués – qui deviennent l’occasion d’initier un processus subversif qui se déroule généralement selon les quatre phases suivantes.

Première phase. Le déclenchement d’une crise permet aux autorités de proclamer l’état d’urgence, amplifié par la propagande des médias de masse, qui jette la population dans la peur et l’incite à exiger une solution immédiate et rapide à la crise. Ensuite, les autorités en profitent pour convaincre les citoyens d’une obéissance aveugle et absolue qui les dispose à supporter passivement des restrictions et des sacrifices disproportionnés, exorbitants et ruineux (souvent aussi absurdes ou contradictoires) qui n’auraient pas été tolérés dans des conditions normales.

Deuxième phase. Cet état d’urgence permet aux autorités constituées d’initier une mobilisation générale des citoyens qui, au nom de la « solidarité sociale », soumet tous les secteurs de la vie civile à un contrôle de surveillance et à un régime répressif qui peut devenir plus rigoureux que ceux prévus pour l’état de guerre. Paradoxalement, la surveillance répressive n’affecte pas tant les agents externes qui détruisent la société que les agents internes qui la font survivre. Ceux qui osent se soustraire ou même s’opposer à la mobilisation sont condamnés comme complices de l’ennemi et finissent par être privés de nombreux droits civiques et marginalisés par la société.

Troisième phase. Cette mobilisation met en place des législations d’exception, parfois appliquées par des pouvoirs et des tribunaux spéciaux, afin d’imposer un comportement uniforme à la société par le biais de mesures qui emploient des forces, appliquent des méthodes et utilisent des moyens drastiques et liberticides. Souvent, ces mesures sont non seulement disproportionnées, absurdes et contradictoires, mais aussi dangereuses et nuisibles, car elles ont un coût psychologiquement, socialement et économiquement ruineux. Cela parce que ces mesures ne servent pas à résoudre la crise, mais à la contrôler et à l’orienter afin d’obtenir un résultat qui n’apparaîtra que plus tard dans le processus.

Quatrième phase. Cette législation impose à la société une série de changements radicaux qui visent à opérer une transition historique non seulement dans le secteur économique et politique, mais aussi dans le secteur psychologique et moral. En fait, elle vise à provoquer une révolution dans la vie quotidienne de la population, en l’obligeant à remplacer les modèles, les styles et les conditions de vie « consuméristes, exploitants et discriminatoires » par des modèles, des styles et des conditions de vie « durables, libérateurs et égalitaires », qui rendront tout le monde heureux en les obligeant à se libérer des préjugés, des superstitions et des liens.

Une fois ce processus achevé, les autorités proclament que la crise, désormais résolue, a été un facteur de progrès pour la civilisation. Mais elles annoncent l’arrivée de nouvelles crises, destinées à maintenir la société dans cet état de révolution permanente qui, comme l’espérait le mouvement soixante-huitard, libérera de plus en plus la population de tous les préjugés, superstitions et liens de dépendance qui rendent les gens malheureux.

Exemples récents de crises révolutionnaires

Le processus à tendance totalitaire décrit ci-dessus s’est déjà développé à plusieurs reprises au sein de régimes démocratiques. De fait, au moins depuis les années 1960, on assiste à une succession ou à une superposition de nombreuses crises durables qui sont souvent passées du provisoire au définitif. Parmi ces crises, nous nous contenterons d’en mentionner quelques-unes.

1) Crise déclenchée par la surpopulation, dont l’émergence a initié le passage à une politique gouvernementale anti-nataliste et anti-familiale.

2) Crise déclenchée par les luttes syndicales et la spéculation internationale, dont l’émergence a initié la politique économique et fiscale contre la propriété et l’esprit d’entreprise.

3) Crise déclenchée par le terrorisme rouge, dont en Italie l’émergence a accéléré la transition vers le « compromis historique DC-PCI » et les « gouvernements d’union nationale » [cf Aldo Moro, ndt]

4) Crise provoquée par l’immigration clandestine afro-asiatique, dont l’urgence a amorcé la transition vers le tribalisme de la « société multiethnique, multiculturelle et multireligieuse ».

5) Crise provoquée par l’infiltration islamique, dont l’émergence a amorcé le passage à une culture resacralisée dans un sens anti-chrétien.

6) Crise provoquée par l’extension de la pédophilie, dont l’émergence favorise le passage à la psychopédagogie du pansexualisme.

7) Crise provoquée par la pollution de l’environnement et le réchauffement climatique, dont l’émergence favorise le passage à l’ « écologie du quotidien ».

8) Crise provoquée par l’épidémie virale dont l’émergence favorise le passage au contrôle capillaire et à la gestion globale de la santé, du travail, des déplacements et de la vie sociale.

9) Crise provoquée par l’échec de l’État-providence et de l’État libéral, dont l’émergence favorise la transition vers un régime d’anarchie pilotée.

10) Crise déclenchée par la mondialisation économico-politique, dontl’émergence prépare la transition vers la grande remise à zéro [/Great Reset].

11) Crise déclenchée par la généralisation de la communication électronique, dont l’émergence prépare le passage au contrôle et à la censure de l’information libre.

12) Crise déclenchée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine, dont l’émergence favorise le passage d’une « mondialisation monopolistique » à une « mondialisation multipolaire ».

13) Crise déclenchée par la fermeture ou l’épuisement d’importantes sources d’énergie, dont l’émergence favorise la transition vers une société d’austérité (c’est-à-dire de misère induite).

14) Crise provoquée par la chute de la crédibilité et de l’efficacité de l’Église, dont l’émergence prépare la transition vers une « réforme synodale » qui révolutionnera la gouvernance ecclésiale en remettant le pouvoir à des « communautés de base » anarchiques, mais sous le contrôle d’une papauté centralisatrice.

Comme on le voit, chacune de ces crises suscite une urgence propre qui justifie une mobilisation générale imposant une transition capable de subvertir un secteur de la vie civile. Cela présuppose le dogme de la « crise curative », c’est-à-dire l’affirmation paradoxale qu’un mal peut être guéri non pas par les agents et les facteurs capables de le contrecarrer, mais par les procédures qui s’engagent à le favoriser.

Vers la révolution mondiale permanente

Dans ces conditions, il est raisonnable de soupçonner que nombre des crises qui ont éclaté jusqu’à présent ont été, sinon provoquées, du moins aggravées et pilotées par cette galaxie de potentats, d’autorités et d’institutions (surtout internationales) qui tentent d’imposer aux peuples un nouveau régime mondial, dans l’incertitude de faire prévaloir le modèle du despotisme oriental ou celui de l’anarchie occidentale.

Les potentats occidentaux sont en train d’initier cette grande remise à zéro (« great reset ») qui cherche à provoquer une grande transition afin d’imposer à l’humanité une grande expérience, consistant non pas en des changements sectoriels et temporaires de la vie économico-politique, mais en une révolution permanente globale et définitive qui subvertira la nature humaine elle-même. Cette expérience serait tentée par une bio-politique qui, en appliquant l’ « ingénierie sociale », réaliserait une « mutation anthropologique » capable de violer l’humanité pour l’adapter aux prétentions de la Révolution, dans l’espoir de dissoudre la nature humaine pour l’empêcher d’être fécondée par la Grâce divine surnaturelle.

Ces potentats n’ont aucun scrupule à fomenter des crises ruineuses, à aggraver des conflits déchirants, à brandir des menaces de dangers futurs qui suscitent l’incertitude, l’insécurité et la peur chez les populations, afin de les convaincre qu’elles ne pourront plus jamais vivre une vie normale. Comme le disait le slogan diffusé il y a trois ans au début de l’épidémie : « rien ne sera plus jamais comme avant ».

Ces potentats sont en train de construire un nouveau type de régime qui, contrairement aux anciens, n’est pas usé et détruit par les crises ou les conflits internes ou externes, mais au contraire s’en nourrit et les renforce, parce qu’il est fait pour flotter sur une sorte de révolution permanente contrôlée. En effet, ce régime ne survit pas grâce au consensus populaire, mais grâce aux dissensions qui divisent le camp adverse et à l’incapacité des opposants à surmonter les crises en mettant en œuvre des réformes crédibles et réalisables.

Selon l’universitaire français Lucien Cerise, dans son pamphlet Gouverner par le chaos (2014), les classes dirigeantes de la société ont désormais trahi leur mission de protéger l’ordre civil des crises périodiques qui le mettent en péril. Les autorités politiques et sociales en déclin s’illusionnent en croyant survivre en « gouvernant par le chaos », tandis que celles qui émergent espèrent s’imposer en suscitant un « nouveau désordre mondial ». Mais pour tous, comme la vérité naît du faux, le bien du mal, la vie de la mort, la justice de l’injustice, le salut naît du chaos.

Le régime mondial en construction utilise une stratégie qui n’est contradictoire qu’en apparence, mais qui converge en réalité vers une seule fin. En effet, d’une part, à la base, il privilégie la décentralisation jusqu’à l’anarchie qui permet aux masses de disposer d’une licence suffisante pour satisfaire leurs passions désordonnées et leur faire supporter les difficultés d’une société injuste ; mais d’autre part, au sommet, il privilégie la centralisation jusqu’à la tyrannie qui impose aux masses une oppression suffisante pour les empêcher de se rebeller contre le système existant et (surtout) de tenter de rétablir l’ordre civil.

Une méfiance croissante à l’égard des classes dirigeantes

En 1792, voulant forcer les Français à se mobiliser pour défendre la République jacobine contre les ennemis intérieurs et extérieurs, le dictateur Robespierre menaça que quiconque désobéirait au Comité de salut public était un « ennemi du peuple » indigne de vivre. En 1920, voulant forcer les Russes à se mobiliser pour défendre la fragile république socialiste soviétique, le plénipotentiaire Trotski menace que quiconque désobéit au parti communiste est contre le prolétariat, donc n’a pas le droit de vivre.

De même, de 2020 à 2022, voulant forcer les Italiens à se mobiliser pour surmonter une urgence sanitaire, deux chefs de gouvernement (Conte puis Draghi) ont menacé : « Celui qui ne se vaccine pas est hors de la société ». En conséquence, ceux qui n’ont pas rempli leurs obligations de « solidarité sanitaire » ont été condamnés à la mort civile, car on leur a refusé cette « Green Card » qui leur donnait le droit de se déplacer et de travailler, et donc de manger et de vivre.

Dans ces conditions, demain, un châtiment similaire pourra être infligé à tous ceux qui, n’ayant pas respecté les obligations de « solidarité sociale » – qu’elles soient sanitaires, écologiques, énergétiques, sexuelles ou autres – imposées par le régime sur la base du « politiquement correct », perdront leur dignité humaine tant célébrée et seront condamnés à la peine de mort.

Depuis longtemps, les dirigeants, les autorités et les institutions nationales et internationales profitent des crises en cours pour effrayer les populations, les faire chanter psychologiquement et les rabaisser moralement, au point de les soumettre à des règles, des comportements et des interdictions non seulement disproportionnés, prévaricateurs et nuisibles, mais aussi illégitimes sur le plan juridique et illicites sur le plan moral.

Cette situation nous pose le grave problème de savoir quelle crédibilité et quelle confiance nous pouvons désormais accorder à ces institutions politiques et à ces classes managériales et professionnelles qui se sont montrées si perméables aux impositions et au chantage du régime. La confiance populaire dans la classe enseignante n’a peut-être jamais existé, celle dans la classe politique a disparu, celle dans le pouvoir judiciaire est perdue, celle dans le clergé est en crise ; en outre, les événements récents en matière de politique de santé ont sérieusement ébranlé jusqu’à la confiance dans la classe médico-pharmaceutique, dont la rectitude morale doit maintenant être remise en question et vérifiée.

Il suffit de rappeler les événements récents.

Le vieux serment éthique d’Hippocrate n’est plus obligatoire pour exercer la profession de santé ; de nombreux médecins n’évaluent plus ou n’agissent plus selon l’ancienne maxime « en science et en conscience », mais selon le conformisme, les intérêts et même l’idéologie ; en outre, les ordres de santé ne se sont pas sérieusement opposés à la légalisation de ces pratiques criminelles (avortement, contraception abortive, stérilisation, insémination artificielle, transplantations ex vivo, euthanasie) qui risquent de les impliquer en tant que complices.

Comme nous le savons, l’une des conditions permettant à la Révolution de soumettre la société civile se produit lorsqu’un peuple – ayant perdu sa représentation politique authentique et ne trouvant pas de classe dirigeante crédible à laquelle se fier – se retrouve sans repère et se livre à l’oligarchie qui lui est imposée par l’ennemi.

Ce danger ne peut être évité que si la société civile parvient à faire émerger une nouvelle élite, avant que les forces révolutionnaires ne parviennent à empoisonner ses racines, à étouffer ses aspirations et à éteindre sa flamme sous les cendres.

Tentatives d’insurrection contre le régime

Cependant, si la majorité de la population, se laissant tromper par la propagande et intimider par les abus, finit par céder à la Révolution, il restera une minorité vaillante qui gardera la sagesse du jugement et la volonté de réagir. Cette minorité héritera de la mission de s’opposer au régime qui impose une gestion d’urgence du contrôle social et de la répression.

L’histoire enseigne que, quelle que soit l’habileté de la propagande et la férocité de l’imposition, le mensonge finit par être démenti par l’évidence de la réalité et doit céder la place à la vérité, comme l’a confirmé l’échec de l’utopie communiste. De plus, comme le mensonge n’est pas seulement un mensonge mais aussi une cause de malheur, plus un peuple en subira les conséquences, plus il se désillusionnera des promesses reçues, plus il se désintoxiquera de l’idéologie propagandée et se libérera de sa complicité avec le pouvoir.

À ce stade, le peuple perdra confiance non seulement dans les gouvernements et les institutions du régime, mais aussi dans les appareils bureaucratiques et les classes dirigeantes et professionnelles qui ont justifié les mensonges et facilité les abus imposés par le régime. En conséquence, le peuple tentera non seulement de résister passivement aux impositions du régime, mais aussi de se rebeller activement contre sa dictature, animant une réaction irrationnelle et dangereuse qui provoquera un conflit social dévastateur, facilement instrumentalisé par les forces subversives pour orienter la révolte non pas vers guérison et la reconstruction politique, mais vers une « guerre civile entre opprimés ».

Il en résultera une anarchie qui pourra offrir au régime un prétexte commode pour effrayer davantage l’opinion publique en l’alarmant sur une nouvelle urgence (réelle cette fois) et en lui proposant de sauver la paix sociale au prix de l’imposition d’un régime encore plus oppressif.

Nous assistons aujourd’hui à un exemple significatif de rébellion populaire naissante dans le respect de l’ordre et de la paix sociale. Depuis 2020, en réaction à la politique répressive en matière de santé et de libertés civiles primaires, une série de manifestations publiques ont spontanément vu le jour – et se poursuivent encore aujourd’hui -, ce qui constitue un signe clair d’intolérance susceptible de se développer et de mûrir en une insurrection populaire organisée.

Cette insurrection n’est pas fanatique, sectaire et téléguidée comme celle, historique, de 68, à laquelle elle a été comparée, mais elle est plutôt raisonnable, sociale et spontanée. Par suite, contrairement à l’ancien, le « nouveau soixante-huitard » n’a pas été favorisé par les pouvoirs culturels, médiatiques et politiques ; au contraire, il a été (et est encore) entravé par eux par tous les moyens.

En effet, le droit de manifester est accordé avec bienveillance par les autorités aux mouvements écologistes, no-global et anarchistes violents, mais il est refusé aux mouvements pacifiques qui dénoncent les tromperies et les abus (pas seulement sanitaires) du régime. Leurs adeptes sont traités de fanatiques, de sectaires, de velléitaires et de « complotistes », ils sont accusés d’aggraver les crises et d’empêcher leur résolution, et on propose de les condamner à la mort civile, par exemple en les enfermant dans des hôpitaux psychiatriques ou dans des « camps de rééducation » sur le modèle des camps soviétiques.

Malheureusement, précisément parce qu’il est spontané, ce soulèvement populaire s’est révélé jusqu’à présent immature et mal préparé, faute de principes solides, de dirigeants fiables et d’une stratégie efficace. En fait, il a commis des erreurs et des imprudences qui ont favorisé le régime dans ses efforts pour ridiculiser, diaboliser et isoler toute opposition. Il suffit de dire que presque tous les mouvements de dissidence ont fait preuve de confusion idéologique, de faiblesse morale, de superficialité dans l’analyse de la situation, d’imprécision dans la proposition de mesures de réhabilitation, voire de perméabilité à l’infiltration d’agents provocateurs. De plus, en faisant preuve d’une ambition démesurée, les promoteurs de l’insurrection se sont illusionnés, un an seulement après sa naissance, sur la possibilité d’obtenir un quelconque résultat électoral.

Pour un soulèvement populaire réussi

Si elle veut vraiment gagner, une insurrection populaire doit passer d’une spontanéité généreuse à une organisation efficace, afin de devenir capable d’une action multiforme, capillaire et profonde, c’est-à-dire opérant dans différents secteurs, milieux et niveaux, pour réveiller les forces dormantes de la société, ranimer celles qui ont peur et guérir celles qui sont malades, afin d’inverser la tendance à la ruine et d’amorcer la résolution de la crise.

Cette action doit être avant tout psychologique. Les organisations insurgées doivent gagner en crédibilité, en confiance et en prestige auprès de la population, afin d’inciter les milieux incertains et intimidés à réagir aux pressions, aux abus et aux chantages ; en d’autres termes, il s’agit de restaurer la confiance perdue de la population en elle-même et en sa mission.

Cette action doit également être culturelle. Les organisations insurrectionnelles ne doivent pas se limiter à « diffuser de la contre-information » pour dénoncer les mensonges et les abus, comme c’est le cas aujourd’hui, mais elles doivent aussi et surtout s’engager à faire revivre dans les consciences les principes et les valeurs morales, juridiques et politiques pérennes enseignés par la loi naturelle et la doctrine sociale de l’Église.

En même temps, l’action doit être sociale. Il est nécessaire que les organisations insurgées prennent contact avec les classes qui ont été ou seront bientôt lésées par les urgences et les transitions imposées par le régime ; il faut en outre encourager ces classes productives à reprendre leur mission de redressement socio-économique, les désillusionner des vaines promesses qu’elles ont reçues de la politique de l’État, les exhorter à se libérer des compromis qui les lient aux représentants politiques et syndicaux qui les trahissent en les vendant à l’ennemi.

Enfin, l’action doit aussi être politique. Il faut d’abord inciter les « corps intermédiaires » à reprendre leur rôle et à assumer leurs responsabilités ; il faut ensuite relier et coordonner les poches de résistance et les mouvements d’opposition au régime en leur assurant une véritable représentation syndicale, politique et institutionnelle.

Si ce programme se réalise, la valentior pars de la société pourra confier le pouvoir à une véritable représentation politique, c’est-à-dire à cette composante sage, libre et volontaire de la nation qui est encore capable de lutter pour le bien commun, afin de restaurer la loi naturelle et chrétienne dans la vie civile.

Guido Vignelli

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