Passionnant article de Luis Badilla, qui dresse une chronologie très détaillée de la lente et difficile évolution de la relation entre l’Eglise et la Toile, de Jean-Paul II, à Léon XIV (qui pratique internet, et qui aurait, selon des sources fiables, une connaissance approfondie du sujet, qu’il étudie depuis de nombreuses années), en passant par Benoît XVI.
De façon inattendue, c’est d’ailleurs lui qui tient ici le rôle principal, à travers deux évènements dont il a été la victime et où internet joue déjà un rôle important: « le discours de Ratisbonne », et, « l’affaire Williamson », sur lesquels Badilla apporte un éclairage équilibré inédit.
Léon XIV : Premier Pape de l’Eglise formé au monde d’Internet, qu’il connaît et utilise quotidiennement depuis de nombreuses années, et qui s’est lancé dans le grand défi de l’Intelligence Artificielle.
Luis Badilla
Il est très intéressant, et par certains aspects, passionnant, que le Pape Prevost soit le premier Evêque de Rome capable, par formation, connaissance et habitude, de travailler avec Internet pour s’informer, rechercher et communiquer à grande échelle. Cela ne s’était jamais produit avant lui.
Les papes qui se sont succédé sur le trône de Pierre à partir des années 1970, jusqu’à la mort de François, étaient évidemment conscients de cette technologie qui révolutionnait et révolutionne encore le monde, et en particulier la structure de la pensée humaine, mais ils ne l’ont pas utilisée de manière méthodique comme un outil indispensable.
Robert Francis Prevost avant d’assumer la charge de Pierre. avait une présence modérée et discrète sur deux réseaux sociaux : sur Facebook, une page privée (2020) et avant cela sur Twitter – X (@drprevost) en 2011. Des analystes et des proches du pape depuis le jour de son élection ont souligné que ce qu’on lit sur ces médias sociaux, ou les infos tirées de la relance de textes d’autres, et même les critiques ne peuvent être attribués au pape Léon XIV.
L’Église et Internet
Le pape Léon XIV, qui aura 70 ans le 14 septembre, avait une vingtaine d’années lorsque les premiers ordinateurs et connexions ont commencé à circuler, et a donc été en substance, quoique progressivement, éduqué et formé avec Internet qui faisait déjà à l’époque partie de la vie des gens pour le travail ou les études, d’autant plus pour ceux qui, comme Robert Prevost, faisaient des études de mathématiques.
Aujourd’hui, dans sa mission et dans son travail quotidien, le Pontife est, en quelque sorte, un utilisateur numérique de plus à côté des milliards d’autres qui commencent à utiliser l’Intelligence Artificielle, que le nouveau Pape a indiqué comme un défi significatif pour l’évangélisation. Entre autres choses, il ressort des dernières rumeurs que Prevost a une connaissance approfondie de ce sujet qu’il étudie depuis quelques années.
. . . .
Le Saint-Siège est entré officiellement sur Internet le 24 mars 1997 avec le site ainsi que le domaine « www.vatican.va », qui reste le même après plus d’un demi-siècle. Cinq ans plus tard, le Saint-Siège publiait pour la première fois un document officiel sur le Net sous le titre « L’Église et l’Internet » [en italien uniquement], où il posait les bases de sa position face à cette étonnante nouvelle technologie. Depuis lors, au cours des décennies qui ont suivi, des documents plus spécifiques sur la question ont été publiés, en plus des nombreuses considérations papales dans les discours, les homélies et les messages.
En substance, la position de l’Eglise, depuis le tout premier moment, est la suivante: « Internet est un défi et une opportunité ».
Le pape Jean-Paul II et Internet
Le tout premier contact physique d’un pape avec un ordinateur fut celui du pape s. Jean-Paul II, qui a envoyé son Exhortation apostolique post-synodale « Ecclesia in Oceania » (22 novembre 2001) à toutes les Conférences épiscopales de la planète d’un simple clic. Il s’agissait d’un e-mail normal avec en pièce jointe 45 dossiers : 4 chapitres, la conclusion et plus de 177 notes. Il faut rappeler, même si c’est une parenthèse (mais très importante), que c’est le premier document dans lequel le Pape Wojtyla fait une référence explicite et opportune aux abus sexuels dans l’Église catholique et il le fait avec cette pensée :
La sollicitude de l’Église s’étend aussi à ceux qui sont dépendants de l’alcool, de la drogue ou du jeu, ou qui sont victimes d’abus sexuels. …
On a beaucoup écrit dans le passé sur le fait que le Pape Jean-Paul II avait de nombreuses communications quotidiennes via internet (email). On lui attribue même des réflexions spirituelles et des analyses sur la pédophilie dans le clergé ainsi qu’un texte dans lequel il s’excuserait auprès d’une victime, mais il n’existe aucune documentation sur ces faits. Les personnes proches de l’œuvre du pape polonais que nous avons interrogées démentent fermement ces rumeurs et rappellent que le pape Wojtyla, comme on l’a également vu sous le pontificat du pape François ces dernières années, s’est vu attribuer des centaines de textes, tous évidemment faux.
Le pape Benoît XVI et Internet
L’intérêt distant du pape Ratzinger pour Internet semblerait avoir porté un temps essentiellement sur la dimension bibliographique offerte par la Toile, dans la possibilité d’accéder à des documents et à des livres avec des recherches rapides et faisant autorité. Rien de plus. Bien sûr, dans l’utilisation du réseau pour le travail de documentation, il n’a pas manqué d’aides et d’assistants de qualité. Dans certains passages de son pontificat, et dans le cas de situations délicates et de décisions très difficiles, il a saisi instantanément l’importance d’être également informé de ce qui circulait sur Internet concernant la vie de l’Église et du Siège apostolique, un phénomène qui, avec les réseaux sociaux en pleine expansion dans les années 1990, anticipait des perspectives nouvelles et sans précédent pour l’information en général. Il a immédiatement compris que l’Église était confrontée à une réalité nouvelle, ingouvernable et pas facile à décoder : les réseaux sociaux. Le phénomène, complexe et grandissant, est alors confié au Conseil pontifical pour les communications sociales où il connaît des fortunes diverses. Après un premier intérêt prometteur, une rencontre mondiale avec les principaux blogs catholiques, la question s’est perdue dans les méandres du low profile.
Le « cafouillage » de Ratisbonne
Le pape Ratzinger lui-même en a fait l’expérience dans au moins deux circonstances très délicates :
- en septembre 2006, à l’occasion de son discours à l’université de Ratisbonne, en Bavière,
- et en mars 2009, à l’occasion de la levée de l’excommunication des quatre évêques consacrés par l’archevêque schismatique Marcel Lefebvre.
Ces moments ont mis en évidence une très grave lacune dans la communication du Vatican : la lenteur, désormais obsolète, des informations avec lesquelles le Saint-Siège diffuse et amplifie ses contenus médiatiques. D’ailleurs, cette lenteur, telle qu’elle a été rappelée dans les deux événements relatés ici, a ensuite causé un double dommage : à la fois au moment de la diffusion des contenus, et au moment de la réception ou de la capture de l’information. En substance, le désastre de Ratisbonne a été causé par le fait que la rapidité de l’agence a conduit à la diffusion de textes incomplets. Pour répondre aux exigences de l’immédiateté médiatique et pour accélérer les choses, le discours de Ratzinger a été diffusé sans les notes de bas de page. Les sources du discours papal, plus quelques précisions du pape, ont été publiées APRES l’éclatement de la controverse et des protestations qui présentaient Benoît XVI comme voulant discréditer le Coran et Mahomet.
Le Pontife, dans une note ajoutée après le déclenchement de la controverse, a écrit :
« Cette citation, dans le monde musulman, a malheureusement été prise comme l’expression de ma position personnelle, provoquant ainsi une indignation compréhensible. J’espère que le lecteur de mon texte comprendra immédiatement que cette phrase n’exprime pas mon appréciation personnelle du Coran, envers lequel j’ai le respect qui est dû au livre saint d’une grande religion. En citant le texte de l’empereur Manuel II, j’ai seulement voulu souligner le rapport essentiel entre la foi et la raison. Sur ce point, je suis d’accord avec Manuel II, mais sans faire mienne sa polémique ».
Voici le passage principal prononcé par le Pape à Ratisbonne citant le texte « Controverse » édité par le Professeur Théodore Khoury, placé au sein de réflexions très argumentées et qui a servi de prétexte pour mener une opération rageuse injustifiée et incohérente.
Représente-moi ce que Mahomet a apporté, et tu n’y trouveras que des choses mauvaises et inhumaines, comme sa directive de répandre par l’épée la foi qu’il prêchait.
Lourde « défaite » de la communication du Vatican sur Internet
De nombreux textes critiques ont été écrits alors, notamment dans les pays à majorité musulmane sunnite et aussi dans le monde des savants et des dignitaires de la célèbre université al-Azhar (Le Caire, Égypte) sous la direction, à l’époque, du Grand Imam Muhammad Sayyid Tantawi, qui était très âgé et malade, avec son successeur, Ahmad al-Tayyib, l’actuel plus haut dirigeant sunnite, comme principal conseiller.
En plus de la dictature égyptienne de Moubarak, qui retira son ambassadeur auprès du Saint-Siège, des autorités de Turquie et d’autres nations musulmanes à majorité sunnite soutinrent cette polémique et cette protestation spécieuse.
Ce conflit inventé a marqué négativement les relations catholiques-musulmans pendant longtemps – pratiquement jusqu’à l’élection de François en 2013 -, en certains lieux et à certains moments, elles ont dégénéré en des actes violents, fanatiques et hostiles. Ratzinger a été insulté avec toutes sortes d’injures et même sur certaines places des photographies de lui ont été brûlées.
L’affaire a eu une origine tout à fait singulière car elle a été exploitée avec habileté et sans scrupules. Honnêtement, les intentions attribuées au Pape et les analyses de ce qu’il aurait dit étaient complètement arbitraires et aussi fausses.
La vérité des faits, cependant, est restée sous les radars jusqu’à aujourd’hui. Le Saint-Siège lui-même, en choisissant de faire profil bas, a contribué à tout compliquer. Il n’a même pas eu la moindre réaction aux mensonges, fabrications et inepties de l’avalanche anti-Ratzinger qui s’était déchaînée sur Internet. L’invitation au « moins on en dit, mieux c’est » s’est même révélée insidieuse.
Le 12 septembre 2009, jour du discours du pape Ratzinger, l’imam en chef de la plus importante communauté musulmane d’Allemagne (Zentralrat der Muslime in Deutschland), hôte de l’événement, et d’autres imams moins importants ont accueilli avec enthousiasme et de manière très positive les réflexions du pontife, sauf que quelques heures plus tard, ils ont changé radicalement de position. Cela est immédiatement apparu comme ce que c’était : une sorte de volte-face infantile déterminée par les critiques qui ont commencé à arriver de Turquie.
En fait, des mots très durs contre Benoît XVI ont été diffusés à partir d’Istanbul. Le principal Iman de Turquie, le directeur des affaires religieuses (Diyanet), un bureau d’État, avec le soutien du président de l’époque Abdullah Gül et du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, n’a pas ménagé ses critiques à l’égard de l’intervention du souverain pontife, attisant un scandale artificiel auquel se sont rapidement joints des représentants de l’islam sunnite et des autorités, en particulier d’Égypte, où le régime était aux abois.
Ce « cafouillage », il y a dix-neuf ans, a marqué une défaite significative et grave du Saint-Siège dans le domaine de l’information sur Internet. Cependant, la haute hiérarchie catholique n’a pas su tirer les bonnes conclusions nécessaires de cette affaire, car des années plus tard il y a eu un autre incident médiatique grave dans l’utilisation d’Internet.
Les élucubrations de Mgr Williamson
La deuxième étape critique dans la relation entre les communications du Vatican et Internet a eu lieu en mars 2009, quand le pape Benoît XVI, dans un geste de réconciliation, a levé l’excommunication de quatre évêques membres de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, consacrée par l’évêque schismatique, Mgr Marcel Lefebvre.
Parmi eux, l’évêque britannique controversé Richard Williamson (décédé le 1er février à l’âge de 85 ans), qui avait été au centre d’une polémique à l’époque en raison d’une interview (avec une chaîne suédoise) circulant sur le web dans laquelle il affirmait qu’il n’y avait aucune preuve historique de l’existence des chambres à gaz et que les Juifs tués par les nazis n’étaient pas six millions, mais tout au plus deux à trois cent mille.
Le Pape Ratzinger n’était effectivement pas au courant des déclarations de l’évêque Williamson et ne pouvait donc absolument pas imaginer qu’au moment où il s’apprêtait à lever ces excommunications, les propos de Williamson étaient relancés sur Internet. En clair, le Saint-Siège ignorait tout des informations qui circulaient sur le web, ou plutôt, il n’avait pas encore pris conscience de ce qui se passait dans ce nouveau monde numérique.
Ainsi, le pape Ratzinger, dit la vérité quand, après les critiques qu’il a reçues, il écrit
« une mésaventure imprévisible pour moi a été le fait que le cas Williamson s’est superposé à la levée de l’excommunication ».
Cependant, les images de l’interview de Williamson étaient bien entre les mains de certains hauts prélats du Vatican . Mais le Pontife n’avait pas été averti en raison de la lenteur et de la lourdeur des procédures qui ne tenaient pas compte – et qui tiennent encore souvent compte – de la communication par Internet, avec ses caractéristiques si uniques qu’elles ont révolutionné ce que le Concile œcuménique Vatican II a appelé les « moyens de communication ».
L’excommunication des quatre évêques a été levée le 21 janvier 2009 et le Bureau de presse, avec une Note a fait circuler, la nouvelle le 24 du mois. Pendant les trois jours qui se sont écoulés entre la signature et la publication, le Pape Ratzinger n’a pas été mis au courant. S’il l’avait été, toute l’opération aurait pu être suspendue dans l’attente d’une clarification.
Expliquant ce qui s’est passé, Benoît XVI a écrit dans sa lettre :
« On m’a dit qu’en suivant attentivement les nouvelles accessibles par Internet, il aurait été possible de se rendre compte du problème en temps utile. J’en tire la leçon qu’à l’avenir, au Saint-Siège, nous devrons prêter plus d’attention à cette source de nouvelles ».
Le pape Ratzinger et le courrier électronique. Le premier Tweet
Il est certain, comme on l’a déjà dit, que le pape Benoît XVI n’était pas familier avec les ordinateurs et leurs principaux programmes et applications. Pourtant, il s’y intéressait beaucoup, au point de l’utiliser plus souvent qu’on ne le pense, notamment pour lire de vieux livres difficiles à trouver en version papier ou pour se tenir au courant des publications universitaires récentes sur la théologie et la philosophie.
Nombre de ses anciens collègues professeurs d’université avaient l’habitude de fournir au souverain pontife des adresses URL pour accéder à leurs nouveaux textes. Il est vrai qu’il préférait utiliser la plume, mais à certains moments de la vie du pontife, le nombre d’échanges par mail avec d’anciens collègues et étudiants était assez élevé.
Benoît XVI reste cependant dans les mémoires comme le premier pape à avoir ouvert un compte de courrier électronique, à partir du 12 décembre 2012 (fête de Notre-Dame de Guadalupe et date de l’almanach : 12-12-12 à 12 heures). Ce jour-là, Ratzinger est entré en ligne avec 8 Tweets en différentes langues [@Pontifex].

« Chers amis, je suis heureux d’entrer en contact avec vous via Twitter. Je vous remercie pour votre réponse généreuse. Je vous bénis de tout cœur »
A ces huit comptes s’en est ajouté un neuvième quelque temps plus tard : celui en latin.
Au début, pendant une courte période, le Pape Ratzinger, par l’intermédiaire de ses collaborateurs, répondait à quelques questions (hashtag #askpontifex). Dans les jours qui ont suivi la publication du compte et le premier tweet, le hashtag #faiunadomandaalpapa a été pris d’assaut par des milliers d’utilisateurs avec des questions très variées, notamment sur la foi.
En réalité, le pape Benoît avait déjà lancé son tout premier tweet en 2011 à l’occasion de l’inauguration du portail « News.va » dans lequel étaient agrégés le Bureau de presse, le Bulletin (« bollettino »), Radio Vatican et le Centre de télévision du Vatican. Le pape Ratzinger avait tweeté en plusieurs langues :
« Chers amis, je viens de lancer http://www. news.va.
Loué soit Notre Seigneur Jésus-Christ.
Avec mes prières et ma bénédiction.Benedictus XVI ».
Il existe également quelques témoignages autorisés et documentés d’échanges de mails entre le pape Ratzinger et certaines personnes, et il est donc le premier pape à avoir utilisé ce vecteur.
Échange de mails avec Enea Capisani (Bolzano)
Un citoyen italien de Bolzano, Enea Capisani, appartenant à un groupe catholique traditionaliste, qui avait 22 ans en 2003, a rencontré le cardinal Ratzinger par hasard dans un café à Wigratzbad (Bavière, Allemagne). Capisani, membre du groupe « Una Voce Venetia », a pu donner au cardinal son adresse électronique personnelle après lui avoir parlé des activités de l’association de défense de la liturgie traditionnelle à laquelle il appartenait.
Capisani a raconté que le cardinal Ratzinger, très intéressé, lui a demandé de le tenir au courant et, avec gentillesse, lui a finalement communiqué son adresse mail personnelle. Le 19 avril, le cardinal a répondu à deux mails envoyés par Capisani. Par la suite, Capisani écrit un autre mail pour informer le désormais pape Benoît XVI de la célébration de deux messes selon l’ancien rite dans la région de Bolzano.
« Avec surprise et émotion », a raconté Capisani à Il Giornale, « le 25 mai, j’ai reçu la réponse, en allemand, signée par Benoît XVI »:
« Cher Enea, le Saint Père Benoît XVI a appris avec grande joie la nouvelle de la célébration des Saintes Messes dans l’ancien rite romain… et il envoie volontiers la bénédiction apostolique à tous ceux qui sont présents à la célébration ».
Benedikt XVI – Joseph Ratzinger’.
Échange de courriels avec Mansueto Bassi
La deuxième histoire concerne un Italien de Mantoue, Mansueto Bassi, qui, en juin 2013, en tant que conseiller national de l’association ‘Una Voce’, a écrit au pape Benoît XVI en utilisant la même adresse que celle utilisée par Capisani. Il a demandé au pape de clôturer les Journées mondiales de la jeunesse qui se tiendront à Cologne (Allemagne) par la récitation d’un « Pater, Ave, Gloria ».
La réponse du Pape Ratzinger – cette fois-ci écrite à la première personne – provenant de sa boîte aux lettres personnelle est arrivée le 28 juillet :
« Cher Signor Bassi,
c’est avec une grande joie que j’apprends la nouvelle de la célébration de la Sainte Messe en rite tridentin à Mantoue, le même rite que j’ai moi-même célébré à Wigratzbad, à Weimar….
.
Je vous félicite pour le succès de l’entreprise et vous souhaite encore de nombreuses années de célébration de cette messe à Mantoue.
.
Les jeunes à Cologne… C’est une très belle chose pour moi de voir des jeunes du monde entier venir à Cologne au mois d’août. Je me souviens de l’époque où les églises étaient encore pleines de jeunes, même si la Messe était célébrée en latin. Je prendrai en compte votre demande pour le Pater-Ave-Gloria à la fin des JMJ. Je ne sais pas s’il sera possible de le réciter en latin, mais nous verrons ce qu’il est possible de faire.
.
N’ayez pas peur ! Le monde doit aller de l’avant, surtout en cette période de terrorisme… n’ayez pas peur. Saint Thomas d’Aquin a écrit il y a 800 ans : « Quantum potes, tantum aude ». Courage, Mansueto ! Je vous le dis, je le répéterai aussi au monde, aux jeunes de Cologne, à tout le monde ! Je vous remercie pour vos prières et je vous promets de prier aussi pour vous.
.
Benoît XVI. Joseph Ratzinger ».
Le pape François et Internet
Dans le cas des rapports du pape François avec Internet, il n’y a pas beaucoup d’informations ou de détails qui permettent de se faire une vague idée sur la question. Des indiscrétions de deux anciens secrétaires personnels du pape Bergoglio, on peut déduire trois notes particulières : François s’intéressait beaucoup à ce qui circulait dans la presse web et lisait souvent des textes imprimés tirés des titres du web ; il utilisait rarement le courrier électronique personnellement, qu’il confiait en fait à ses assistants dans les cas nécessaires ; et si, dans les premiers temps, il lisait souvent des documents téléchargés sur son ordinateur, « il n’était pas très doué pour manipuler le clavier ».
Le thème « Internet, défis et opportunités », est très récurrent dans le magistère du Pape Bergoglio, en particulier dans ses 12 Messages à l’occasion des Journées mondiales des communications (2014- 2025).
Dans ces textes, on trouve de fréquentes mises en garde contre les fake news [ndt: un écho de son obsession contre les « ragots »!] et contre la désinformation, critiques dans lesquelles il n’épargne pas les adjectifs très durs. Au magazine belge « Tertio », le 7 décembre 2016, il a déclaré :
« La désinformation est probablement le plus grand dommage qu’un média puisse faire, parce qu’elle oriente l’opinion dans une direction, en laissant de côté l’autre partie de la vérité.
.
Et puis, je pense que les médias doivent être très clairs, très transparents, et ne pas tomber – sans vouloir offenser quiconque – dans la maladie de la coprophilie, qui consiste à toujours vouloir communiquer le scandale, communiquer les mauvaises choses, même s’il s’agit de la vérité. Et comme les gens ont une tendance à la coprophagie, beaucoup de dégâts peuvent être causés. Je dirais donc qu’il s’agit de quatre tentations. Mais ce sont des constructeurs d’opinion et ils peuvent construire, et faire un bien immense, immense ».